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La place du geste dans la représentation des femmes de sciences, in Femmes de sciences
Cet article propose d’interroger la place du geste scientifique dans l’iconographie des femmes de sciences, mais également d’analyser les possibles mises en valeur de ce geste grâce aux médias illustratifs et didactiques. En effet, l’iconographie de la recherche scientifique présente des biais de représentation très spécifiques. Celle-ci se caractérise par une très grande majorité de figures masculines, dépeintes dans des postures héroïques, au moment charnière de la découverte ou dans une réflexion intense. Ces représentations alimentent l’idée du génie scientifique masculin, mettant très peu en avant le véritable travail de la recherche et participent à rendre le travail scientifique des femmes moins objectif que celui des hommes1. Les femmes subissent doublement ces biais iconographiques. D’abord en sous-représentation et invisibilisées, elles sont également très peu représentées à l'œuvre. Pourtant vecteurs de vérité, la manipulation et le geste scientifique menés par les femmes de savoir ne possèdent qu’un très faible patrimoine visuel. L’article propose donc d’analyser les mécanismes à l’oeuvre dans cette invisibilisation du geste scientifique des femmes de sciences, mais aussi de savoir en quoi des médias tels que l’illustration scientifique, la médiation et la didactique peuvent rendre compte de ses gestes, pour se les réapproprier et replacer les femmes dans une objectivité scientifique ? Autour de cette question, il s’agit en plusieurs temps et à partir d’étude de cas d’analyser la place de la femme et du geste scientifique, pour mener l’ensemble vers une réflexion plus globale de la médiation du geste. Ainsi, dans un premier temps, la réflexion se concentre sur le problème de l’approche genrée des métiers2, mis en relation avec l'iconographie scientifique3. Dans un second temps, il y est abordé la difficulté de représentation du geste, dans sa temporalité et sa technicité4. Enfin, il est question d’élargir les horizons de représentation et de poser la question de monstration du geste par d’autres médiums, tel que l’art, la didactique, au-delà de l’iconographie5. Ces médiums pourraient ainsi permettre de mieux révéler l’objectivité scientifique des femmes de sciences, mais aussi de se réapproprier leur geste, dans un nouveau but de médiation. L’article serait accompagné d’une illustration scientifique évolutive qui suit les interrogations et évolue au regard de celles-ci. En suivant le déroulé de la réflexion, il s’agirait de montrer tout d’abord une femme de science dans son lieu de travail. Puis, d’étendre cette image à un ensemble plus narratif développé autour du geste, pour ancrer la scientifique dans son contexte et dans son travail. Enfin, l’ensemble pourrait évoluer en une proposition expérimentale et didactique, plus précisément une notice permettant de reproduire ce geste, pour faire le lien avec la notion de réappropriation du geste scientifique6.