Entretien avec XXXX
Iona Taaffe

L’entretien qui suit a été réalisé le 10 décembre 2023. XXXX est designer textile travaillant en entreprise. XXXX a accepté de répondre à nos questions sur le design et ses pratiques, mais souhaite rester anonyme.

1. Travail et reconnaissance

Iona Taaffe1 : Bonjour XXXX. Je te remercie de m’accorder de ton temps pour réaliser notre enquête sur le design et ses pratiques. Notre entretien comporte trois volets. Un premier volet concerne le travail de designer et la reconnaissance qui peut lui être attachée. Pourrais-tu tout d’abord nous dire quelques mots sur le type de structure (université, école, entreprise…) dans laquelle tu travailles actuellement ? Quelle y est ta fonction et dans quelles conditions l’exerces-tu ?

XXXX : Oui. Bien sûr, actuellement je suis salariée d’une petite entreprise. On est 6 personnes dont 3 en CDI, 4 en comptant mon patron. On est spécialisés dans le textile d’Alpaga pour tout ce qui est ameublement. On fait des plaids et des écharpes pour avoir des produits finis mais le gros c’est vraiment les tissus et les tapis. On est du haut de gamme. On vend surtout à des designers qui vont, eux, mettre nos tissus dans des projets. On connaît presque jamais le client final. Par exemple, les personnes ont un chalet, elles vont faire appel à un designer. Il va réaliser le projet, par exemple elle veut des canapés donc il lui faut 30 mètres de ce tissu. Elle veut 2 plaids comme si, 2 plaids comme ça, elle voudra peut-être des tapis. C’est du sur-mesure. Le fait de pas connaître le client, sur un côté de design c’est assez bizarre. Tu te demandes si la personne va aimer, tu ne connais pas son univers. Le service marketing va dire les idées que les commanditaires leur ont transcrit mais comme c’est une petite structure on n’a pas de CMR2. Donc, je sais plus ou moins quel tissu on vend le plus mais si on met toutes les collections les unes à la suite des autres, je suis incapable de dire si on vend plus de nude, de blanc, de chocolat. On n’a pas de recul. Là on sait que l’univers de marque va se développer vers quelque chose de plus naturel, mais avec l’alpaga il n’y a que 24 couleurs naturelles. Comme on est en sur-mesure mais aussi en 100% naturel y’a des choses qu’on ne peut pas faire. Dans cette entreprise je suis designer textile sur le papier, mais en réalité c’est une petite structure donc je suis un peu multifonctions. Il faut aussi savoir travailler sur la communication, sur l’achat, le suivi de production avec les ateliers par exemple sur les fiches techniques car ils ne savent pas forcément exactement les réaliser. Faut savoir communiquer avec eux pour savoir comment on peut adapter cela.  Il y a aussi une partie envoi, car comme c’est une petite structure il faut pouvoir suivre à peu près ce que font les clients en temps et en heure avec les échantillons pour savoir ce qu’ils veulent. On est basés au sein de la maison de mon patron dans un atelier open space donc tout ce qui est bureau et atelier sont au même endroit. 

I.T : Dans une précédente enquête, plusieurs designers on fait état d’une insatisfaction par rapport à leur travail. Ils disaient se sentir empêchés d’accomplir correctement les missions — les projets — qui leur étaient confiés : par exemple, de ne pas avoir le temps nécessaire pour entamer un véritable dialogue avec leur client. Confirmes-tu ce sentiment d’empêchement ? Aurais-tu des exemples de situations qui l’illustrent ?

XXXX : Alors oui, enfin dans mon cas je ne dirais pas que c’est un échange avec le client, puisqu’on ne le connaît que rarement mais, de manière générale, de ne pas avoir de retour des clients ou des designers sur ce qui peut plaire c’est compliqué. Surtout sur le plan créatif parce qu’on ne sait pas forcément si le client va vouloir quelque chose de je ne sais pas symétrique, ou justement s’il aime quelque chose des formes complètement abstraites. Quand on va créer un tapis, c’est plutôt sur la tendance générale et ce n’est pas forcément ce qu’on va vendre. Si un client veut un tapis, il va souvent venir avec un design précis ou quelques modifications. Là c’est un échange avec le designer pour après avoir une réalisation de notre côté avec nos ateliers. Mais si on va faire un tapis, c’est vraiment une tendance générale et la plupart du temps ce n’est pas ce qui va se vendre en premier parce que ce n’est pas ciblé. Et comme je te disais tout à l’heure, il y a aussi le filtre que comme c’est une petite entreprise ce sont les idées de mon patron et on peut rarement dire à son patron : non, c’est nul je ferais plutôt comme ça. Il faut essayer de faire un mix entre ce qu’il pense et ce que tu penses sans le froisser. Mais ce n’est pas un œil de design, il a un œil commercial donc ce n’est pas forcément ce qui va me plaire personnellement ou ce que j’ai envie de faire et ce qui peut être bien pour le futur. Il y a aussi un gros problème de délais et les délais étant tout le temps extrêmement courts on ne peut pas être créatif sur quelque chose de très très court avec une pression qui est constante. Sachant que, je le redis, c’est une petite entreprise donc on ne fait pas que ça à la journée. Ça doit représenter je pense 20% de ma journée. Il faut réfléchir à un tapis ou un design que l’on peut faire et en même temps faire un envoi et superviser l’alternante en communication pour qu’elle arrive à faire le catalogue à temps. Et en fait, on n’est pas focalisé sur ce qui se fait actuellement, et il y a pas non plus une vraie veille. Je vais aller à Paris une fois par an pour un salon. La vielle concurrentielle, elle se fait souvent par Instagram ou pas leur site web, mais c’est vraiment différent que quand tu vois les produits en vrai. 

I.T : La production se fait aussi à l’étranger et du coup comment ça influence sur tes deadlines déjà courtes?

XXXX : Oui, il y a ça et il faut rajouter le fait qu’on va travailler avec des Indiens en ce moment parce qu’on va faire un tapis que les péruviens, qui sont nos fournisseurs habituels, ne savent pas faire. On a dû développer ailleurs mais travailler avec un péruvien et travailler avec indien c’est complètement différent sur le plan des explications. Les ateliers péruviens on a l'habitude, donc on ne leur détaille forcément pas toutes les fiches techniques et ils vont réussir à voir ce qu’on veut dire pour l’adapter à leurs techniques. Tu prévois un échantillon de 15 par 15, et tu ne sais pas ce qui se passe dans leur tête et tu ne reçois pas ça. On te dit « bah oui, là bah c’est ainsi » et « c’est un échantillon c’est normal ce ne soit pas parfait ». Sauf que moi j’ai commandé l’échantillon et j’ai payé pour et le client veut un échantillon parfait. Le principal problème c’est le temps, le fait de faire beaucoup de choses sans avoir une vision de vente concrète mais plutôt : « qu'est-ce qui va marcher pour que les gens viennent nous voir ? ». On est tout le temps dans l’urgence de travail. On n’a pas le temps de se poser pour dire : « Ah, ok, untel il a sorti ça à ce moment-là. Effectivement c’est une bonne idée. Pourquoi il a fait ça ? Qu'est-ce qu’il a voulu chercher à dire ? ». C’est plus mon patron qui va me dire : « Ah oui lui, il a fait ça, on va faire pareil. » Non, l’idée n’est pas de copier ce que font les autres. 

I.T : Est-ce que des fois tu as l'impression de travailler pour rien ?  

XXXX : Carrément oui, enfin je pense en tout cas dans ce genre d’entreprise, tu travailles un peu forcément pour rien à plusieurs moments parce que ça reste du sur-mesure pour les clients. Tu dois faire plusieurs propositions qui ne sont pas abouties, ou au dernier moment le client te dise qu’il ne peut pas payer, ce qui nous est arrivé plusieurs fois. Après, quand il y a un problème en interne, je pense que c’est un problème de communication dans les entreprises. C’est beaucoup plus gênant parce que c’est direct. C’est le risque du métier. 

I.T : Les conditions de travail influent beaucoup sur la manière dont la profession de designer est vécue. Dans ton cas, dirais-tu que la coopération avec tes collègues ou partenaires de travail est satisfaisante ? Te sens-tu reconnue dans tes capacités propres ou, à l’inverse, souffres-tu d’indifférence, voire de mépris ? Pourrais-tu décrire des situations correspondant à ce que tu éprouves ?

XXXX : Ça dépend dans quelle branche. Vu qu’a l’origine j’étais la seule employée, je suis un peu passée par tous les postes et donc le poste que j’ai là ça a été plus ou moins de la débrouille, de l'apprentissage au moment où j’y étais. J’avais jamais fait d’import-export, de l’achat international. J’ai appris sur le tas la communication, j’en avais peu vu pendant mes études. Maintenant quand les alternants ou alternantes arrivent et que je dois leur déléguer la partie que je faisais avant ça se fait en douceur. Donc là l’entente est plutôt bonne. Malheureusement c’est beaucoup plus compliqué sur la partie design. À chaque poste on est tout seule, on n’a pas de collaborateurs dans la même branche que nous et le design pour une boîte de design ça reste l’activité principale. Mon patron me donne toutes les clés, me dit qu’il me fait confiance, mais il a quand même son idée personnelle dans sa tête et le problème si on ne la suit pas ça marche pas. Là, l’entente est beaucoup plus problématique. 

I.T : Cela impacte ton travail cette relation avec ton patron ? 

XXXX : Oui complètement, c’est important de préciser que manager égal patron et c’est là qu’il y a un problème. On est 5 personnes dans 5 catégories différentes ; import-export, communication, échantillon, design. Ça t’oblige à devoir avoir une vision globale sur chaque entité. C’est là qu’on ne peut pas faire parfait et pouvoir se diviser en 5 dans la même journée. On est arrivés à un point où c’est mon patron qui propose des designs et j’ai pas vraiment mon mot à dire sur ce qui va sortir. Ça va mieux maintenant mais avant le côté design devait représenter 20% de mon travail. Maintenant je pense que c’est 50% de tout ce que je peux faire en une journée. 

2. Éthique et horizon politique

I.T : Le second volet de notre entretien porte plutôt sur des questions d’ordre éthique et sur le sens politique du métier de designer. As-tu l’impression que le milieu du design est dépourvu d’éthique ? Qu’il est peu soucieux de ce qu’il produit, de pour qui les projets sont faits, de comment ces derniers sont conçus puis réalisés, etc. Ou as-tu plutôt le sentiment que la profession suit une sorte de déontologie, même si cette dernière n’est pas toujours clairement énoncée ?

XXXX : Chaque domaine de design est très différent et là, moi, je parle plus du côté textile et alors déjà le textile a un impact assez important sur l'environnement et tous les enjeux éthiques qu’il peut avoir. La conscientisation de tout ça grandit. Mais ça engendre quelque chose de nouveau. Par exemple, on va vendre des produits naturels mais en fait on a personnes sur place au Perou donc on n’a pas de suivi de production sur l’eau, la teinture. On les connaît, mais est-ce qu’à un moment ils peuvent nous mettre une autre teinture ? Nous, on vend des produits qui se disent 100% naturels et écologiques et, en vrai, on n’en est pas sûrs. Donc sur les salons quand on dit ça des fois je me sens un peu menteuse parce que je ne sais pas si c’est vraiment vrai. 

I.T : Vous n’avez pas les labels ?

XXXX : On a les labels mais tu n’es pas sur place, tu ne peux pas avoir une traçabilité. Ça fait 3 ans que mon patron n’y est pas allé. On vend de la fourrure. À la saison des pluies au Pérou, il y a beaucoup d’animaux qui meurent naturellement et c’est à ce moment-là qu’on récupère la fourrure. Donc les animaux sont morts de conditions naturelles. Dans le principe on n’a pas de traçabilité qui nous dit que, je ne sais pas, au mois de novembre on a besoin d’un tapis et en fait ils ont tué un animal parce qu’on avait besoin d’un petit bout, et qu’ils en avaient plus. Ça reste leur gagne-pain. Il y a un côté oui, tout va bien, il y a un super contrôle, pas de problème : mais sur place on n’y est pas. Tu te rends compte que même dans une entreprise éthique c’est même pas sûr en fait. Pour faire vivre une entreprise, on va tout faire pour faire vivre une entreprise. C’est peut-être mon point de vue personnel parce que j’aime que les choses soient claires sur ce que je vends. Je me sens mal lors de salon quand on me dit : « êtes-vous sûre que les animaux ne sont pas morts pour leur fourrure ? » J’ose espérer mais on ne peut pas répondre ça.

I.T : As-tu personnellement vécu une situation de projet ou autre qui t’a posé un « cas de conscience » ? As-tu recueilli des témoignages de collègues ou partenaires de travail ayant vécu ce type de difficulté morale au travail ?

XXXX : Je pense les deux questions sont liées. Tu sors un problème éthique, ici ça serait de dire qu’on n’a pas une vraie traçabilité sur tout sachant qu’on vend une traçabilité et mon cas de conscience c’est de me dire comment je vis cette situation quand je dois être confrontée à quelqu'un qui me pose la question. Et je ne le vis pas très bien sachant que si un vrai projet était lié et qu’on apprend qu’on travaille avec des produits non éthiques qu’on a dit éthiques avec des animaux morts qui ne sont pas morts naturellement ça pose des problèmes et je prie pour que ce projet n’aboutisse pas et que je n’aie pas besoin d’aller le vendre. En vrai, je trouve on parle souvent des grosses sociétés par exemple le travail de ouïghours ou des sociétés qui déversent les eaux dans des endroits en Inde où les gens vont se baigner etc., et pour les petites sociétés il y a un contrôle qui est plus approfondi, mais c’est la personne qui travaille à sa propre échelle, qui va vendre localement qui est éthique. Du moment où tu commences à travailler dans un autre pays et que tu ne peux pas être sur place, je pense c’est à partir de ce moment-là que ça crée des problèmes. 

I.T : L’histoire du XXe siècle nous apprend que des designers ont pu se mettre au service de régimes totalitaires. Pense-tu que la profession a gardé mémoire ou a l’intuition de cette compromission ? Dans une perspective plus contemporaine, les designers te paraissent-ils préoccupés par des questions sociales et politiques ? Par des manières plus justes d’organiser la vie de nos sociétés (ZAD, ou autres), la distribution du travail et des produits du travail (coopératives…), l’accession à l’éducation ou à la santé, pour ne prendre que quelques exemples, et à la façon dont le design peut jouer un rôle ?

XXXX : Je pense qu’aux origines le design était lié à faire passer un message fort mais en tout cas maintenant, dans mon métier en tant que designer textile, je me rends compte que le mot design est différent. Il a différentes définitions et qu’effectivement tu as le designer qui va prôner un message et tu as le designer en général qui est maintenant plus lié à la beauté. On ne va pas faire passer un message dans un tapis, ce qu’on veut c’est qu’il corresponde à un univers, qu'il s’adapte aux volontés du client.

I.T : Pour toi il y a deux catégories de designers ?

XXXX : Oui je pense en tant que proportion d’individus, les designers « à message », on va dire, sont minimes mais ce sont eux qui ont le dernier mot et ce sont eux dont on va entendre le plus parler qu’ils revendiquent quelque chose. Ils ont vraiment quelque chose à faire passer dans leurs œuvres et ça tombe un peu dans cette frontière floue entre art et design. Quand toi tu es en entreprise, et que ton métier de designer n’est pas lié à ces questions, elles disparaissent. Elles ne se posent pas. Certaines fois, je dirais pas haut et fort que je suis designer parce que, pour moi, un designer c’est quelqu’un qui a vraiment à revendiquer quelque chose. Peut-être c’est de la jugeote.

I.T: Pour toi est-ce que le design peut vraiment améliorer nos sociétés ? 

XXXX : Non, en vue de ce qu’on dit, le design n’amènera pas une amélioration, c’est plutôt une personne, une entité qui va revendiquer quelque chose qui est partie du design. Tu as le nom, tu es designer, mais tu as aussi ta culture personnelle et tes convictions et je pense que ça vient surtout de ça et pas du statut de designer. Quand tu es une designer qui travaille en entreprise et qu’elle n’est pas politisée, ton but numéro 1 c’est de répondre à un besoin. Tu vas plus choisir en fonction de la société pour qui tu veux travailler et puis à l’école on ne t’apprend pas que tu vas révolutionner le monde.

3. Science et design

I.T : Le troisième et dernier volet de notre enquête traite des connaissances relatives au design. Pourrais-tu nous expliquer quelle formation tu as suivie ? Dans une précédente enquête portant sur les formations, des designers assimilaient théorie du design et histoire. Est-ce aussi ton cas, ou as-tu d’autres exemples de théories concernant le design ou élaborées à partir du design ? 

XXXX : Oui, alors moi j’ai fait un Bachelor/BTS3 en design de mode à Lyon et ensuite une licence professionnelle conception, création et développement de produits textiles à Nîmes. J’ai fait des études très professionnalisantes, c’est vrai que même si l’histoire de la mode était présente, dans mes souvenirs je n’ai jamais fait de théorie du design ou même de l’histoire du design. C’était vraiment axé sur le design de mode ou sur tout ce qui est machine et modélisme. Je me souviens qu’on voyait énormément d’exemples plus liés à l’histoire, qu’on nous demandait de connaître par cœur mais on nous montrait jamais comment on les avait faits. Je suis très peu familiarisée avec les théories de design. Elle ne me manque pas vraiment lorsque je travaille, mais c’est vrai que je déplore un peu qu'on n’est pas plus insisté dessus pendant mon parcours. Je trouve qu’on nous a demandé beaucoup d’être des machines à exemple plus qu’autre chose. C’était beaucoup de par cœur et moins de réflexion pure et dure. Mais on apportait autant d’importance à la technique qu’à ce que je vais appeler histoire de la mode, philosophie etc. Je pense aussi que ça nous aurait été utile nous en tant que futurs designers pour mieux comprendre ce que l’on crée en classe. On cherchait nos propres théories pour expliquer nos projets. On nous demandait de défendre un projet sans vraiment savoir comment on défend un projet. Quand tu es dans le milieu du travail, tu te rends compte que les explications farfelues il y en a jamais. Notre imaginaire a été développé grâce aux projets qu’on a mené et je pense vraiment qu’à la fin c’est l’imaginaire qui nous sert, enfin en tout cas pour moi maintenant. 

I.T : Il semble que, parfois, le milieu du design se tient à distance du type d’entretien que nous menons ensemble, par exemple, c’est-à-dire d’une tentative pour connaître scientifiquement le design et ses pratiques. Penses-tu qu’il s’agisse de désintérêt, de rejet épidermique, de crainte ? Ou que ce soit là une vue faussée ?

XXXX : Quand tu es dans un projet, tu dois être le plus efficace possible. C’est ça qui va être important. Je dirais qu’il y a un double problème : nous, on ne sait pas si on pourrait mettre en application dans l’entreprise et en plus on a une demande d’une personne tierce qui ne connaît pas cette théorie. Donc quand elle demande un besoin ça fait trop d’informations et tu ne peux pas tout mettre en œuvre pour répondre à son besoin. 

I.T : Pour toi le designer il ne voit pas l’intérêt du scientifique ?

XXXX : Je pense qu’on ne voit pas trop d’intérêt et que ces théories qui sont tellement poussées on ne serait pas forcément en mesure de les comprendre en profondeur. Ça sert à rien de faire quelque chose à moitié. Le monde et la production de biens changent tellement rapidement que certaines théories sont encore d’actualité mais certaines parties ne résonnent plus. Les modes de vie changent trop. Il y a une vraie séparation, je trouve, entre le designer pratique et le designer, la personne, qui va penser le design. Je pense aussi qu’il y a un problème : les gens qui pensent le design ne travaillent pas assez avec les gens qui le pratiquent pour qu’ensuite ça soit vraiment quelque chose qui puisse nous servir et qui va nous intéresser parce que ça va nous concerner.

I.T : Tu penses que ça t’a manqué toi dans ton travail ?

XXXX : Je pense ça n’aurait rien changé parce qu’avant que tu m’en parles, je ne connaissais pas vraiment tout ça mais, par contre, maintenant je me dis plus par curiosité d'apprentissage que j’aimerais bien me pencher dessus et si justement je pourrais le mettre en application dans mon travail. Même si je pense que ça doit être compliqué, ça m’intrigue.

I.T : Merci XXXX pour le temps que tu m’as accordé.


  1. Iona Taaffe est étudiante en Master 2 « Design, Arts, Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2022-2023. 

  2. Gestion de la relation client (Customer Relationship Management). 

  3. Brevet de Technicien Supérieur.