Éditorial
Catherine Chomarat-Ruiz

1. À l’origine


Figure 1. Le programme 2019-2020

Depuis 2019-2020, l’École des arts de la Sorbonne organise un cycle de conférences et de rencontres avec des chercheurs et/ou des professionnels issus des champs du design, des arts et des médias. Ouvert à toute personne curieuse des « frictions » et de l’actualité de ces domaines, il est à l’origine pensé en relation avec le Master 2 « Design, Arts, Médias » de Paris 1. Afin de compléter la formation suivie dans ce domaine, il se compose de huit séances qui, pendant trois heures, réunissent des acteurs/penseurs autour d’une thématique ou, mieux, d’une question. À l’issu des présentations, chacun peut réagir au propos tenu, interroger les intervenants.
Mais comme il ne se s’agit pas, à ce niveau-là d’étude, de simplement délivrer des contenus supplémentaires à un auditoire passif, les étudiants sont invités à prendre en charge l’organisation d’une des séances en formulant leur question, choisissant leurs invités, etc. et, du début à la fin du cycle, ces jeunes designers prennent aussi en charge l’aspect communicationnel de l’événement : conception des affiches et des flyers, captations sonores, podcasts, création et alimentation de la chaîne YouTube, gestion de l’adresse de contact, etc. Autant dire que ce cycle, pensé pour les étudiants, et rendu possible grâce à la générosité des personnes qui dispensent gracieusement leur savoir, n’existerait pas davantage s’il n’était aussi mis en œuvre par les étudiants. À preuve, les podcasts, les teasers et le programme que l’on peut retrouver facilement sur Internet pour la première année d’existence du cycle.

2. Ici et maintenant


Figure 2. Le programme 2020-2021

L’année universitaire 2020-2021 a été, pour les raisons sanitaires que l’on connaît, très particulière. Or non seulement le cycle n’a pas disparu mais, en basculant en distanciel intégral, il a très significativement augmenté son audience… Il n’empêche : sans doute conscients de notre vulnérabilité, du caractère précieux des connaissances transmises et à transmettre, nous avons décidé, mes étudiants et moi-même, de transcrire les interventions et de les publier, dans la revue Design, Arts, Médias, accompagnées des fichiers sons. Je le confesse : nous avons tous été pris par le besoin de lutter contre une déperdition possible en archivant, de notre mieux, ce propos, lui conférant ainsi une valeur mémorielle.
Comme en témoignent les textes réunis dans le présent dossier de la rubrique « Paroles d’auteurs », le travail de transcription fut long, parfois complexe dans ses partis pris : fallait-il transcrire en laissant transparaître le caractère oral de l’intervention ? Ou fallait-il, pour rendre la lecture plus agréable, fluidifier le style et, parfois, réécrire ? C’est cette dernière option qui a été choisie, avec l’accord des intervenants. Là encore, ce travail de transcription et de publication n’aurait jamais pu être réalisé sans mes collègues — je pense à Sophie Fétro et à Kim Sacks qui ont accepté de relire certains textes — mais il n’aurait jamais abouti sans la contribution décisive de mes étudiants de master et sans mes doctorantes qui, elles-aussi, ont pris le temps d’ultimes relectures.
En outre, cette portée « monumentale » des transcriptions ainsi archivées n’empêche pas ces dernières de présenter aussi une valeur de « documents ». Ces transcriptions constituent donc un matériau offert à l’analyse et au questionnement des étudiants, des chercheurs et plus largement du public. Elles intéresseront — tel a été notre pari — quiconque s’interroge sur le devenir du design graphique, la portée du design critique et du design fiction, l’éthique attachée aux outils, aux machines et aux manufactures par les designers, l’utilité d’un doctorat en design, la manière dont de jeunes médias ont réagi en temps de crise, l’apport de l’anthropologie, de l’ethnologie et des sciences humaines et sociales au design, la façon dont l’architecture se repense du tout au tout grâce à « la Preuve par 7 » et à la chaire EFF&T, les enjeux de la constitution et de la conservation d’une collection de design telle que la présente le Centre Georges Pompidou…

3. Le futur

Motivées par la période que nous venons de traverser, portées par une promotion d’étudiantes et d'étudiants à tous points de vue exceptionnels – ce dont témoignent les projets réalisés en parallèle à leur mémoire académique – ces transcriptions resteront, sous ce format-là, elles aussi une exception. Ambitieux, l’exercice s’est avéré lourd à porter pour la promotion 2020-2021 du master 2 « Design, Arts, Médias ». L’an prochain, une publication textes et fichiers sons perdurera, sans doute, mais il nous faudra imaginer, pour ce qui concerne l’écrit, un format plus adapté au temps dont disposent des étudiants de master 2.
J’ai hâte de voir ce que la promotion 2021-2022 va bien pouvoir inventer ! Mais comme fois que l’on fait appel et confiance aux compétences et à l’imagination des étudiants, je suis d’ores et déjà sûre de ne pas être déçue. Et j’espère, chers auditeurs/lecteurs, que l’an prochain comme cette année, vous partagerez mon enthousiasme en suivant ce cycle de conférences et en y réagissant !

Crédits et Légendes

Figure 1. Programme 2019-2021 © master 2 Design, Arts, Médias, promotion 2019-2020.
Figure 2. Programme 2020-2021 © master 2 Design, Arts, Médias, promotion 2020-2021.