Cet entretien a été réalisé à l’écrit. Tess Villien est artiste indépendante, membre d’un collectif de femmes émergentes.
1. Formation et situation professionnelle
Klara Kuchcakova1 : Bonjour, Tess Villien. Je vous remercie de m’accorder de votre temps pour réaliser notre enquête sur le design et ses pratiques. Notre entretien, qui va porter sur le design et les communs, comporte quatre volets.
Pourriez-vous tout d’abord nous dire quelques mots sur votre formation et le type de structure (université, école, entreprise…) dans laquelle vous travaillez actuellement?
Tess Villien : Je suis diplômée d’un master édition multimédia à l’école Émile Cohl située à Lyon. J’ai choisi cette formation pour me spécialiser dans la peinture, l’illustration et la bande dessinée. Depuis, j’ai créé un statut d’artiste auteur afin de travailler sur des travaux de commandes en tant qu’artiste indépendante. Je fais également partie d’un collectif de femmes artistes émergentes. Les « Nanas » (@nanaexpo ) est un collectif d’artistes qui mêle peinture, mode, bijoux, fleurs et musique.
2. Rencontre avec les communs
K.K : Notre présente enquête porte sur les communs et le design. Pour le design, les communs semblent surtout impliquer le partage de connaissances informatiques ou numériques — dans le cas de l’open design — et le partage de connaissances pratiques — dans le cas du design écosocial, par exemple. À quelle occasion vous êtes-vous intéressée à cette question des communs ? De quel type de commun s’agissait-il ?
T.V : Ce que je trouve intéressant sur la question des communs c’est l’idée de partage. Faisant partie d’un collectif d’artistes, ce que j’apprécie le plus c’est la diversité que chacune des artistes peut apporter au collectif ainsi que de nombreux points de vue et avis sur lesquels nous échangeons pour le bien-être et l’évolution de notre collectif.
3. Origine des communs
K.K : L’élaboration d’un commun implique toujours un collectif et un partage de compétences et de savoir-faire, d’où notre idée que, à l’origine des communs, il y a un besoin insatisfait, voire une souffrance. Qu’est-ce qui, à votre avis, préside à l’avènement de communs en design ?
T.V : L’élément clé selon moi est la discussion. Mais avant cela il faut bien sûr une rencontre. La rencontre entre différents artistes qui par la suite font le choix de créer un commun ensemble est une rencontre augmentée. Quand des artistes se rencontrent et échangent sur leurs désirs au sein d’un commun, les idées fusent. Il faut laisser la place à chacun de s’exprimer et de créer pour qu’un collectif fonctionne.
4. Commun et tiers-lieu de recherche
Les précédentes décennies ont vu fleurir des hackerspaces, puis des mackerspaces — sous forme de FabLabs, par exemple. Dans le cadre de notre enquête, imaginons un commun qui réunirait designers, chercheurs et usagers au sein d’un tiers-lieu dédié à la recherche pratique et théorique en design. S’il existait, participeriez-vous à ce type de commun ?
T.V : Je pense que oui. Ce qui est très intéressant dans les communs c’est les différents points de vue de chacun qui influencent le travail de tous les membres. L’idée d’avoir un commun d’artistes, chercheurs et usagers me semble très intéressante au niveau de la dynamique de création.
5. Conclusion
Y a-t-il un point sur lequel vous souhaitez revenir ? Un autre que vous souhaitez aborder ?
T.V : A mon avis, il faut favoriser le travail d’équipe, car être accompagné dans un processus créatif tout en gardant une liberté de création peut mener à un travail plus complet et épanouissant.
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Klara Kuchkakova est étudiante en master 2 « Design, Arts, Médias », à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, promotion 2024-2025. ↩