Doctorante en études visuelles, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en codirection avec l’Université Paris 8 – Vincennes-Saint-Denis, laboratoire d’Esthétique, sciences et technologies du cinéma et de l’audiovisuel.
Introduction
Code. From Information Theory to French Theory de Bernard Dyonisus Geoghegan est une enquête épistémologique sur deux des cadres philosophiques les plus influents du XXe siècle : la pensée cybernétique, en ce qu’elle a imprégné les technologies qui ont façonné le millénaire à venir, et la French theory, dont les lecteurs et lectrices comptent parmi les théoriciens et théoriciennes les plus importants des sciences humaines contemporaines. La question que pose le livre peut être résumée ainsi : des ponts épistémiques ont-ils existé entre ces deux constellations philosophiques nées des décombres de la Seconde Guerre mondiale et des angoisses existentielles de la Guerre froide ?
1. Antihumaines humanités
La fin du dernier épisode de la série étatsunienne Halt and Catch Fire1 contient une énigme. Cette série dont les trois saisons s’attachent à retracer la démocratisation de l’informatique entre 1983 et 1996, du point de vue de l’industrie du numérique en plein essor, installe son intrigue tantôt au sein d’entreprises texanes pionnières telles que Compaq ou Texas Instrument, tantôt au cœur de la Silicon Valley qui se peuple, à partir des années 1980, d’entrepreneurs apôtres de la cybernétique À la fin d’Halt and Catch Fire, l’un des personnages centraux, Joe MacMillan, vendeur ingénieux et visionnaire charismatique, après avoir activement participé à la révolution numérique californienne, finit par se retirer des affaires. La dernière séquence le montre, quittant un amphithéâtre – est-ce Berkeley ou UCLA ? – avant de pénétrer dans un bureau boisé et d’en refermer la porte sur laquelle une plaque dorée indique « Joe MacMillan, Humanities ». De notre point de vue continental, les humanités renvoient à un imaginaire des savoirs littéraires, éventuellement des arts libéraux, dont la littérature, l’histoire et la philosophie seraient les disciplines reines. Autrement dit, un champ dont l’industrieux Joe MacMillan semble bien éloigné – pourquoi n’est-il pas devenu plutôt professeur d’informatique ou de management ?
Le premier chapitre de Code répond directement aux spectateurs et spectatrices dubitatives en proposant une étude matérialiste de l’apparition des sciences humaines aux États-Unis, dans le sillage de la cybernétique. En enquêtant sur les sources philanthropiques de la naissance des sciences humaines, l’auteur entend faire la démonstration du rôle joué par les fondations adossées au monde des affaires étatsunien dans la volonté de rapprocher les humanités et les sciences sociales afin de promouvoir des disciplines telles que la communication, la criminologie, l’eugénisme ou l’ethnographie. Pour l’auteur, il s’agit d’ancrer la théorie de l’information et la French theory « down to earth2 », de l’enraciner dans les contextes socio-culturels qui les ont vues apparaître, c’est-à-dire la rencontre entre l’armée (on le sait depuis Virilio3) et l’entreprise dans un laboratoire universitaire. Ce programme méthodologique, particulièrement prometteur, permet de dépasser l’interprétation téléologique des visées politiques des deux courants philosophiques parfois trop négligemment mobilisés. Les deux théories trouveraient leur origine dans un traumatisme fondateur, celui de l’extermination nazie et de la bombe étatsunienne, déterminant les chercheurs et chercheuses des deux rives à vouloir rationaliser, « technocratiser » la société pour en éliminer les facteurs pouvant conduire à la catastrophe. Bien entendu, la sidération qui traverse la pensée de l’après-guerre et, a fortiori, les survivants et survivantes de crimes contre l’humanité, ne saurait être exclue de l’enquête historique. Pour autant, comme le montre Bernard Geoghegan, une histoire de la cybernétique étatsunienne montre clairement l’influence des magnats de l’industrie — la fondation Rockefeller en tête — sur les jeunes laboratoires de sciences humaines.
Celles-ci, dédiées à l’étude de l’être humain, ainsi que leur nom l’indique très littéralement, s’écartent sensiblement de l’humanisme classique européen au profit de savoirs instrumentaux, « instrumentalities for attainment rather than body of knowledge4 » préconise le Social Science Research Council, fondé en 1923. Leur vocation est explicitement technocratique, au sens strict du terme : produire un gouvernement des populations par la technique au sein duquel l’individu est perçu par les yeux du modèle informatique. Qu’il soit producteur d’entropie informationnelle chez Shannon ou agent économique de la théorie des jeux, il s’agit d’en élucider le code afin de prédire, de réduire la part d’incertitude comportementale de chaque être humain.
Une telle conception des sciences humaines, outre la rupture qu’elle marque avec l’humanisme français, paraît, a priori, entrer en contradiction avec les critiques formulées par Gilles Deleuze dans Postscriptum sur les sociétés de contrôle par exemple, ou Michel Foucault sur les dispositifs disciplinaires tout au long de son œuvre. La grande qualité de Code est sans doute d’éclairer cette traversée de l’Atlantique par la pensée cybernétique et son influence sur ce que nous pourrions appeler la première génération de la French theory — Levi Strauss, Lacan et Barthes principalement, la seconde génération, à savoir, Deleuze, Guattari, Foucault, étant plutôt absente de l’ouvrage. Peut-être y aurait-il là matière à discussion ou à prolonger ce livre par un second qui étudierait les récupérations, en retour, du rhizome deleuzien par l’idéologie de la Silicon Valley — durement critiquée Andrew Culp dans un essai récemment traduit en français, Dark Deleuze, s'attachant à rendre à la pensée du philosophe sa portée subversive5. Il n’en demeure pas moins que la délimitation du corpus d’auteurs français ou en tout cas l’appellation « French theory » mériteraient un moment définitoire — même s’il est clair que le titre s’adresse principalement à un lectorat anglophone, d’où, sans doute, sa tendance unificatrice.
2. Inception culturelle
Certaines pages de Code ne sont pas pour flatter l’historiographie française d’une résistance nationale aux accords du GATT et autres quotas concernant l’importation de biens culturels étatsuniens. Le lectorat français découvrira dans le livre de Geoghegan les tractations entre chercheurs et mécènes d’outre-Atlantique dans le but d’obtenir des financements pour leurs laboratoires ou leurs terrains, la fondation Rockefeller en tête, qui entend poursuivre en Europe son plan de diffusion des nouvelles sciences humaines. Ce programme de politique des sciences prend la forme, dès 1929, d’un appel à projet auquel Marcel Mauss lui-même soumit une candidature, voyant dans cette bourse américaine l’opportunité de bâtir un laboratoire des sciences sociales unifiées à l’EPHE6. Contre toute attente, le dossier de Mauss est écarté au prétexte que son projet confine trop à l’abstraction philosophique, fort éloignée des humanities propres à « manipuler et réformer les éléments individuels d’une société7 ». Sans doute l’anthropologue français évoquait-il trop leur John Dewey national et la philosophie pragmatiste aux technocrates étatsuniens pour qu’il leur soit possible de voir en lui l’adéquat promoteur de leurs idées sur le sol français8. Pourtant, comme s’en amusa un jour Pierre Bourdieu :
« Et il est remarquable que quelques pages plus loin, dans le même tome, Mauss fasse un grand éloge de Dewey, le philosophe américain, qu’il est de bon ton en France de mépriser (dans ma jeunesse, il suffisait de prononcer le nom de Dewey pour être jeté aux enfers de la philosophie, mais comme il va revenir prochainement à la mode aux États-Unis, le chic du chic sera d’être deweyien si on peut dire). "Du côté des moralistes et des philosophes, il est certain que le professeur Dewey est celui qui se rapproche le plus des sociologues"9. »
Ce tropisme étatsunien ne sauvera pas la candidature du continental, jugé trop attaché aux principes républicains français et, partant, à une forme d’étatisme peu compatible avec l’initiative privée et ce que Geoghegan nomme le « pragmatisme calculé [calculated pragmatism]10 » de la fondation. Davantage que des penseurs capables de « voir comme un État11 », les tenants de la technocracy sont en quête d’acteurs à même de voir comme des ingénieurs.
Le voyage d’une rive à l’autre de l’Atlantique s’accomplit finalement à bord de la pensée structuraliste, par l’entremise du linguiste Roman Jakobson et de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, exilés aux États-Unis pendant la guerre – le second assistant aux séminaires du premier. Selon l’auteur, cette période revêt une importance décisive dans le processus d’acculturation de ces chercheurs aux méthodes de collecte de données à partir des comportements humains, inaugurées par Margaret Mead ou Gregory Bateson au sein du groupe de Palo Alto. Imprégnés de la pensée de Saussure et de « l’appareil vocal humain » et fascinés par le pouvoir de discrétisation du langage et des comportements offerts par les média techniques — notamment acoustiques et même radiographiques.
3. L’esprit dans les sciences de l’esprit
Geoghegan fait ainsi de Lévi-Strauss le héraut de la cybernétique appliquée aux sciences sociales en France, bien que l’approche lévi-straussienne, colorée par ses lectures marxiennes, diffère de la ferveur anti-communiste de Jakobson et lui confère une dimension plus critique des structures sociales. Dans La science est un jeu. La théorie des jeux dans la France des années 195012, paru en 2023, Tarik Tazdaït accorde toutefois une place plus importante à l’influence du mathématicien Georges-Théodule Guilbaud dans le « passage de témoin » théorique qui aurait existé entre ses travaux et ceux de Lévi-Strauss et Lacan. Une absence pourra également étonner les historiennes et historiens : celle de références aux cybernéticiens français présents, à la même période, dans le champ des sciences exactes et expérimentales, ainsi que toutes les expérimentations menées autour de la modélisation des sciences humaines et sociales dont l’histoire est retracée en 2018 par Ronan Le Roux dans Une histoire de la cybernétique en France (1948-1975)13. Sous la plume de Geoghegan, la figure de Lévi-Strauss— ainsi que son épouse, Dina Dreyfus, dont l’évocation est fort rare en France — devient celle d’un acteur-réseau au cœur des dynamiques de modernisation techniques, scientifiques et politiques alors à l’œuvre en France.
Quoiqu’il en soit, l’hypothèse analytique, soutenue par l’étude historique des réseaux scientifiques transatlantiques, invitant à comprendre des œuvres telles que celles de Jacques Lacan ou Roland Barthes en termes de code et de décodage symboliques, paraît particulièrement féconde. Cette lecture jette une lumière nouvelle sur les résistances rencontrées par les poststructuralistes au sein d’autres écoles théoriques et les raisons pour lesquelles celles-ci s’exprimaient parfois en termes que nous pouvons anachroniquement qualifier de technocritiques voire technophobes. Ainsi, Henri Lefebvre, dans son essai de 1958, Marxisme et théorie de l’information accuse les approches structurales de naturaliser et essentialiser des techniques pourtant nées de situations socio-historiques contingentes — comprendre, étatsuniennes et militaires, des critiques qui referont surface dans les textes issus de la théorie des médias, tels que ceux de Paul Virilio14. Les philosophes essentialistes voient dans ces sciences humaines venues de l’autre côté de l’Atlantique une menace pour la philosophie et dans l’appareillage de la pensée par la technique, une menace pour la pensée elle-même. Avec Code, ces querelles de chapelles prennent une dimension nouvelle, davantage politique (voire campiste, si l’on considère le contexte de la guerre froide), dans une France non-alignée.
Demeure le risque de rabattre la pensée de la French theory (si tant est qu’une telle pensée unifiée existe) sur une approche purement structuraliste et celle-ci sur un alignement avec la cybernétique étatsunienne. Le sentiment de ligne continue qui peut se dégager de l’ouvrage pour un lecteur ou une lectrice française s’explique-t-il par des enjeux de traduction et de circulation des textes ? Geoghegan identifie dans l’utopie cybernétique du savoir le désir de « surmonter la philologie15 » — d’aucuns diraient une volonté d’extraire l’esprit des sciences de l’esprit ou l’homme des sciences humaines16 – embrassé par Jakobson et, au-delà, par des penseurs critiques des errances colonialistes et génocidaires de leurs disciplines :
« Lacan and other cybernetic theorists embraced dynamic networks, data points, and communicative exchange not simply as an ideology of scientism but also as a means of salvation. They turned the dusty philological dictionaries and atiquated ethnographic museum of their predecessors into multimedia archives for cultural simulation17. »
Si le désir de cette troisième voie entre humanités classiques et critique marxiste paraît historiquement fondée, peut-on pour autant penser qu’elle soit le fondement principal de la French theory ? Dans un pays et une époque où la formation des intellectuels était à ce point marquée par des rites de passage aussi prégnants que les concours, le patrimoine intellectuel, l’apprentissage des classiques et la rue d’Ulm18, il est permis d’en douter. Et il ne suffit pas de faire disparaître le visage de l’humanisme dans le sable à la fin d’un livre19 pour que toutes ces structures soient balayées avec lui.
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Cantwell, Christopher & Rogers, Christopher C., Halt and Catch Fire, AMC, 2014-2017. ↩
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Geoghegan, Bernard Dionysius, Code: From Information Theory to French Theory, Durham, NC, coll. Sign, Storage, Transmission, Duke University Press, 2023, p. 4. ↩
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Virilio, Paul, La Machine de vision, Paris, coll. Collection L’Espace critique , Galilée, 1988. ↩
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Virilio, Paul, La Machine de vision, op. cit., p. 26 : « des instruments de production plutôt que des corpus de connaissances [nous assumons la traduction marxisante]. » ↩
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Culp, Andrew, Dark Deleuze, (2016) ; rééd. Paris, Éditions Divergences, traduit par Philippe Blouin, 2020. ↩
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École Pratique des Hautes Études. ↩
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Geoghegan, Bernard Dionysius, Code..., op. cit., p. 113. ↩
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Ibidem. ↩
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Voir Bourdieu, Pierre, « Séance d’ouverture », colloque sur « L’héritage de Marcel Mauss », (titres en italiques) Paris, Collège de France, 15 mai 1997 reproduite sous le titre « Marcel Mauss, aujourd’hui », Sociologie et société, Présence de Marcel Mauss, vol. 36, n° 2, automne 2004, p. 15-22. Le passage concerne Marcel Mauss à propos d’une communication de John Dewey : « Trois facteurs indépendants en matière de morale », (1930), Œuvres, vol. 3, Paris, Éditions de Minuit, 1969, p. 500. ↩
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Geoghegan, Bernard Dionysius, Code..., op. cit., p. 113. ↩
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Scott, James C., L’Œil de l’État : moderniser, uniformiser, détruire, (Seeing Like a State, 1998), Paris, La Découverte, traduit par Olivier Ruchet, 2021. ↩
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Tazdaït, Tarik, La science est un jeu La théorie des jeux dans la France des années 1950, Paris, Classiques Garnier, coll. Bibliothèque de l'économiste, 2023. ↩
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Le Roux, Ronan, Une histoire de la cybernétique en France (1948-1975), Paris, Classiques Garnier, coll. Histoire des techniques, 2018. ↩
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Virilio, Paul, Guerre et cinéma, 1 : Logistique de la perception, Paris, Éditions de l’Étoile, coll. Collection Essais, 1984. ↩
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Geoghegan, Bernard Dionysius, Code..., op. cit., p. 173. ↩
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Kittler, Friedrich, « Exorciser l’homme des sciences humaines : programmes du poststructuralisme [Austreibung des Geistes aus den Geisteswissenschaften, littéralement, exorciser l'esprit des sciences de l'esprit] », traduit par Slaven Waelti, Appareil, n° 19, 2017, https://journals.openedition.org/appareil/2522. r ↩
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Geoghegan, Bernard Dionysius, Code..., op. cit., p. 176 : « Lacan et d’autres théoriciens cybernétiques ont embrassé les réseaux dynamiques, les nuages de points, et les échanges communicationnels pas seulement par scientisme idéologique mais aussi comme planches de salut. Ils ont changé les dictionnaires philologiques poussiéreux et les musées ethnographiques archaïques de leurs prédécesseurs en archives multimédia pour simulation culturelle. » ↩
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Où se situe l’École Normale Supérieure au sein de laquelle la grande majorité les penseurs de l’époque recevaient une formation théorique classique en humanités. ↩
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Foucault, Miche, Les Mots et les choses, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 1966, p. 398 : « L’homme est une invention dont l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine. Si ces dispositions venaient à disparaître comme elles sont apparues, si par quelque événement dont nous pouvons tout au plus pressentir la possibilité, mais dont nous ne connaissons pour l’instant encore ni la forme ni la promesse, elles basculaient comme le fit au tournant du XVIIIe siècle le sol de la pensée classique, – alors on peut bien parier que l’homme s’effacerait, comme à la limite de la mer un visage de sable. » ↩