Entretien avec Isidro Ferrer
Malena Martinez

Cet entretien a été réalisé le 15 décembre 2023. Isidro Ferrer est un designer graphique espagnol qui, indépendant, a son propre studio de design à Huesca, en Espagne, depuis 1996. Il fait de l’illustration, des affiches, du design éditorial, de packaging, de l’art, des animations, il publie des livres, organise des expositions, et il a fait aussi du théâtre. Il a reçu le prix national du design en 2002 et le prix national d’illustration en 2006, il est également membre de l’Alliance Graphique International depuis les années 2000. Il a accepté de participer à notre enquête sur le design et se pratiques.

1. Travail et reconnaissance

Malena Martinez1 : Bonjour, Isidro. Je vous remercie de m’accorder de votre temps pour réaliser notre enquête sur le design et ses pratiques. Notre premier volet concerne le travail de designer et la reconnaissance qui peut lui être attaché. Pourriez-vous tout d’abord nous dire quelques mots sur le type de structure dans laquelle vous travaillez actuellement ? Quelle y est votre fonction et dans quelles conditions l’exercez-vous ?

Isidro Ferrer : Mon panorama de travail est très ouvert et très flexible. Je suis autonome, j’ai mon studio. Je travaille de façon individuelle mais j’établis des réseaux de collaboration avec des producteurs et des artisans. Ainsi, mon travail se nourrit beaucoup de la collaboration avec des personnes des domaines qui peuvent m’aider à réaliser mes projets, vue que je travaille dans une petite ville, Huesca, qui est en dehors des circuits habituelles du marché du design. Ce n’est pas comme Barcelone, Valence ou Madrid où sont placés les grands studios de design. Je fais des projets prioritairement pour le secteur culturel car j’ai un fort lien avec le thêatre, mais mon panorama est très ouvert, je fais du packaging, du produit, des marques… Cette façon de travailler me plait beaucoup car elle est très diverse et très large, je n’ai aucune spécialisation spécifique.

M.M : Dans une précédente enquête, plusieurs designers ont fait état d’une insatisfaction par rapport à leur travail. Ils disaient se sentir empêchés d’accomplir correctement les missions — les projets — qui leur étaient confiés : par exemple, de ne pas avoir le temps nécessaire pour entamer un véritable dialogue avec leur client. Confirmez-vous ce sentiment d’empêchement ? Auriez-vous des exemples de situations qui l’illustrent ?

I.F : Moi, personnellement, je n’ai aucune insatisfaction ni avec le marché ni avec les clients mais je comprends cette insatisfaction généralisée. Disons que moi-même j’ai élaboré un discours alternatif qui me permet d’être maître de ce que je fais, pouvoir sélectionner et choisir. Ma structure de travail est très minimale donc je dispose du temps et de l’espace, qui sont deux grands luxes dans l’actualité. Je peux décider dans quoi j’investi mon temps et avoir un espace grand et généreux pour travailler à un prix raisonnable, avec lequel je ne suis pas obligé à générer une méthodologie de production abusive et prendre des travaux au-delà de mes possibilités. Ceci fait que mes niveaux de satisfaction soient très élevés. Cependant, je comprends que le travail arrive aussi car cela fait 40 ans que je suis dans cette profession donc il n’est pas filtré. Je n’ai plus la nécessité de sortir à chercher du travail car les projets qui me sont proposés viennent en rapport à ceux que j’ai réalisé dans le passé.

Ce qui est arrivé avec le temps, ce que le designer a commencé à faire des tâches qui ne lui correspondait pas. Moi je viens d’une génération où les domaines du design se diversifiait, au designer lui restait disons la partie plus conceptuelle. Le designer était un planificateur des solutions aux problèmes et il était entouré de toute un réseau qui lui rendait possible le développement de ses projets : dès la photomécanique, la pre-impression, jusqu’au découpage des textes. Aujourd’hui, l’informatique et la technologie ont éliminé tous ces supports et ces espaces qui donnait un appui très professionnel au domaine du design. Ils ont regroupé toutes ces tâches dans une seule personne qui est la figure actuelle du designer. Et pourtant, certaines de ces tâches vont aussi disparaître avec les I.A et les technologies à venir. Du coup, le designer à beaucoup trop des responsabilités, il doit travailler dans des domaines très larges avec des capacités très diverses. D’un autre part, il y a aussi la fragmentation du temps qui est lié au perfectionnement du temps de façon technologique. Nous, on a habité le temps de façon linéaire, ce qui nous permettait une façon de comprendre et d’affronter le travail comme des actes successives. Ce qui se passe avec la technologie ce qu’elle fragmente le temps et, en lieu d’être linéaire, il a un effet « sandwich », comme une accumulation des couches de temps superposés les unes sur les autres. Donc, dans une seule journée tu ne travailles pas dans un seul processus créatif mais une infinité de « micro-temps » et des tâches qui se succèdent les unes sur les autres. Ce qui conduit à la dispersion, à l’insatisfaction et à la tension car tu dois donner une réponse à une infinité des choses qui se superposent. De plus, à cela s’ajoute la quantité des stimules qui se superposent et l’obligation d’être dans les réseaux en train de te promouvoir constamment. Cela génère une tension exaspérante. Ce qui provoque logiquement une insatisfaction avec les processus de travail.

M.M : Les conditions de travail influent beaucoup sur la manière dont la profession de designer est vécue. Dans votre cas, diriez-vous que la coopération avec vos collègues (partenaires de travail) est satisfaisante ? Vous sentez-vous reconnu dans vos capacités propres ou, à l’inverse, souffrez-vous d’indifférence, voire de mépris ? Pourriez-vous décrire des situations correspondant à ce que vous éprouvez ?

I.F : Oui, logiquement les conditions influent énormément. Mon espace de travail se trouve dans un entourage naturel. Pour moi cela est essentielle car j’ai une relation directe et très étroite avec la nature, c’est un entourage sain où je peux disposer du temps avec une marge très constructif. Ceci m’aide au-delà du professionnel. L’aspect professionnel et l’aspect vitale sont étroitement unis. Ceci à une série des aspects nutritionnels qui permettent que mon travail soit ce qu’il est. Pour la relation avec mes collègues, j’en ai que quatre et je maintiens également une relation très proche avec des artisans des différents domaines. C’est une petite ville donc cela permet d’avoir des relations professionnelles très humaines qui bougent au-delà de la question de la rentabilité du travail, ce qui permet d’établir des accords qui vont au-delà des questions strictement commerciales. Mais mon travail personnel est destiné au marché de l’étranger, je travaille pour l’Italie, la France, la Suisse, ce qui fait que mes relations professionnelles soient libérées des tensions dans l’entourage immédiat car dans cet aspect-là je n’ai pas de la concurrence.

2. Éthique et horizon politique

M.M : Le second volet de notre entretien porte plutôt sur des questions d’ordre éthique et sur le sens politique du métier de designer. Avez-vous l’impression que le milieu du design est dépourvu d’éthique ? Qu’il est peu soucieux de ce qu’il produit, de pour qui les projets sont faits, de comment ces derniers sont conçus puis réalisés, etc. Ou avez-vous plutôt le sentiment que la profession suit une sorte de déontologie, même si cette dernière n’est pas toujours clairement énoncée ?

I.F : Oui. Ce n’est pas uniquement le monde du design qui est dépourvu d’éthique, le monde en général est dépourvu d’éthique ou celle-ci est perdue ou occultée. Disons, que l’éthique a été substitué par la peur et il n’y a pas les components éthiques pour résoudre ces problèmes. Du coup, on se trouve paralysés par l’angoisse, par la pression. De plus, ceci est aussi une stratégie de l’économie au final, générer de la crainte dans le citoyen pour que celui-ci se collapse, s’individualise et n’ait pas des actions collectives. Le designer se trouve dans une situation d’une telle précarité que la seule chose qu’il cherche est de sortir de l’urgence immédiate : survivre. Survivre occupe l’aspect des intérêts et la vision du designer. C’est un acte de pure survivance avec lequel les aspects éthiques sont occultés ou simplement mises de côté par rapport à ces intentions qui deviennent prioritaires. Moi ce que je vois avec mes collègues des autres domaines du design ce que cette crainte est focalisé dans des différent choses, dès la peur à la guerre, aux conflits, à la situation politique, l’inégalité sociale, aux problèmes écologiques… il y a beaucoup trop des fronts ouverts qui génèrent de l’angoisse chez le designer. Comment puis-je trouver des solutions à ces problèmes depuis l’espace que j’occupe ? Il y a des intentions de le faire, oui, mais ce qui se passe ce que l’on se trouve alors confrontés à la réalité du marché. Ce qui génère beaucoup de frustration car celui-ci requière d’une rapidité chaque fois plus immédiate, accéléré, il y a une imposition des méthodologies de production. Disons que d’un côté il y a une conscientisation sociale, professionnel et éthique mais il y a une incapacité pour la mener au territoire professionnel. L’entourage est devenu hostile, surtout l’entourage des entreprises, la haute concurrence limite les possibilités d’action.

M.M : Avez-vous personnellement vécu une situation de projet (ou autre) qui vous a posé un « cas de conscience » ? Avez-vous recueilli des témoignages de collègues (ou partenaires de travail) ayant vécu ce type de difficulté morale au travail ?

I.F : Oui. Il y a des collègues de profession qui me le manifestent aussi. C’est une question des décisions éthiques, morales, vitales, politiques, avec qui tu travailles, comment et de quelle façon. Disons que là, on est libre d’agir et de travailler comme on le souhaite, personne ne t’oblige. Ce qui oblige par-dessus l’éthique sont les obligations économiques, de mener vers l’avant une agence ou simplement de survivre dans la profession. Malgré une certaine conscience collective, parfois l’un est obligé de travailler avec, disons, « l’ennemi » afin de subsister. Pourtant, quelques-uns parmi nous peuvent se donner le luxe d’être en marge de ces situations où l’on peut refuser certains projets. En disant ça il ne faut pas non plus culpabiliser, ni démoniser les gens qui se sentent obligés à prendre certains projets pour une telle corporation ou un tel parti politique. C’est une décision qui ne requière pas seulement d’un engagement ou d’une idéologie mais de la possibilité économique de pouvoir refuser certains projets.

Moi, par exemple, j’ai refusé des projets pour le domaine publicitaire. Dans un des cas, une fois j’avais commencé un projet pour Coca-Cola International aux États-Unis. Initialement j’étais très motivé, pas tant pour l’aspect économique, mais plutôt car cela me semblait une plateforme intéressant pour développer certains contenus. Mais au bout de deux mois je suis arrivé à un point où j’ai résilié le contrat avec eux car les contenus me semblaient très inappropriés ou très lointains par rapport à mes propres intérêts. Cela était assez audacieux de refuser de travailler avec une entreprise comme Coca-Cola, j’aurais pu en sortir pas mal d’argent et en lieu de ça j’ai décidé de refuser.

M.M : L’histoire du XXe siècle nous apprend que des designers ont pu se mettre au service de régimes totalitaires. Pensez-vous que la profession a gardé mémoire ou a l’intuition de cette compromission ? Dans une perspective plus contemporaine, les designers vous paraissent-ils préoccupés par des questions sociales et politiques ? Par des manières plus justes d’organiser la vie de nos sociétés (ZAD, ou autres), la distribution du travail et des produits du travail (coopératives…), l’accession à l’éducation ou à la santé, pour ne prendre que quelques exemples, et à la façon dont le design peut jouer un rôle ?

I.F : Oui, mais l’histoire du XXe siècle nous apprend que pas seulement les designers se sont mises au service des régimes totalitaires. C’était la société en général, ne culpabilisons pas uniquement les designers ! Disons qu’il y a des mouvements qui affectent à la globalité de la population, parmi eux les designers. Les designers bougent aussi par les canaux de la pensée générale et ces canaux de pensée s’écoulent. La démocratie sociale, qui a été en plein essor en Europe pendant les années 60, 70, 80, 90 est en décadence, et ce qui est en plein essor maintenant est une pensée réactionnaire, propre de l’extrême droite, qui regroupe une partie très large de la société, parmi eux aussi, le discours de quelques designers. Le problème de la gauche ce qu’ils ont tenu l’idée de la conscience sociale comme quelque chose de propre, comme quelque chose qui lui appartient exclusivement à elle. Ce qui se passe avec les nouvelles droites ce qu’ils occupent l’espace de revendication de certains éléments qui appartenait hégémoniquement à la gauche et qui ont étaient déplacés car ils ont été masqués dans des fausses libertés. Ceci est d’une grosse complexité. Qu’est-ce que cela veut dire de revendiquer certaines attitudes politiques ou sociales ? Ce compromis dans quoi se manifeste-t-il ? Car ce qu’on devrait avoir c’est une pensée plus plurielle de respect, de dialogue et pas ce positionnement de confrontation entre des pôles opposés. Il y a beaucoup des espaces intermédiaires entre ces pôles. Il faut générer des espaces d’habitabilité et pas de confrontation. Nous comme designers, on devrait être flexibles et nous positionner dans des espaces intermédiaires avec, bien sûr, de la conscience sociale, de classe, de l’écologie et faire le possible pour l’évolution du marché, car n’oublions pas qu’on travaille pour le marché aussi, même les institutions culturelles. Le designer est dans un espace très complexe car il se met au service du marché, nous avons besoin de lui pour que notre travail soit possible, de sorte que, toute cette conscience morale nous pourrions l’exercer dans des espaces alternatifs mais pas tant être oblige à les exercer dans les espaces de travail. Tu peux travailler pour n’importe quelle société et être quelqu’un avec des principes, une pensée morale et éthique et une conscience sociale et politique. Rien ne t’empêche de travailler pour une telle organisation ou une telle société et avoir une pensée de revendication sociale.

3. Science et design

M.M : Le troisième et dernier volet de notre enquête traite des connaissances relatives au design. Pourriez-vous nous expliquer quelle formation vous avez suivie ? Dans une précédente enquête portant sur les formations, des designers assimilaient théorie du design et histoire. Est-ce aussi votre cas, ou auriez-vous d’autres exemples de théories concernant le design ou élaborées à partir du design ?

I.F : Je me suis formé dans le studio d’un grand designer espagnol des années 70 / 80, Peret Torrent, qui appartenait à ce mouvement de la rénovation du design en Espagne, un mouvement où il y avait une transition entre la dictadure et la démocratie dans le pays, avec une rénovation de tous les contenus culturelles et audiovisuelles. Dans ce contexte, il y a eu plusieurs designers importants et l’un parmi eux est Peret. J’ai eu la chance de travailler pendant quelques années avec lui dans son studio et donc ma formation est une formation d’atelier, sur le champ, ce n’est pas une formation académique de contenu mais de pratique. Après j’ai monté mon studio à Saragosse avec 4 collègues pendant quelques années, j’ai travaillé comme animateur des dessins animés en Valence et ensuite j’ai monté mon studio à Huesca vers les années 2000.

À la base j’ai un diplôme dans les arts dramatiques, le théâtre, et après une spécialisation que j’ai réalisé dans l’école Jacques Lecoq à Paris.

Mon lien avec le design est à partir de la pratique professionnelle. J’ai une formation autodidacte. Pourtant j’ai un lien très proche avec des institutions académiques avec lesquelles j’ai collaboré et où j’ai fait des cours. J’ai enseigné dans plusieurs universités et écoles de design en France, en Italie, beaucoup des collaborations avec des écoles d’art en Espagne et pendant un temps j’ai été professeur permanent en Master de design et illustration à l’Université Polytechnique de Valence.

J’ai construit ma personnalité graphique de façon périphérique. Ce qui m’intéresse c’est des discours alternatifs pour les intégrer dans le domaine du design, je me nourris par tant des théories ou des manifestes du design mais plutôt des lectures des aspects philosophiques contemporains, de sociologie, poésie ou littérature, plus que les aspects dogmatiques du design. De plus, je trouve que c’est un discours qui doit s’actualiser de forme urgente car les priorités du design ont drastiquement changé ces dernières années, il y a une obligation de la part de la profession de générer un discours qui soit conforme avec les nouvelles réalités et qui établisse des nouvelles lignes d’actionnement, qui redéfinisse ce qui est vraiment le design. Cette définition s’est perdue, il y a 20 ans c’était très claire ce que c’était notre activité professionnelle. En ce moment, ce n’est pas si claire que ça, quels sont ses limites, ses territoires, il y a une grande confusion.

M.M : Il semble que, parfois, le milieu du design se tient à distance du type d’entretien que nous menons ensemble, par exemple, c’est-à-dire d’une tentative pour connaître scientifiquement le design et ses pratiques. Pensez-vous qu’il s’agisse de désintérêt, de rejet épidermique, de crainte ? Ou que ce soit là une vue faussée ?

I.F : Je crois que cela se doit à la méconnaissance, je ne veux pas généraliser car il y a des designers avec une formation alternative et des designers qui ont une grande culture mais, d’une façon très majoritaire, les designers lisent très peu. Ils travaillent pour l’entourage audiovisuelle et littéraire mais il y a une certaine inculture généralisée, j’imagine que ce moins le cas en France car il y a des formations beaucoup plus règlementées et plus sérieuses, plus strictes. Ici en Espagne, il y a des importantes carences au niveau de formation humanistique. Du coup, dans l’entourage se lit très peu et ses intérêts sont plus basés sur l’esthétique que sur l’éthique. Il se travaille plus sur l’emballage, l’ornement et l’esthétique mais tout le support conceptuel qui soutient le discours s’est délaissé. A partir de là, l’on peut comprendre ce manque de relation avec ce qui est scientifique, humanistique, sociologique et politique qui se trouve éclipsé par ces intérêts esthétiques.

M.M : quelle conclusion pourriez-vous saisir sur ces questions ?

I.F : L’éthique est une question personnelle, pas professionnelle, elle est liée à l’individu. Le compromis aussi, personne ne peut obliger le designer à avoir un compromis éthique, cela serait désirable qu’il ait cet engagement, ça oui, mais pas à partir d’un espace d’imposition. C’est une façon unitaire de comprendre les choses. Ce que nous avons, nous les designers, est la possibilité et la capacité d’utiliser des outils de communication pour fournir des contenus d’intérêt sociale et politique et faire en sorte qu’ils transmettent quelque chose et partagent une vision. Ceux qui le font ont une activité avec l’entourage qui est très engagé et très valide, qui même amènent cet engagement jusqu’à ses dernières conséquences, et ceux qui ne le font pas, on ne peut pas leur imposer car eux aussi ils font ce qu’ils peuvent, il y a des designers qui ne veulent pas avoir une position déterminée devant certaines questions car cela peut avoir des répercussions sur leur travail, ce qui est complètement compréhensible.

M.M : Encore merci pour le temps que vous m’avez accordé.


  1. Malena Martinez est étudiante en Master 2 « Design, Arts & Médias », Paris 1 Panthéon Sorbonne 2023 / 2024