Entretien avec Aude Briet
Jade Tessiot

Propos tenus part Jade Tessiot

Le Musée des Arts Décoratifs de Paris consacre une pièce dédiée aux rapports entre design et artisanat. Dans le cadre d'un projet de recherche s'inscrivant dans notre cursus de Master Design, Métiers et industries d'Art, nous sommes allés à la rencontre de plusieurs designers. Notre objectif est de se saisir du processus de collaboration entre designers et artisans d'art afin de comprendre la création d'objets uniques témoignant de savoir-faire singulier.

Aude Briet, est designer et installée à Saint Etienne depuis ces débuts. En 2018, elle ouvre sa propre boutique « Au’ DesignConcept ». Elle travaille sur la conception de mobilier et espace sur mesure. Cette agence fonctionne sur des principes de collaborations avec des professionnels pour tendre vers la conception artisanale. Le designer met en œuvre un réseau de spécialistes et propose alors un large éventail de matériaux. Elle cherche à explorer toutes les possibilités esthétiques, fonctionnelles et innovantes, pour assurer un meilleur service.

JADE TESSIOT1 : Bonjour, vous êtes originaire de Saint-Étienne ou vous avez aussi obtenu votre diplôme. Vous avez réalisé vos études dans l'école d'art et de design de cette ville ; Pourriez me décrire votre parcours avec un peu plus de détails ?

AUDE BRIET2 : Je suis originaire de Saint-Étienne. Je vivais déjà ici et avais donc 17 ans quand j'ai eu mon bac. À l'époque, l'école de design n’était pas ouverte aux personnes mineures. Je me suis donc orienté vers des mises à niveau d’art plastique, pour me sensibiliser avant les études supérieures. Je me suis quand même présentée aux concours de l’école de design en l’imaginant comme un entrainement pour l’année prochaine. Il se trouve que j’ai été prise du premier coup. J’ai eu de la chance, car c'était une belle école qui venait juste de déménager. L'année où je suis arrivée, elle venait juste d’être déplacée à l'arrière de la cité du design pour développer son option design. On avait des locaux énormes et tout neufs, avec énormément de machines parfaites pour tous les petits curieux. J'ai voulu être styliste de mode, architecte ; c’étaient toujours des métiers créatifs. Puis mon cursus s’est fait à l'école de design parce que c'était plus libre que l'architecture. Cette discipline est beaucoup plus de normes et de règles à respecter ; le design a plus de possibilités créatives.

J.T : En 2018, il y a 4 ans, vous avez décidé de créer votre agence ; Comment avez-vous procédé ?

A.B : En 2015, je me suis mise à mon compte à la sortie de mes études, plus précisément 6 mois après. Je voulais travailler avec l'artisanat d'art. Quand j'ai fini mes études, j'ai voulu trouver une profession où l’on pouvait être salarié tout en collaborant avec les artisans d’art. Je voulais travailler comme je l'avais déjà fait pendant mon diplôme, sur de la cocréation avec des artisans. Je n’ai pas trouvé donc, je me suis mise à mon compte. J’ai occupé des bureaux pendant un an et demi, puis j’ai ouvert ma galerie. La date que l’on peut trouver correspond donc à l’ouverture de celle-ci. Je me suis rendu compte que les artisans rencontraient tous la même problématique ; Ils ont besoin d’un lieu pour exposer. Ils n’ont pas d’endroit pour montrer leurs pièces et les clients ne viennent pas très souvent dans les ateliers. Quand on va faire faire une pièce, en général, on commande chez soi, ils fabriquent reviennent chez vous. Leurs créations avaient donc peu de visibilité. C’est la raison pour laquelle j’ai saisi l’opportunité d'acheter ces locaux, pour mettre en valeur ce travail artisanale.

J.T : Votre entreprise existe donc depuis peu de temps, et pourtant, vous avez beaucoup de travaux en coopération avec les artisans. Avez-vous envisagé d'élargir votre travail collaboratif, et donc, d'agrandir encore un peu plus votre agence en accueillant par exemple de nouveaux collaborateurs employés ?

A.B : Malheureusement, ce n’est pas le projet, car il est assez compliqué d'embaucher. L'agence a mis du temps à devenir rentable pour me permettre de vivre correctement. Ce sont des professions longues, qui fonctionnent beaucoup aux bouches à oreilles. C'est une profession qui n’existait pas spécialement ; je ne suis ni architecte, ni décorateur, mais l’entre deux. Il a donc fallu se faire connaitre. Je suis plus dans une dynamique de créer un collectif avec plein de savoir-faire différents et des compétences différentes de façon indépendante. On proposerait de répondre à des projets en commun tous ensemble. Nous sommes déjà dans cette logique avec les artisans et qui je travaille. Si j'avais à intégrer par exemple, un graphiste ou des professions similaires, ce serait sous la même forme de partenariat que celle que je fais actuellement avec les artisans.

J.T : Vos projets favorisent plutôt la conception artisanale. Vous parlez de faire travailler l'artisan dans le respect de son art. Vous collaborez maintenant avec une trentaine d'artisans qui viennent de divers domaines. C’est pour vous une vision un peu plus éthique par rapport à la conception du mobilier. Pourrions-nous développer ce point et parler de ce qui a motivé votre choix pour la création artisanale ?

A.B : Pour moi, c’est principalement l’humaine en lui-même qui m’a intéressé, car j’ai toujours été très admirative du travail que font les artisans. Ils ont de l'or dans les doigts. Ce sont vraiment des gens qui ont énormément de talent. Je n’ai pas cette chance-là, je ne suis pas très douée de mes mains pour fabriquer des choses. J'avais une formation qui me permettait d'avoir un regard différent, peut-être plus de recul. Je ne connais rien de leur métier d'un point de vue technique. Donc quand je dessine, je n’ai pas de limite par rapport à ce qui est possible de fabriquer. Je me suis rendu compte que, ceci les intéressait, car ils sont curieux, ont toujours envie de découvrir des nouvelles choses et de trouver des solutions. Ils se trouvent donc face à une problématique de fabrication. Puis, nous retravaillions le dessin ensemble. J’amène une idée qui n'est pas réalisable telle quelle et l'artisan va réfléchir avec moi à une solution pour savoir comment elle peut être fabriquée. C'est là que toute la cocréation vient se faire. Il y a un partagé entre le travail du designer et l'artisan qui est très intéressant. À la fin, on obtient une pièce qu'on a créée ensemble, avec nos idées. Le projet est donc toujours plus riche pour travailler. D’un point de vue éthique, j’essaye de faire en sorte que l’on puisse acheter une pièce à un artisan, comme pouvaient faire nos grands-parents. Avant, nos grands-parents allaient chez l’ébéniste pour la fabriquer leur meuble. Aujourd'hui, c'est compliqué, car nous ne sommes pas rassurés à aller voir un artisan. On ne sait pas combien cela va nous couter, ni à qui s’adresser. Le rôle de la galerie reprend cette idée. Le client peut venir sans même avoir réellement un projet. L’idée est de venir voir tous les savoirs faire qui existent et tout ce qu'il est possible de réaliser. Je vais accompagner dans le projet. J’oriente le client vers l’artisan spécialisé dans la maitrise du matériau en question, on chiffre le budget. On revient alors dans un contexte qui rassure. Les clients entrent dans la galerie comme ils entreraient dans une boutique. On a un lieu physique avec des échantillons et des pièces finies que l’on peut toucher.

J.T : Vous accordez un intérêt pour le patrimoine artisanal de la région et la localisation de votre argent vous a permis de trouver beaucoup de monde pour composer votre équipe. C'est une étape qui a sûrement dû demander beaucoup d'investissements. Vous avez donc dû sûrement créer votre réseau d'artisans vous-même. Comment est-ce que vous avez procédé dans vos recherches, quels étaient vos critères ?

A.B : Ça a commencé pendant mes études. À partir de la 4e année, j'avais plus envie de travailler dans les ateliers de l'école de design. Je voulais aller voir ailleurs. J'ai commencé à frapper à des portes d'entreprise pour m’aider à réaliser mes pièces de diplôme. J’ai rencontré un artisan verrier avec qui j'ai travaillé pendant 2 ans dans ses ateliers. J'ai commencé à être curieuse et à contacter de manière assez informelle les entreprises en leur expliquant mon projet. Ce processus prend énormément de temps. Il faut se déplacer, apprendre, rencontrer des personnes… Mais ceci est très nourrissant, car les multiples rencontres avec les artisans ont nourri mon travail. C’est comme si l’on continuait à étudier. À partir du moment où j'ai eu la galerie, ça a commencé à se savoir, et donc, c'est l'inverse qui s’est produit. Les artisans me contactent pour me présenter leur savoir-faire ; je n’ai plus besoin d'aller vers eux, ce sont eux qui viennent vers moi. Ceci me permet de continuer à découvrir de nouveaux savoir-faire tous les jours.

J.T : Ce travail de collaboration avec des artisans apporte du savoir et doit sûrement nourrir vos créations. Dans le travail de designer, on sait qu’il est très important de s’informer sur le matériau et les possibilités techniques. Comment s'effectuent ce travail de collaboration avec l'artisan et en quoi vous est-il bénéfique ?

A.B : Ça se fait très naturellement. C’est-à-dire, qu’on se rend compte, se pose autour de la matière. Ils proposent des échantillons en expliquant leur processus pour obtenir ce résultat. On peut ensuite le transformer de plusieurs marinières, le plier, le couper… Par exemple, il est possible de couper la céramique, mais seulement avec des angles intérieurs, car ça fragilise la matière. L’artisan donne des contraintes. Parfois, il ne les donne pas toutes, on va les découvrir en dessinant. Il m’est arrivé de me rendre compte, lorsque je dessinais, qu’il n’était pas possible de réaliser l’objet. Celui-ci ne peut pas prendre telle forme ou n’est pas assez solide… Il y a un échange, un dialogue avec eux. Des matériaux aujourd'hui, j'en ai une multiplicité, je ne les connais pas tous par cœur. Je ne connais pas au millimètre près les contraintes de chacun. À chaque projet, on va donc étudier et essayer de pousser la matière un peu plus loin encore. Nous étudions en permanence le métier de designer et n’avons jamais fini d'apprendre ; À chaque nouveau projet, on en sait davantage. Il faut à chaque fois faire un nouveau travail de recherche pour arriver au résultat final.

J.T : Malgré le choix du client, est-ce qu’il y a un matériau avec lequel vous préférez travailler ?

A.B : Je n’ai pas de préférence de matière. Il y a tout de même une matière que je trouve magique, lorsqu’on la manipule ; c’est le verre. Ça m'a toujours beaucoup fasciné, car on peut le travailler principalement à chaud. Il y a donc plein de techniques ; on peut le couper, le ciseler, le graver, le peindre. Il y a quelque chose d'assez magique, car lors de sa transformation, on ne voit pas tout à fait le résultat final. Il y a donc un côté un peu féérique de cette matière. Je pense que c'est le matériau qui me fait le plus rêver. Mais tous les matériaux sont intéressants à travailler.

J.T : Votre métier n’est pas de tout repos puisqu'il comporte aussi un travail entrepreneurial. Vous avez sûrement un emploi du temps qui est assez chargé. Il faut jongler entre les deux métiers. Est-ce que vous alors pourriez me raconter une journée type dans votre peau ?

A.B : J’ai difficilement des journées type, cela dépend beaucoup des projets. Il y a des périodes où je suis dans un gros projet, et donc, il y aura des phases où je vais être dans le dessin et la création. Puis d’autre moment où j’ai beaucoup de rendez-vous avec le client. Certaines phases se réalisent aussi sur chantier. Il y a des moments plus calmes que les autres. Je vais peut-être avoir quatre jours où je vais être à fond sur quelque chose, puis après, quatre jours sur autre une autre tâche. En général, la phase comptabilité entrepreneuriale vient plutôt dans la fin de la journée. Pour la phase entrepreneuriale, il faut savoir bien s'entourer. On se rend compte que le banquier, l’assureur, l’expert-comptable et l’avocat deviennent très proches de nous. Dans mes études, il n’y a pas d'accompagnement sur l'entrepreneuriat. Quand il y a quelque chose que l’on ne sait pas faire, il faut pouvoir appeler quelqu'un. Sinon, on perd beaucoup de temps et l’on peut commettre des erreurs. Il n’y a pas du tout de journée type. C'est toujours différent, ce qui est très intéressant et motivant.

J.T : En naviguant sur votre site internet, j'ai pu me sensibiliser un peu à votre travail. Je suis tombée sur le guéridon Tournaire et ai trouvé ça intéressant. La mise en évidence du bois, le travail formel m’ont intriguée. Pouvez-vous me parler de la pièce ?

A.B : C'est un projet qui fait intervenir un autre designer ; Antoine Jourdan. Ce travail est né d'une réflexion entre Antoine Jourdan et Tournaire. Ils travaillaient sur une notion de bijoux, donc le guéridon ressemble à une bague. Il y a eu un partenariat avec un ébéniste, pour la partie en bois, et un serrurier pour le piètement. Ils m'ont contacté pour la mise en valeur de leur travail. C'est une collection qui n’est pas seulement composée d’un guéridon. L’objet a été exposé pour la biennale du design. Cette collection continue d'exister et est actuellement exposée au showroom de Tournaire. Il a commencé à travailler une gamme de mobilier de décoration avec des luminaires. C’est une collection « haute-couture ». Il pense aussi les interrupteurs et des collections de boutons de poignets. On se rend donc compte que concevoir, c’est tout dans les détails parfois. La collection haute couture est très intéressante, car elle fait intervenir la société Tournaire, mais aussi un ébéniste, un serrurier, un designer et une galeriste. Nous sommes donc cinq sur une collection ; c’est là où l’on voit que là le partenariat et là cocréation prend tout son sens.

J.T : Parmi les sujets qui touchent le domaine du design, il y a l'écologie. Une grande partie des responsabilités reviennent au designer. Il doit imaginer un objet qu'il soit respectueux de l'environnement. Comment envisagez-vous la place de l'écologie dans ce travail artisanal ?

A.B : Un meuble sur-mesure c'est un meuble qui va durer dans le temps. Il va être légué ses enfants et n'est donc pas jetable. Nous ne sommes pas dans de la surconsommation, nous avons une vision durable. Certains clients sont plus sensibles à l'écologie que d'autres. On va donc être plus vigilant sur le type de lacs utilisé, aux matériaux, à la composition de la colle… Le choix d’un artisan local est envisagé. On va vraiment essayer de rester au plus près du client pour éviter l'empreinte carbone. Il y a aussi tout le monde de la récupération qui est très intéressant. Dans la région, on a différentes entreprises qui travaillent sur du relooking, la récupération et le détournement d'objets. Dans la galerie, actuellement, il y a un fauteuil réalisé avec des portes d'armoire. Elle était vouée à être jetée. À partir du moment l’on crée quelque chose, il y a toujours une empreinte. L’idée qui me tient le plus à cœur, c'est celle du durable. Le meuble doit être suffisamment intemporel pour qu'il puisse être légué et aux enfants, petits-enfants. Il y a une histoire qui se développe autour du meuble.

J.T : Vous avez une collection qui tourne autour du terme « d’upcycling », puis-je en savoir plus ?

A.B : Je travaille avec différentes personnes s’intéressant à la notion de récupération. L'idée est de réduire l'empreinte écologique et donner une sorte de cachet à l’objet. Il a encore plus de vécu. On ne part pas d’une matière neuve, mais de quelque chose qui a déjà une histoire. C’est le storytelling dans l'objet. Il a son importance, car c'est ce qui va lui donner son supplément d'âme. Quand le client s’attache au meuble, il va le garder, et c’est là que son histoire va se construire. Un jour, un couple de clients nous ont fait faire une table basse avec du verre, du bois et du bronze. Ceci était pour leur cadeau de mariage. Il y avait trois matériaux, trois savoir-faire différents. C’est un objet de valeur sentimentale qui va donc va durer dans le temps. Il y a un sot de famille sur la table. C’est réellement un objet personnel.

J.T : D’un point de vue numérique, cela est complexe avec les réseaux sociaux et les sites internet, qu’en est-il de l’ordinateur en lui-même ? Vous utilisez surement des logiciels…

A.B : On l’utilise pour la conception pour de la 3D, des dessins vectoriels ou de la fabrication pour l'impression 3D. Pour l'impression, il y a des choses extraordinaires à faire pour les pièces uniques. Pour moi, c’est encore compliqué, en réalisant des pièces uniques, le cout monte très rapidement. L'impression a un intérêt quand on fait des petites séries. Les grandes sociétés travaillent beaucoup avec l'impression. Ils impriment puis réalisent des moules et viennent couler à l'intérieur. Le numérique dans la fabrication, dans son outil technique, est totalement envisageable. Ce sont des choses vers lesquels je pourrais tendre, au fur et à mesure. Les nouvelles technologies vont nous permettre de plus en plus de faire de la pièce unique à des coûts abordables. Le numérique, dans sa partie commercialisation, n’est, pour le moment, pas quelque chose qui m'attire. J'ai l'impression de perdre un peu cette âme que l’on retrouve chez l'artisan. Quand les pièces sont fabriquées, c'est un artisan qui va lui-même enfin rencontrer la cliente. Et avec cet outil, on perd tout ce contact humain.

J.T : En vous projetant dans le futur et imaginant que vous avez les moyens et techniques et financiers. Comment vous projetteriez vous dans votre agence dans une dizaine d'années ? Quelles seraient les moyens que vous mettriez en place pour poursuivre son développement, sans pour autant remettre en question cette question éthique autour de l'artisanat ?

A.B : Il y a plein de choses qui m'intéressent. Je pense que ça serait de pouvoir travailler davantage sur des chantiers un peu partout, enfin en France. J’aimerais pouvoir me déplacer plus facilement. Je ne sais pas comment je procèderai. Mais peut-être serait-il possible de créer un lieu où il y aurait tout au même endroit ; bureaux, matériauthèque… Il y a quelque chose qui m'intéresserait beaucoup. Ça serait de créer des espaces atypiques qui sortent de l'ordinaire. On pourrait venir les louer soit pour du coworking, soit pour de la nuit. On pourrait proposer des espaces où l’on pourrait venir passer juste une nuit en amoureux. Tout serait décoré avec des pièces de recyclage. Une autre chose qui serait intéressante ; nous pourrions proposer la vente des pièces dans l’endroit où vous allez dormir. Nous pourrions partir sur des concepts qui sortent de l'ordinaire, sortir des sentiers battus et casser les codes. Il serait peut-être possible d’imaginer des lieux de partage qui mettent en valeur le savoir-faire des artisans.


  1. Jade Tessiot est étudiante en Master 1 « Design, métiers et industries d'art », Université Jean Monnet, Saint-Etienne, 2022-2023 

  2. Aude Briet est designer responsable de sa boutique « Au’ DesignConcept ». Elle travaille sur la conception de mobilier et espace sur mesure.