Présentation
Pierre Bourdareau, Claire Azéma, Christian Malaurie

Claire Azéma Ancienne élève de l'ENS de Cachan, agrégée d'arts appliqués, Maître de conférences en design à l'Université Bordeaux Montaigne, laboratoire CLARE, équipe ARTES. Ses thèmes de recherches portent sur les relations entre art contemporain et design (happening et design), le Bricolage et la seconde vie des objets et textiles, le Faire en design, anthropologie et micro-projet et l'étude des situations et restitutions de workshops en design.

Pierre Bourdareau Ancien élève de l’ENS de Cachan, agrégé d’arts appliqués, il est Maître de conférences en design à l'Université Bordeaux et a soutenu une thèse en architecture. Membre de l’UR CLARE/ARTES, ses recherches portent sur la relation entre architecture et cinéma et s’intéresse en particulier aux incidences de la fiction dans le design et la création numérique. Il est actuellement co-directeur de la section arts-plastiques design de l’UBM.

Christian Malaurie Enseignant-Chercheur DR-HDR, département des Arts, université Bordeaux Montaigne, Membre de CLARE-ARTES EA 4593.
christian.malaurie@u-bordeaux-montaigne.fr

WORKSHOP(S) : La fabrique du faire / 2 : RESTITUTIONS

Après une première journée d'étude en décembre 2018 (Workshop(s) / La fabrique du faire / 1 - Situations) au cours de laquelle nous avons abordé les aspects historiques, méthodologiques et pratiques du workshop, nous consacrons, en octobre prochain, une deuxième session de communications aux effets, aux conséquences et à la portée médiatique des pratiques du workshop. Cette deuxième journée d'étude est organisée hors mes murs de l'université, en partenariat avec la Fabrique Pola, « Port d'attache de pratiques artistiques et culturelles en Nouvelle Aquitaine».

Dans sa durée limitée, éphémère voire sa dimension performative, le Workshop implique en effet de questionner ses restes, ses traces, ses témoignages. De l'atelier artisanal hérité des traditions au studio de l'artiste, en passant par le workshop performé ou envisagé comme un happening, la forme du workshop a connu de nombreuses évolutions. Depuis le cours préliminaire du Bauhaus, le Black Mountain College, les expériences de Global tools et nos pratiques actuelles, le workshop semble s'acquitter d'une double mission, celle de produire une expérience créative singulière, souvent intense, et une autre, relative à sa nature événementielle qui est de faire savoir, de communiquer sur ce qui s'est produit durant ce moment. Si dans les années 1970, les designers communiquaient le plus souvent les produits issus d'un workshop par le biais de photographies, de nos jours, ils ou elles disposent d'une palette beaucoup plus large d'outils et de médias pour faire connaître les intentions, le déroulement ou les résultats d'un workshop.

Au cours de cette deuxième session de communications, nous aborderons tout d'abord la question suivante : du processus de conception et de production qui s'expose en direct, à la restitution a posteriori, comment rendre compte de l'expérience produite lors du workshop ?

Restitution et improvisation

Manola Antonioli et Alessandro Vicari posent les bases d'un questionnement central autour de la restitution des phases improvisées du projet. Proposant un parallèle avec l'improvisation de jazz et ses enregistrements, ils montrent la difficulté fondamentale de la quesiton de la restitution de moments imprévisibles.

Restitution et dimension sociale du workshop

Les designers œuvrant dans des workshops dans des quartiers ciblés, en lien avec les territoires et les institutions locales, ont souvent besoin de tisser un réseau de partenaires de types variés, les traces et les restitutions sont à lire dans un contexte social donné, elles possèdent même une dimension politique.

Annabelle Eyboulet témoigne de cas pratiques de restitutions propres au collectif Bruit du frigo. Elle explique les stratégies développées auprès des publics auxquels s'adressent les projets du collectif.

Autre cas pratique, Lise Cognard témoigne de l'intérêt du workshop dans le design social de service en retraçant son projet participatif Déjouons les frontières et ses restitutions.

Restitution et documentation de la pratique

D'un point de vue global sur la question de la restitution qui est une question courante dans le champ des arts, nous aurons à envisager les spécificités de la restitution des processus de projet comme récits de workshops. Quels outils sociologiques, anthropologiques, esthétiques pourraient éclairer le compte rendu du projet en train de se faire ? Comment observer et rendre compte du « faire », des « lignes de croissance » des artefacts et des supports de médiation produits lors de l'événement ? Comment garder trace des interrelations entre le flux de la conscience et la matière-flux des praticiens engagés dans ce moment ?

Le propos de Yann Aucompte s'appuiera sur la restitution d'un workshop mené avec des étudiants de DNMA De Graphisme dans une école primaire de Sèvres (92). Les approches documentaires sont empruntées depuis quelques années aux champs du design d'objet, de l'anthropologie et de l'ergonomie. Il s'agit ici de questionner dans quelle mesure cette recherche de documentation apporte une approche nouvelle au design graphique.

Julien Drochon, quant à lui, évoquera un outil numérique de documentation de la pratique en temps réel au travers du projet Vox machine qu'il a mené à l'ESAD Pyrénées.

Restitution et engagement

La restitution constitue un parti pris sur le projet et son vécu, comme tout discours il engage celui qui l'énonce.

Pierre Baumann, Chloé Bappel, Tomas Smith, Esther Pontoreau et Marlaine Bournel présentant différentes restitutions de pratiques artistiques développées sur des terrains géographiques variés nous soumetteront leur point de vue sur la restitution comme forme engagée.

Nathalie Bruyère et Victor Petit, quant à eux, reviendront sur le moment Global Tools, non-école de design créée en 1973 par les acteurs du design radical italien. Leur choix de Global Tools d'imaginer un programme construit sur une série de plusieurs workshops et d'une restitution dans les revues spécialisées de l'époque (Casabella) seront éclairés et mis en question par les intervenants.