Laurent ZIMMERMANN est professeur agrégé d’Histoire, doctorant en Géographie au laboratoire CRESAT/ Université de Haute Alsace
Résumé :
Cet article propose une étude du design et de l’aménagement des paysages en lien avec les politiques de réintroduction de la cigogne en Alsace, en Suisse et au Japon. Il cherche à établir comment, en fonction de chaînes trajectives différentes, la relation à l’oiseau est valuée par le design et/ou l’aménagement des territoires afin de créer des paysages témoignant de l’évolution du lien d’une société à son milieu.
Abstract :
This paper gives an account of the link between landscape design and the reintroduction of the white stork and the oriental white stork in Japan, east of France and Switzerland. The purpose is to understand how, through History, the presence of the bird is valuated in order to create landscapes witnessing a change of relation between human societies and their environment.
Dans le contexte des débats concernant l’invention des nécessaires nouvelles politiques de l’anthropocène, l’animal turn des sciences humaines et sociales pose la question des relations entre animaux humains et non-humains sur une planète dont tout l’espace relève désormais de l’écoumène. Si toutes les espèces ne semblent malheureusement pas égales face à la perspective de la Sixième extinction, la cigogne blanche -ciconia ciconia- et sa cousine orientale -ciconia boyciana- font partie des oiseaux anthropophiles capables de susciter une mobilisation des sociétés humaines à leur profit : ainsi, dans des espaces aussi divers que le Japon, la Suisse et l’Alsace, des politiques de réintroduction fructueuses ont été saluées et relayées par différents médias1.
Pourtant, l’étude des aménagements visant à la cohabitation entre humains et cigognes dans ces trois espaces, si elle montre une même volonté de négociation avec l’oiseau pour s’assurer de sa présence, témoigne pour chacune de ces sociétés d’une valuation2 différente de leur rapport à l’espèce par le design, les arts et les médias concourant à l’édification des paysages. Cet article propose donc de mobiliser les outils de la mésologie développée par Augustin Berque afin de commencer à caractériser ces projets de valuation de la relation au vivant par « les faiseurs de paysage »3 tout en observant les chaînes trajectives4 faisant de la cigogne, à partir d’un donné environnemental objectif (Umgebung), un élément constitutif des milieux spécifiques (Umwelt) des sociétés humaines dans les trois espaces de référence.
Nous débuterons notre exposé par la présentation de l’expérience de Toyooka, au Japon, qui déploie un design de paysages5 structuré par la présence de la cigogne sauvée de l’extinction, au sein d’un système agro-touristique faisant de l’oiseau un certificat de résilience et de soutenabilité. En Suisse et dans l’Alsace voisine, la réponse à l’extinction annoncée de la cigogne blanche semble coordonnée, jusqu’à une rupture révélant que, à partir d’un environnement commun, les deux sociétés ont trajecté des milieux différents, révélant une proximité plus grande entre le Japon et la Suisse qu’entre la Suisse et sa voisine alsacienne.
Nous observerons alors la traduction de ces divergences dans l’humanisation de l’environnement par le symbole, à travers le prisme des dispositifs spatiaux mobilisés en Alsace, afin de comprendre l’importance du contexte géopolitique et culturel dans la constitution des chaînes trajectives permettant d’ appréhender la valuation de leur relation à la cigogne par les acteurs alsaciens.
1. « Making the impossible possible : children bring storks into the world 6». L’exemple de la ville de Toyooka au Japon.
1.1 Prise de conscience et réaction à la disparition de la cigogne blanche orientale.
Toyooka est une ville d’environ 80 000 habitants, située dans le nord de la préfecture de Hyogo, à 100 kilomètres au nord-ouest de Kyoto. Lorsque les lois sur la chasse sont rendues plus permissives pendant l’ère Meiji, le nombre de cigognes blanches orientales, ou kounotori, décline rapidement au Japon, et le district de Tajima dont dépend Toyooka est le dernier à abriter l’oiseau à la fin de la Deuxième guerre mondiale. On n’y compte plus que 20 oiseaux en 1956 : les autorités du Japon réagissent en déclarant la cigogne orientale « monument naturel spécial », et en créant le parc de réintroduction de Hyogo, qui initie un programme d’élevage en captivité dès 1963, sans succès. En 1971, ciconia boyciana n’existe plus au Japon7.
Un rapport rédigé par un comité d’experts en 20118 accuse clairement les pratiques d’agriculture intensive. Ce sont notamment les pesticides utilisés dans la riziculture moderne, surtout à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, qui seraient responsables de la mort des oiseaux, de la perte de leur fertilité, de la diminution des proies disponibles. Le rapport évoque également l’abandon des techniques traditionnelles de riziculture, s’accompagnant d’un management de l’eau réduisant les zones humides favorables à la nourriture des cigognes, qui auraient même découragé les scientifiques chargés de la reproduction et de l’élevage en captivité des cigognes, persuadés que tout retour à la nature était impossible à cause de la disparition des habitats favorables à l’oiseau.
1.2 Le typhon de 2004 : récit de résilience
Le documentaire Kounotori de Ran Levy-Ramamori explique comment la situation a changé après le passage du typhon Tokage en octobre 2004, à travers les témoignages de l’élève Yuka Okada, de son institutrice Shizuka Tanaka, et du maire de Toyooka Muneharu Nakagai9. Après la dévastation de leurs maisons par le typhon, les élèves se sont interrogés sur les raisons de leur grande vulnérabilité face à un aléa pourtant connu et maîtrisé par la société japonaise : la réponse étant l’abandon des pratiques de riziculture traditionnelles au profit d’une agriculture intensive plus productive, adoptée après la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour répondre au risque de famine dans le pays. En effet, les pratiques de riziculture traditionnelles permettent une meilleure retenue d’immenses quantités d’eau, permettant ainsi de réduire drastiquement le risque d’inondation lié aux typhons.
L’institutrice Shizuka Tanaka raconte le rendez-vous de ses élèves alors âgés de 11 ans avec le maire Muneharu Nakagai, au cours duquel les enfants ont proposé d’instituer la fourniture de la cantine de l’école uniquement par du riz provenant de rizières traditionnelles, afin de soutenir les bonnes pratiques permettant de se protéger des typhons. Il s’agissait en fait de promouvoir une riziculture n’utilisant pas de pesticides mais une mise en eau plus longue, afin de permettre la naissance des grenouilles protégeant le riz des insectes prédateurs. Or, cette demande des élèves rencontrait celle des scientifiques du centre de réintroduction des cigognes de Hyogo, qui y voyaient l’opportunité de retrouver des habitats favorables permettant de relâcher les oiseaux élevés en captivité.
Dès 2005, une première cigogne captive est relâchée dans la nature, liant la politique de réintroduction de l’oiseau à celle de la promotion d’un retour aux pratiques d’agriculture traditionnelles, sans pesticides, au sein d’un nouveau système agro-touristique performant
1.3 Valuation de la présence de la cigogne orientale dans les paysages du nouveau système agro-touristique : l’oiseau révélateur de la médiance
Un grand projet d’aménagement est donc initié afin de permettre le retour des cigognes orientales en pleine nature, grâce à un système d’agriculture abandonnant les pesticides tout en réduisant la vulnérabilité face aux typhons. Or, la théorie de la médiance10, définie par Augustin Berque comme le moment structurel de l’existence humaine entre le corps animal et le corps médial éco-techno-symbolique nous permet d’interpréter cette valuation de la présence de la cigogne par le design du paysage comme l’expression sensible d’une tentative réussie de coproduction entre humains et non-humains d’une façon d’habiter le monde porteuse de sens.
Après le typhon de 2004, les autorités de Toyooka et la coopérative agricole de la région de Tajima inventent le Stork Friendly Rice Farming11, un nouveau standard d’agriculture permettant le retour des cigognes, avec à la clé un label permettant d’étiqueter sa production « riz des cigognes ». Néanmoins, la baisse de l’utilisation des pesticides ne se voit pas à l’oeil nu : la présence de la cigogne, favorisée par l’installation de supports de nids12 dans les rizières, permet un nouveau rapport sensible au paysage en attestant de façon visuelle des bonnes pratiques agricoles. Cette transformation du rapport à la cigogne, devenue preuve sensible des pratiques soutenables, se confirme dans la documentation pédagogique expliquant le fonctionnement, saison après saison, du Stork Friendly Rice Farming13. Ce retour à la saisonnalité des rapports entre hommes, oiseaux et milieu, témoigne d’un retour à la présence au monde portée par la pratique du Haïku, laquelle préconise l’utilisation de mots de saison afin de garantir l’immersion du lecteur dans un ici et maintenant, invitant tout Japonais « à être comme un “organe perceptif” de ce milieu-là, minutieusement attentif aux faits et aux gestes du déroulement des saisons, à leurs synesthésies comme à leurs éventuelles dissonances »14.
La présence de la cigogne prouve donc l’adoption de bonnes pratiques après des décennies d’agriculture intensive, nocive pour l’homme et pour l’environnement : l’oiseau est ainsi trajecté en symbole de résilience, porteur d’espoir pour le monde en contexte d’Anthropocène. C’est pourquoi Toyooka insère la silhouette du kounotori dans son logo15, accompagnée de la mention local and global city, associant, aux yeux du monde, la présence de la cigogne dans les paysages de la ville à la réalité de son modèle de développement durable, médiatisé de par le monde par le documentaire de Ran Levy-Yamamori16.
Le récit créé autour de ce message d’espoir, dont la réception est attestée par les nombreux prix attribués au documentaire Kounotori17, permet le développement d’un agro-tourisme générant une activité économique suffisante pour permettre aux jeunes de rompre avec la dynamique d’exode rural et de rester au pays. Le prix de vente du « riz des cigognes » est élevé, mais son image extrêmement positive en fait un produit recherché, permettant au paysage de se pérenniser, révélant une stratégie de construction d’une identité territoriale par le design graphique, basée sur une ressource émanant du territoire.
Cet exemple japonais témoigne donc de la valuation d’un territoire par celle de la présence de la cigogne en tant que preuve sensible d’un mode de vie soutenable, d’une résilience possible après les ravages de l’agriculture intensive et du métabasisme18 ayant substitué la logique de l’être à une logique du lieu.
2. En Alsace et en Suisse : trajectoire commune et divergences.
2.1 Des représentations positives et anciennes.
L’histoire des valeurs et des représentations très positives que les sociétés humaines ont attribué aux cigognes blanches partageant leur espace dans différents contextes européens est aujourd’hui bien connue. Symbole de la piété filiale et de la fidélité conjugale pour les anciens Grecs, elles sont aussi perçues comme prestataires appréciées de services écologiques au moyen âge et pendant la Renaissance, en tant que prédatrices des serpents, crapauds et autres nuisibles.
En tant qu’oiseau migrateur revenant à chaque printemps, la cigogne devient également un symbole de fertilité, origine de la légende de l’oiseau apportant les bébés au monde19. Mais, en temps de crise, elle devient surtout un symbole de la paix retrouvée : la cigogne revient en effet nicher lorsque les combats sont terminés, et que les champs sont à nouveau cultivés, faisant ressortir de terre les proies dont elle fait sa nourriture. Cet aspect est attesté en Suisse par l’oeuvre du poète Johann Peter Hebel dès la fin du XVIIIe siècle20.
De Nils Holgersson21 aux Mémoires de la Baronne d’Oberkirch22, la littérature européenne offre de multiples exemples de l’ancienneté des pratiques visant à encourager les cigognes à nicher sur les toits des habitations humaines en y installant une roue de chariot23 comme support. Cette transaction entre humains et oiseaux, échangeant facilités d’installation contre présence associée à la bonne fortune, peut être considérée comme le point de départ commun des chaînes trajectives expliquant la perception de la cigogne blanche en Suisse comme en Alsace.
2.2 Prise de conscience et collaboration transfrontalière.
En Alsace, on observe une diminution du nombre de cigognes depuis la fin du XIXe siècle. Cette situation est documentée par la Société Industrielle de Mulhouse (SIM) à travers les travaux de son comité pour les sciences naturelles, qui planifie un premier inventaire des nids dans la région en 192724. La population diminue jusqu’à atteindre son point le plus bas en 1974, avec 9 couples25. En Suisse, la population de cigognes blanches est suivie par l’ornithologue Max Bloesch, qui constate la disparition complète de l’oiseau en 1951.
En Suisse et en Alsace, les mêmes causes sont évoquées : on accuse la diminution des zones humides et des paysages de ried, conséquence des travaux d’aménagement et de canalisation du Rhin. La presse relaie aussi l’idée que les cigognes s’empoisonnent dans les zones d’hivernage en Afrique du nord et de l’ouest, en mangeant des criquets contaminés par les pesticides utilisés de plus en plus massivement dans l’agriculture. Les techniques de baguage et de suivi des populations d’oiseaux migrateurs permettent en effet d’établir que ce serait pendant la migration que le plus grand nombre d’échassiers disparaît. L’ornithologue alsacien Alfred Schierrer, établissant que seuls 10% des migrateurs reviennent au printemps, cite également les dangers que constituent les lignes électriques pour le risque de collision ou d’électrocution qu’elles représentent, ainsi que celui de la chasse par les populations humaines installées tout le long des routes migratoires26.
Une collaboration entre le Suisse Max Bloesch et l’alsacien Alfred Schierrer aboutit à la mise au point d’une méthode dite « méthode des enclos » permettant la réintroduction des cigognes par la sédentarisation forcée : les oiseaux sont élevés et nourris en enclos, et au bout de trois ans, perdent leur instinct migratoire. Ils peuvent ensuite être relâchés dans la nature, et restent sédentaires, protégés des dangers de la migration, du moment que l’homme continue à leur fournir leur nourriture en hiver.
La méthode fonctionne, portée par des associations fédérant les acteurs27, si bien qu’à partir des années 1990, on considère que l’extinction locale de l’espèce n’est plus d’actualité. C’est à partir de cette date que l’on constate une divergence entre les actions naturalistes liées à des transactions avec la cigogne blanche en Alsace et en Suisse.
2.3 Divergences dans les aménagements liés à la présence de la cigogne blanche en Alsace et en Suisse.
L’ornithologue allemand Holger Schutz raconte que, dans les années 1990, une controverse oppose différents acteurs de la réintroduction des cigognes dans les paysages rhénans à propos des objectifs à atteindre, et du sens à donner à la cohabitation avec l’oiseau28. Une rencontre internationale est donc organisée en mars 1995 à Rüssheim, près de Karlsruhe, par la NABU allemande, la société suisse de protection de la cigogne blanche et la société hollandaise de défense des oiseaux. À l’issue de celle-ci est adoptée la résolution de Russheim, établissant que « l’objectif principal du travail en direction de la cigogne blanche consiste dans le maintien, resp. le rétablissement d’une population stable et autonome possédant toutes les caractéristiques de l’espèce vivant en liberté29. »
La société Storch-Schweiss/Cigogne-Suisse créée autour de l’initiative de Max Bloesch pour la réintroduction de l’oiseau décide d’appliquer immédiatement cette résolution : tous les enclos de Suisse sont fermés, le nourrissage par l’homme prend fin. Un Plan d’action est préparé en 2006 par l’association Cigogne-Suisse avec l’appui d’une quarantaine d’experts, et est approuvé par l’Office Fédéral de l’Environnement en 201030. L’objectif de ce plan national est de décrire « les conditions-cadre (objectifs, stratégies, mesures, rôle des intervenants, etc...) de la conservation de cet oiseau en Suisse. Il s’agit de maintenir ou de mettre en valeur les habitats existants et d’en créer d’autres, puis de les mettre en réseau(...) »31
Le plan d’action propose différentes pistes pour créer des zones humides, habitat favorable aux cigognes, et va jusqu’à fournir un plan précis de la composition de la zone humide idéale à la page 35, afin de servir de modèle aux acteurs locaux de l’aménagement.
L’une des spécificités des actions naturalistes comportant une transaction entre humains et oiseaux est l’alliance systématique de l’association Cigogne-Suisse avec une association locale de promotion des paysages. On peut citer ici l’exemple de l’ancien enclos de Altreu, fondé par Max Bloesch, et devenu après la résolution de Russheim un centre d’information sur la cigogne blanche tenu par l’association Für üsi Witi, militant pour la protection de la zone humide de Witi dans le canton de Soleure32. Cette fusion de l’intérêt pour la cigogne et de l’intérêt pour la préservation et la restauration des zones humides, concrétisée par des projets d’aménagement mené par les autorités du canton de Soleure, montre une valorisation de la cigogne en tant qu’espèce « porte étendard ». Elle est, pour l’aménageur, l’écologue ou le simple citoyen en Suisse, à la fois le baromètre permettant de mesurer de façon sensible l’amélioration des habitats pour la biodiversité, et aussi l’acteur capable de susciter la mobilisation des sociétés humaines lors des opérations de renaturation des paysages présentées comme nécessaires au maintien de la population de cigognes en Suisse33, sur un modèle proche de celui de Toyooka au Japon.
La trajectoire alsacienne est différente : malgré une volonté de l’Aprecial de suivre la résolution de Russheim, les aménagements issus de la méthode des enclos et le nourrissage ne disparaissent pas partout. Dans la ville de Cernay par exemple, le nourrissage est maintenu par les autorités municipales afin de créer une attraction touristique, promettant « une occasion unique pour découvrir l’animal emblématique de Cernay et de l’Alsace ! En effet, c’est au moment du repas que les cigognes viennent se rassembler au parc34. »
On remarque également en Alsace une volonté de faire nicher les cigognes, non pas dans les paysages d’une ruralité nouvellement acquise à des pratiques se voulant plus soutenables comme dans la Suisse voisine, mais dans les endroits les plus centraux des communes se disputant les flux de touristes. Pour preuve du manque d’unanimité entre les acteurs de la région, l’antenne alsacienne de la LPO produit une résolution appelant à ce que « le nourrissage d’appoint soit réduit progressivement afin de supprimer la dépendance des cigognes35. »
Il y a donc une spécificité des paysages créés suite aux actions naturalistes menées par certains acteurs alsaciens au détriment des préconisations des autres. Il s’agit désormais de comprendre les chaînes trajectives liées à l’histoire spécifique de la région, afin d’y caractériser les processus de valuation particuliers en rapport avec la présence de la cigogne blanche par le design, les arts et les médias.
3. Le processus de valuation de la cigogne en Alsace : pour qui et pourquoi ?
3.1 Trajections alsaciennes
À l’issue de la guerre Franco-Prussienne de 1870, le Traité de Francfort, en 1871, fait de l’Alsace et de la Moselle une part de l’Empire Allemand. Un culte des provinces perdues se développe parmi les Alsaciens francophiles et se diffuse en France sous l’impulsion des optants, ceux qui ont quitté l’Alsace afin de rester Français. La cigogne, symbole de piété filiale et de fidélité, qui survole chaque année la France lors de son départ et son retour de migration, devient alors le symbole de l’attente du retour de l’Alsace dans le giron de la France36.
Un nouveau genre littéraire se développe, le roman alsacien, à l’image de Les cigognes, légende rhénane d’Alphonse Daudet, paru en 1884, une œuvre patriotique pour enfants dans laquelle des Alsaciens fidèles à la France combattent des Allemands appelés « mangeurs de saucisse » : et qu’il s’agisse d’un étudiant querelleur, d’un garde forestier ou de militaires, c’est à chaque fois une cigogne qui punit le malfaiteur en le ramenant de force sur l’autre rive du Rhin37.
Ainsi, toute une littérature participe à construire la fausse image d’une cigogne territorialisée, spécifiquement alsacienne, fuyant l’Allemagne et les Allemands. Le livre Au pays des cigognes nous en donne un bel exemple :
« Il est à remarquer, du reste, que les cigognes se fixent en Alsace seulement. Elles n’habitent point la France et on en trouve à peine en Allemagne, sur les bords du Rhin. Pourquoi cette préférence pour notre pays ? Personne n’a jamais pu l’expliquer38. »
Cette volonté des artistes d’instituer dans les représentations mentales une frontière environnementale marquée par la présence de la cigogne afin de révéler une spécificité alsacienne se double de la création d’images archétypales39 qui serviront de base à tout le travail d’artialisation des paysages à venir.
Il y a donc une rupture dans la constitution de la chaîne trajective des Alsaciens par rapport à celle qu’ils partageaient avec leurs voisins européens à propos du sens à donner à la présence (ou à l’absence) de la cigogne blanche dans les paysages. À partir du symbole de prospérité, de fertilité et de paix commun aux autres Européens et notamment à leurs voisins Suisses, les Alsaciens trajectent la cigogne en argument de leur propre existence et de leur identité française précarisée par le contexte géopolitique : cette trajection particulière engendrant à son tour des valuations spécifiques et parfois antagonistes de l’oiseau dans les projets d’aménagement.
3.2 Controverse et rôle de l’expérience sensible dans la valuation de la cigogne.
Cette trajection spécifique au contexte géopolitique de l’Alsace mène à une situation d’apparence paradoxale lors des débuts du mouvement de réintroduction des cigognes dans les années 1970. En effet, un mouvement écologiste alsacien se structure après les événements de mai 1968 afin de revendiquer un pouvoir de décision plus fort à l’échelle locale et de contester les projets d’aménagements liés aux industries de la chimie et du nucléaire40. Mais ce mouvement transnational, se définissant comme alémanique et regroupant des militants d’Alsace, du Bade-Wurtemberg et de Suisse alémanique grâce à l’usage d’une langue commune41, rejette les projets d’aménagement s’appuyant sur le retour de la cigogne, alors dénoncée comme un élément de caricature des réalités alsaciennes, imposée par les représentations des touristes et d’un Paris jacobin n’ayant pas effectué de mises à jour depuis l’œuvre d’Hansi :
« Le régionalisme alsacien n’a plus le droit de cité (sauf sous l’image caricaturale des cigognes, de la choucroute et des nœuds à la Hansi (…) Dans l’atmosphère de décolonisation, de réveil des minorités, de naissance de régionalisme de type nouveau (pas les cigognes…), du développement de l’esprit européen, la réaction s’amorce »42.
Ces références à l’œuvre de Hansi rappellent le contexte de la promotion de la cigogne en tant que symbole d’une Alsace cherchant à affirmer son identité française après 1871 : dans le contexte du réveil des régionalismes dans les années 1970, la problématique de l’identité culturelle et linguistique, liée à la revendication écologiste d’un empowerment local, est toute autre, et se pense dans l’opposition au jacobinisme centralisateur. La mobilisation autour de la cigogne est alors considérée comme une manifestation cocardière appelant l’Alsace à se conformer à l’image qu’en demandent les élites politiques de la capitale, au nom de l’assimilation.
Un autre aspect de ce rejet des projets d’aménagement liés à la réintroduction apparaît lorsque la presse locale fait état d’un projet de l’entreprise japonaise Sony :
« (…) selon Antoine Waechter, tête de liste des Verts, les grands patrons de Sony auraient fait modifier les plans de la future usine de Ribeauvillé imaginée par les concepteurs français. Ils estimaient que l’intégration dans le paysage n’était pas suffisante et auraient notamment fait rajouter une tour pour supporter un nid de cigognes. Reste à souhaiter qu’on ne placera pas dans ce nid des cigognes en plâtre made in Hong-Kong43. »
Ici, ce n’est plus le centralisme jacobin qui est mis en accusation, mais la conformation à des représentations imposées par l’intégration à une économie mondialisée, dont on craint qu’elle puisse conduire à une forme d’aliénation culturelle et de disneylandisation44 des paysages alsaciens.
Une histoire montre néanmoins comment l’expérience sensible du contact avec les oiseaux a pu contribuer à clore cette controverse : il s’agit de l’histoire de la réintroduction des cigognes à l’Ecomusée d’Alsace. Marc Grodwohl, alors directeur de cette institution consacrée à la conservation du patrimoine bâti, notamment des fameuses maisons et fermes dites « à colombages » ou « à pans de bois », avoue s’être méfié dans un premier temps de la perspective d’accueillir un enclos de réintroduction, capable d’attirer potentiellement toute une colonie de cigognes libres.
Il raconte : « J’avoue qu’au départ je n’étais pas très chaud. De toutes parts des aigris faisaient à l’Ecomusée le mauvais procès d’être un Hansiland, un parc d’attractions sublimant l’Alsace fantasmée. Je me méfiais donc de tous les symboles qui pouvaient étayer cette thèse. Mais rapidement la magie de la vie à pris le dessus et nous avons tous, visiteurs et gens du musée, été convaincus. Les visiteurs du musée préparaient sur le parking leurs casse-croutes, les cigognes à l’affût le leur dérobaient aussitôt.45 »
C’est donc bien le contact sensible avec les cigognes qui permet à Monsieur Grodwohl, ainsi qu’à ses collègues et aux visiteurs de l’Ecomusée, de dépasser leurs représentations négatives de départ et de donner de la valeur aux cigognes en les percevant comme des individus vivants, dotés d’agentivité, et non pas comme des symboles identitaires hérités de la guerre franco-prussienne de 1870 par l’industrie du tourisme de masse.
Aujourd’hui, environ quarante ans après le début des opérations de réintroduction coordonnées par l’Aprecial, l’Ecomusée d’Alsace abrite l’une des plus importantes colonies de cigognes de toute la région, avec une quarantaine de couples nicheurs, ce qui fait que l’on peut y compter, après naissance des jeunes, environ 200 cigognes46. Les oiseaux ne sont plus sédentarisés de force, mais viennent librement : l’Ecomusée, installé sur un ancien site des mines de potasse d’Alsace, procède dès 1986 à une renaturation de son environnement grâce à la maîtrise de l’eau afin de construire une activité de polyculture-élevage, « nécessaire à la mise en mouvement des collections liées à l’agriculture47. » Cette renaturation du site produit des zones humides, rivières et marais plébiscités par les cigognes, mettant en pratique le mot d’ordre de l’Aprecial : « la cigogne doit vivre avec nous, pas chez nous48. » En termes de valuation, nous retrouvons ici un processus assez analogue à celui observé en Suisse ou au Japon : la présence volontaire de la cigogne participe d’une pédagogie du milieu, et enseigne comment les procédés de renaturation des sites, grâce notamment au management de l’eau, peuvent permettre un retour de la biodiversité affectée par des décennies de pratiques mortifères caractéristiques de l’Anthropocène.
3.3 Une transaction interspécifique sur le marché des identités ?
À l’exception de cette belle histoire de l’Ecomusée d’Ungersheim, une spécificité de la réintroduction en Alsace est de ne pas chercher l’implantation des nids au sein d’espaces préalablement aménagés à cet effet sous forme d’espaces productifs agricoles modèles ou de zones humides renaturées. Les communes, motivées par l’obtention d’un label, cherchent en réalité à designer leurs paysages afin de correspondre aux archétypes : ceux créés à partir du travail des artistes comme Hansi depuis 1871, afin de faire de la cigogne un symbole de l’Alsace francophile refusant la domination allemande imposée par le traité de Francfort.
Dans un mouvement correspondant à l’artialisation in situ décrite par Alain Roger49, les supports appelant les cigognes à nicher sont donc prioritairement installés sur les bâtiments les plus emblématiques des communes participant à l’opération de réintroduction depuis les années 1980, afin de reproduire les thèmes popularisés par les artistes. Cette artialisation in situ se constate dans toutes les communes alsaciennes ayant participé au mouvement de réintroduction de la cigogne blanche, mais est particulièrement manifeste dans la ville de Mulhouse. En 2014, l’association « Mulhouse j’y crois » initie un financement participatif afin de financer l’installation d’un nid sur l’hôtel de ville50, en plein centre de cette cité connue pour son histoire industrielle dont l’héritage architectural et social tranche franchement avec les archétypes évoqués plus haut. L’association à l’origine du projet pense « que Mulhouse ne capitalise pas assez sur son appartenance à l’Alsace (…) La cigogne va apporter de la convivialité, un côté bienfaisant et une bonne image au centre-ville de Mulhouse51. » Il s’agit donc bien, dans ce projet, de construire grâce à la cigogne un paysage rappelant les villages archétypaux alsaciens créés par les artistes francophiles de la première moitié du XXème siècle, afin de correspondre à l’identité du produit touristique « Alsace » vendu par les agences de voyages et les offices de tourisme, à base de maisons à colombages, de vignes, de géraniums aux fenêtres et de cigognes. Or, on peut voir quelque chose de paradoxal dans cette volonté de créer, par cette scénographie, une forme de certification de l’identité alsacienne de Mulhouse à travers la cigogne, car l’année de l’installation du nid, 2014, est aussi celle de la destruction d’un des fleurons du patrimoine industriel de la ville, à savoir la filature géante du site DMC datant de 181252. Il y a donc unité de temps et d’espace entre la destruction de l’identité industrielle de la ville et l’adhésion aux archétypes mobilisés en direction du tourisme.
Mais la valuation de la cigogne en tant qu’élément de certification de conformité d’un espace à une spécificité alsacienne n’est pas uniquement dirigée vers les touristes. Elle est aussi mobilisée pour des besoins identitaires internes, à l’usage des acteurs de la région. Ainsi, dans le département du Haut-Rhin, deux régiments de l’Armée de Terre se livrent une certaine concurrence pour la primauté dans l’inscription au sein du territoire, mais aussi pour la capacité à attirer les recrues locales en tant que « régiment des Alsaciens » : le 152ème Régiment d’Infanterie de Colmar, et le Régiment de Marche du Tchad, situé à Meyenheim53. Or, le Régiment de Marche du Tchad possède l’avantage historique d’être le régiment du serment de Koufra54. Profitant de l’existence du label « Village Cigogne d’Alsace », le 152ème de Colmar répond en installant un nid sur le toit de sa caserne, afin de devenir le premier régiment certifié « Régiment Cigogne d’Alsace »55.
Faut-il alors accepter l’idée d’une valuation de la cigogne possible uniquement en termes de positionnement identitaire, en direction des touristes ou des Alsaciens eux-mêmes ? La réponse pourrait venir d’une intervention de Vincent Froehlicher, fondateur du Club des Ambassadeurs d’Alsace et directeur de l’ADIRA, Agence de développement économique de l’Alsace, lors de l’assemblée générale de l’Aprecial en 2010. Il y explique avoir douté de l’opportunité de bâtir une stratégie de marketing territorial en direction des investisseurs français et étrangers autour de la présence de la cigogne dans les paysages, craignant une image « ringarde » : un sondage a donc été réalisé sur les réseaux sociaux, attestant de représentations beaucoup plus positives qu’attendues. En effet, il ressort de ce sondage que les interlocuteurs du Club des Ambassadeurs d’Alsace associent la présence de la cigogne dans les paysages à une bonne qualité de vie, liée à l’image d’une région défendant une certaine idée du développement soutenable56. Il s’agirait donc là encore d’une valuation de la cigogne en termes d’identité, mais d’une identité en devenir : celle d’une région montrant sa capacité, à travers sa coproduction du paysage avec l’oiseau rescapé d’une extinction annoncée, à remettre en question le modèle de développement coupable des atteintes à la biodiversité, selon le modèle proposé par Toyooka. Une perspective demandant un engagement largement supérieur à celui permettant l’installation d’un couple de cigognes dans le centre d’une ville industrielle.
Conclusion
Étudier les aménagements négociant la coprésence des humains et non-humains dans le paysage revient donc à investiguer l’humanisation de l’environnement par le symbole, et son anthropisation par la technique, dans le processus de co-suscitation qu’Augustin Berque synthétise dans sa théorie de la médiance. Si dans nos trois exemples, nous avons rencontré dans un premier temps une volonté de réifier la cigogne, de redesigner le comportement de l’oiseau par la technique en le rendant sédentaire, en niant son agentivité à la façon d’un artefact et faisant ainsi de la valuation de la cigogne l’équivalent de l’artialisation dans le champ du design, cette attitude ne semble plus exister aujourd’hui que dans les contextes d’une valuation de l’oiseau par le sentiment d’une identité précarisée. Le projet d’aménagement lié à la réintroduction produit alors une transaction avec l’oiseau visant à correspondre aux archétypes moteurs de l’artialisation in situ, hérités de la production artistique du contexte géopolitique tourmenté de la première moitié du XXème siècle.
Aujourd’hui, le contexte de l’anthropocène incite à se concentrer sur le potentiel pédagogique du design de paysages : les exemples de Toyooka au Japon, d’Altreu en Suisse et de l’Ecomusée d’Alsace témoignent de la capacité de l’expérience sensible à produire un changement dans la valuation de la présence de la cigogne : le sujet prend alors conscience de l’oiseau en tant qu’acteur, dont la présence demande une négociation, une transaction. Or, cette prise de conscience est le premier pas dans la remise en question du métabasisme, de la déterrestration, de l’acosmie rendues possibles par la substitution d’une logique de l’être à une logique du lieu.
En prenant en compte des chaînes trajectives différentes, on peut donc espérer atteindre un même objectif : faire exister la cigogne en tant que symbole de la recherche d’une résilience, après des décennies de développement non soutenable.
Cette mission de création de récits de résilience conférée au design des territoires nécessite néanmoins l’expérience de la disparition d’une espèce, ou la crainte de sa disparition. La perspective de la Sixième extinction pourrait ainsi créer de nouveaux maillons dans les chaînes trajectives définissant l’existence du vivant aux yeux des humains, transformant définitivement les « principes, stratégies et orientations permettant d’adopter des mesures particulières concernant la protection, la gestion et l’aménagement des paysages57. »
Bibliographie
— Arnold, Philippe, Cigogne, le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992.
— Baratay, Eric, Aux sources de l’histoire animale, éditions de la Sorbonne, Paris 2019.
—Berque, Augustin, Le lien au lieu, Bastia, Eoliennes, 2014.
— Berque, Augustin, Médiance, de milieux en paysages, Paris, Belin, 2000.
— Berque, Augustin, Le sauvage et l’artifice, les Japonais devant la nature, Paris, Gallimard, 1986.
— Berthier, Alizé, Oiseaux urbains ? Les conditions d’une cohabitation humains-animaux dans le Grand Paris, thèse de géographie soutenue en 2019 à l’université Paris 1.
— Bischoff, Georges, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace, Pontarlier, Editions du Belvedere, 2015.
— Sylvie Brunel, La planète disneylandisée, Paris, Sciences humaines, 2012.
— Chansigaud, Valérie, Des hommes et des oiseaux. Une histoire de la protection des oiseaux, Paris, Delachaux, 2012.
— Godet, Laurent, Les oiseaux anthropophiles : définition, typologie et conservation, Annales de géographie, Paris, Armand Colin, 2017.
— de Planhol, Xavier, Le paysage animal : l’homme et la grande faune, une zoogéographie historique, Paris, Fayard, 2004.
— Roger, Alain, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 1997.
— Schutz, Holger, Boten des Wandels, Den Störchen auf der Spur, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt Polaris, 2019.
— J.Wolch et J.Emel, Animal Geographies. Place, Politics and Identity in the Nature-Culture Borderlands, Brooklyn N. Y., Verso, 1998.
-
Les opérations de réintroduction en Alsace sont caractérisées de « nec plus ultra » dans : De Planhol, Xavier, Le paysage animal. L’homme et la grande faune : une zoogéographie historique, Paris, Fayard, 2004, p.477. La politique de la ville japonaise de Toyooka est saluée par le documentaire de Levy-Yamamori, Ran, Kounotori, 2017, EcoNature Productions. La Suisse produit un timbre pour célébrer la réussite de son programme de réintroduction. ↩
-
Par valuation, nous entendons le processus par lequel les sociétés humaines donnent de la valeur à leur relation avec la cigogne, à sa présence dans les espaces où elles cohabitent. Cette valuation repose sur un processus d’amélioration d’une situation ( ici, la diminution ou même la disparition des cigognes), assorti d’une évaluation des moyens corrélés à une fin en vue ( par exemple, le retour des cigognes dans le paysage, pour des motifs propres à chaque société). ↩
-
Matthey, Laurent, « Les faiseurs de paysage. Ethnographie d’un projet urbain. », dans L’information géographique, 2013, n°77/1, p. 6 sq. ↩
-
« La trajection, c’est la « tension vers » qui est à l’oeuvre entre l’environnement et le milieu » : Berque, Augustin, Le lien au lieu, Bastia, éditions éoliennes, 2014, p. 198. ↩
-
Design est ici utilisé en référence au document élaboré par la préfecture de Hyogo, dont dépend la ville de Toyooka, afin de présenter ses actions permettant le retour de la cigogne orientale dans les paysages de la région : Hyogo Prefectural Board of Education and Hyogo Park of the Oriental White Stork, Grand design for the reintroduction of the oriental white stork, 2011. Le terme design est employé ici au sens anglo-saxon de dessiner et concevoir en fonction d’un plan, d’une intention, d’un dessein. ↩
-
Paratexte du documentaire Kounotori, op.cit. ↩
-
Hyogo Prefectural Board of Education and Hyogo Park of the Oriental White Stork, Grand design for the reintroduction of the oriental white stork, 2011.
-
Levy-Yamamori, Kounotori, EcoNature Productions, 2017. ↩
-
Berque, Augustin, De milieux en paysages, Montpellier, GIP Reclus, 1990. ↩
-
Kazuaki Naito, Naoki Kikuchi, Yoshito Ohsako, « Role of the oriental stork in maintaining the cultural landscape in the Toyooka bassin, Japan, » dans Hong Sun-Kee, Bogaert Jan et Min Qingwen, Biocultural Landscapes, Dordrecht, Springer Science+Business Media, 2014. ↩
-
Ces supports de nids artificiels sont des mats d’une hauteur d’environ six mètres, munis d’une embase plane permettant à l’oiseau de construire son nid. Ils ont été installés afin de trouver une alternative aux pins rouges, sur les cimes desquels nichaient traditionnellement les cigognes orientales, jusqu’à la disparition de ces arbres due à leur surconsommation par l’industrie dès la Seconde guerre mondiale ainsi qu’aux pratiques de l’agriculture intensive dans les années 1970. ↩
-
Visible sur le site de la coopérative de Tajima, [https://www.ja-tajima.or.jp/en/sugoi/kounotori.html ↩
-
Berque, Augustin, « La perception du milieu japonais au prisme du Haiku », Poésies et écologies, Maison de la poésie de Nantes, 28 novembre 2015. ↩
-
Visible sur le site de la ville de Toyooka : [https://www.city.toyooka.lg.jp/ ↩
-
Levy-Yamamori, Kounotori, op.cit. ↩
-
Top excellent short film prize/GUKIFF Awards 2018 (Corée du Sud), PhotoDiversity Film Festival 2018 de New-York. Consultable sur la page Facebook du film : [https://frfr.facebook.com/pages/category/Movie/Kounotori-134458390570020/ ↩
-
Berque, Augustin, Le lien au lieu, Bastia, Editions éoliennes, 2014.
Le métabasisme y est défini comme « un découplage radical entre le monde humain et sa base terrestre ou naturelle», p. 43. ↩
-
Arnold, Philippe (dir), Cigognes, le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992. ↩
-
Hebel, Johann Peter, « Der Storch », in Alemannische Gedichte, Karlsruhe, 1803 ↩
-
Lagerlöf, Selma, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, Paris, Perrin, 1912 ↩
-
De Waldner de Freundstein, Henriette Louise, Mémoires de la Baronne d’Oberkirch, Paris, Charpentier, 1869. ↩
-
La roue de chariot, largement disponible dans les campagnes, offre la surface plane dont l’oiseau a besoin pour construire son nid, à plus forte raison sur les toits pentus caractéristiques de l’Alsace, où la chose serait sinon impossible. L’association poétique entre le chariot et le caractère nomade de la cigogne que nous serions aujourd’hui tentés de faire n’est néanmoins pas attestée par les sources. ↩
-
Bulletin de la SIM, 1927. ↩
-
Schierrer, Alfred, Quarante années d’observation et de recherche sur la cigogne blanche en Alsace, CICONIA 10, 1986, p. 1 sq. ↩
-
Schierrer, Alfred, op.cit. ↩
-
Cigogne-Suisse/Storch-Schweiss, et APRECIAL (Association pour la réintroduction de la cigogne en Alsace) ↩
-
Schutz, Holger, Boten des Wandels, Den Störchen auf der Spur, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt Polaris, 2019. ↩
-
Le texte de la résolution est disponible sur le site de Storch-Schweiz, l’association suisse de protection des cigognes. https://www.storch-schweiz.ch/fileadmin/user_upload/pdf_dateien/resolution.pdf ↩
-
Cigogne-Suisse, Plan d’action Cigogne Blanche Suisse, 2010. Disponible sur le site de l’association : https://www.storch-schweiz.ch/fr/projekte/aktionsplan-weissstorch-schweiz/ ↩
-
Site de Cigogne-Suisse, même page qu’indiqué plus haut. ↩
-
Site du centre d’information d’Altreu : https://www.infowiti.ch/fr/centre-dinformation/bienvenue-au-centre/ ↩
-
C’est le cas du projet de renaturation de la Witi mené par le canton de Soleure, comportant un volet « cigognes ».
https://so.ch/fileadmin/internet/bjd/bjd arp/Natur_und_Landschutz/pdf/Aktionsprogramm_Riedfoerderung_Witi_rev-2011.pdf ↩
-
³³ https://www.visit.alsace/239003168-le-nourrissage-des-cigognes/ ↩
-
LPO Alsace, Position de la LPO Alsace concernant le renforcement des populations de cigognes blanches, décision du conseil d’administration du 19 mars 2002. ↩
-
Bischoff, Georges, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace, Pontarlier, Editions du Belvedere, 2015. ↩
-
Daudet, Alphonse, Les cigognes, légende rhénane, Paris, E.Giraud et Cie Editeurs, 1884. ↩
-
Regamey, Jeanne et Frédéric, Au pays des cigognes, récits d’Alsace, Paris, La librairie mondiale, 1907, p. 51. ↩
-
Les images archétypales les plus influentes étant celle créées par le dessinateur Hansi, pseudonyme de Jean-Jacques Waltz, né à Colmar en 1873. ↩
-
Axel Mayer, Umweltgeschichte, Regionalgeschichte, dans :
-
Les dialectes alsaciens font partie de la famille des langues alémaniques. Encore largement parlés par la population dans les années 1970, ils constituent alors une langue de communication entre Alsaciens, Badois et Suisses alémaniques ↩
-
Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, Pays d’Alsace n°110, 1 janvier 1980 : présentation de l’œuvre de Eugène Phillips, L’Alsace face à son destin, la crise d’identité, Strasbourg, Société d’édition de la Basse Alsace, 1978. ↩
-
Dernières Nouvelles d’Alsace, 1/03/1986. ↩
-
Sylvie Brunel, La planète disneylandisée, Paris, Sciences humaines, 2012. ↩
-
Correspondance particulière avec l’auteur. 20 octobre 2021. ↩
-
Page Facebook de l’Ecomusée d’Alsace, 6 mai 2020, 12hO3. Consulté le 10 octobre 2021. ↩
-
Site internet de Marc Grodwohl, Une muséographie vivante de l’agriculture, 1986-2006.
www.marc-grodwohl.com/memoires-l-ecomusee-d-alsace/museographie-vivante-l-agriculture-1986-2006, consulté le 19 octobre 2021. ↩
-
Aprecial : Association pour la réintroduction de la cigogne en Alsace ↩
-
Roger, Alain, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 1997, 216 pages.
L’auteur y décrit deux modalités de l’artialisation : « La première est directe, in situ ; la seconde indirecte, in visu, par la médiation du regard. » p.16. ↩
-
Dernières Nouvelles d’Alsace, 28 février 2014. [https://www.dna.fr/edition-de-mulhouse-et-thann/2014/02/28/un-nid-de-cigogne ↩
-
Journal L’Alsace, 22/09/2013. ↩
-
Journal L’Alsace, 4 janvier 2014. [https://www.lalsace.fr/haut-rhin/2014/01/04/l-irreversible-a-ete-commis ↩
-
Parmi les signes cette concurrence : l’épisode du vol d’un emblème du 152 par des hommes du RMT.
Lagneau, Laurent, « Guerre des boutons à Colmar », sur le site Zone militaire/ Opex360, 26 septembre 2011.
http://www.opex360.com/2011/09/26/guerre-des-boutons-a-colmar/ Consulté le 27/06/2022. ↩
-
Serment prononcé par le général Leclerc, le 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». Il s’agit alors de délivrer l’Alsace annexée par le régime Nazi. ↩
-
Dernières Nouvelles d’Alsace, 19 février 2015. https://www.dna.fr/edition-de-colmar/2015/02/19/operation-regiment-cigogne-de-france . Consulté le 27/06/2022. ↩
-
Intervention de Vincent Froehlicher lors de l’AG de l’Aprecial, 2010. [https://www.youtube.com/watch?v=4wCNs8Wn2oI ↩
-
Définition de la politique de paysage par la Convention européenne des paysages de Florence, 20 octobre 2000. ↩