Doctorante, Diplômée du Master 2 « Design, Arts, Médias », Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2021
Résumé
Cet article traite de la cartographie sensible et narrative co-construites par des demandeurs d'asile et des habitants dans le cadre d'ateliers initiés par un designer-chercheur. La méthode cartographique, en opposition aux méthodes de récit de vie et aux discours médiatiques et politiques, est envisagée comme un outil propre à redonner voix à ceux qui n'en ont plus, et susceptible d'instaurer un dialogue entre co-habitants d'un même territoire, ici le territoire ambertois. Cette recherche-expérimentation propose également une nouvelle place au designer qui devient passerelle et médiateur : entre les participants eux-mêmes, entre le protocole et l'atelier, entre l'outil et les participants, etc.
Abstract
This article deals with sensitive and narrative mapping as collaborative process between asylum seekers and inhabitants sharing a same territory and initiated by a designer-researcher. This mapping method is considered in opposition to life story methods ans to media and political discourse. It is also considered as a tool suitable for giving a voice to those who no longer have it and suitable for establishing a dialogue between co-inhabitants of the same territory. This research-experimentation also offers a new place for the designer who becomes a gateway and a mediator: between the participants themselves, between the protocol and the workshop, between the tool and the participants, etc.
Introduction
La migration, et plus encore la migration forcée1, est un sujet d'actualité que l'on rencontre au quotidien : au cœur des débats politiques, dans de nombreuses émissions de radios et même au cours d'une conversation sur la terrasse d'un café. Si c'est principalement à travers les médias que nous parviennent les informations au sujet de ce qui est nommé « la crise migratoire2 », les réfugiés et les demandeurs d'asile sont, en tant que personnes singulières, peu voire pas considérés dans la presse. En effet, la couverture médiatique des migrations est « évènementielle et réactive3 », mais également associée à une recherche accrue du sensationnalisme. Malgré la « bonne volonté4 » d'une partie de la presse et des médias, le récit intime et personnel des immigrés, des réfugiés, des demandeurs d'asile, est exclu et leur voix est presque toujours portée par quelqu'un d'autre : un représentant de la communauté, un membre d'ONG, un représentant politique ou étatique, un artiste. Cette recherche-expérimentation prend par conséquent pour appui un sentiment, une intuition : si ces moments de vie méritent d'être narrés, retranscrits et médiatisés dans toutes leurs complexités et leurs individualités, par quels moyens ? Par quels outils ?
Dans l'étude migratoire contemporaine la carte possède une place privilégiée : la cartographie est « à la fois une science, un art et une technique5 », elle est l'outil le plus à même de diffuser et de reproduire des espaces, des territoires, des paysages. Pourtant, les atlas et autre cartes, issues des sciences de l'espace, immobilisent les mouvements migratoires, unifient les itinéraires d'exil mais impliquent également de désindividualiser et de déshumaniser les personnes en situation d'exil. La contre-cartographie et plus précisément la carte sensible et narrative, à l'inverse, permet une représentation spatio-temporelle des sentiments, des émotions, des ressentis, des souvenirs, etc. Dès lors, la création de cartes sensibles pourrait-elle permettre aux réfugiés et demandeurs d'asile d'exprimer leur histoire et, dans le même temps, instaurer un dialogue entre accueillants et exilés ?
Figure 1. Margot Laudoux, Carte de situation de Cunlhat, Saint-Amant-Roche-Savine, Arlanc et Ambert dans le Puy-de-dôme
Pour instruire cette question et conduire cette recherche, j'ai choisi de mettre en place une recherche-expérimentation, c'est-à-dire alliant sans cesse corpus théorique et entretiens issus d'approches des sciences sociales, qui, en en passant par l'étape projet et donc la constitution de cartes sensibles et narratives avec des demandeurs d'asile sur un territoire donné, pourra s'échapper de la forme entretien classique de sociologie type récit de vie pour aller vers une géographie subjective, une représentation de l'espace-temps vécu, et donc permettre de faire « avec » les points de vue de chacun sans adopter un point de vue en surplomb. Pour pouvoir mettre en place cette recherche-expérimentation, il apparaît alors comme essentiel de choisir et de proposer un terrain d'étude précis. Même si les travaux de recherche sur les politiques d'accueil et d'intégration dans les territoires ruraux et les petits centres urbains se sont intensifiés ces dernières années, ces espaces ont souvent été négligés dans l'étude migratoire. Ainsi, pour aborder les spécificités de l'hospitalité j'ai choisi de prendre pour terrain d'étude et de recherche le territoire ambertois, et plus précisément, les communes de Cunlhat, Saint-Amant- Roche-Savine, Arlanc et Ambert dans le Puy-de-dôme. Ces communes, en lien avec l'association Détours, accueillent ainsi un Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asile (CADA) éclaté6 de 65 places depuis 2016. Ce territoire est considéré comme un « petit milieu d'intégration7 » c'est-à-dire un territoire rural, éloigné des métropoles et dont les problématiques institutionnelles de demande d'asile sont relativement récentes notamment en lien avec les politiques de répartition et de péréquation des migrants de 20158 et de 20219. Les communes étudiées montrent ainsi les difficultés que le territoire marginal peut produire sur les demandeurs d'asile et les liens qu'ils entretiennent avec les accueillants, mais également les volontés qui émergent de ce territoire vivant et qui tente de rester solidaire et de tendre vers une forme d'hospitalité.
Dans cet article, il s'agira de s'appuyer sur une expérimentation menée sur ce territoire pour explorer une nouvelle forme de narration sur « la crise migratoire » à travers l'outil cartographique sensible et participatif représentant l'espace-vécu particulier de la demande d'asile. Cette démarche créative, hospitalière et non disciplinaire ouvre également la possibilité d'une subjectivité collective et d'un système de dialogue au travers de la carte au sens d'objet, et de la cartographie en tant qu'atelier participatif. Enfin, cette nouvelle forme de langage symbolique et esthétique, malgré ses limites, questionne la place et le rôle du designer dans une pratique de lâcher-prise et d'ouverture à l'inattendue mais où le design devient une discipline propre à apporter des connaissances sur le phénomène migratoire à l'échelle de l'individu.
1. Vers une nouvelle narration de l'espace-vécu
1.1 Les outils de narration sur la « crise migratoire » et leurs limites
Comme évoqué dans l'introduction de cet article, la connaissance actuelle de la population sur la « crise migratoire » passe en premier lieu par les médias et les discours politiques. Ainsi, depuis 2015, l'espace médiatique présente, raconte, narre, les destins souvent dramatiques de ces personnes traversant frontières et mers en s'appuyant sur des données statistiques, des cartes retraçant la « mécanique des flux » qui en découle, mais également des photographies et des vidéos, parfois choquantes, participant à une guerre de représentations verbale, discursive et imagée. Le traitement de l'immigration par les médias est capital : ils participent, par leurs représentations, leurs discours et leur vocabulaire, à construire l'image et l'opinion d'une société entière ; ils contribuent à la fabrication d'une opinion publique. Les médias transposent ainsi la voix des acteurs de la « crise migratoire » (personnes en exil, mais aussi habitants, accueillants, etc.) par la voix de quelqu'un d'autre, souvent en surplomb : un journaliste, un représentant ou bénévole d'ONG, un représentant politique ou étatique, etc. parle en lieu et place des personnes.
Associés à ces prises de paroles, les médias mais également les représentants politiques utilisent des cartes et données statistiques issues d'organismes nationaux et internationaux10. Ces données réputées scientifiques et donc objectives participent à la construction du récit médiatique et politique de la « crise migratoire » mais elles nécessitent d'être parfois relativisés. En effet, une carte, un chiffre, un pourcentage, reste la représentation d'un point de vue à une certaine échelle, avec un objectif précis de la part du commanditaire ou du cartographe. Plus encore, ces cartographies immobilisent les mouvements migratoires, les lissent, et les figent alors même que ce système spatio-temporel ne cesse d'évoluer et de changer à chaque instant comme le précisent Armelle Choplin et Olivier Pliez11. Ce lissage et cette généralisation des routes migratoires viennent des choix des cartographes : ils opèrent des raccourcis qui laissent de côté de nombreuses informations et variations comme « la hiérarchisation des flux ou de l'importance de telle ou telle agglomération le long de ces routes, ou encore de la variabilité du phénomène, de sa saisonnalité12...» mais également les individus, les choix personnels, tout simplement ces hommes, ces femmes et ces enfants en exil représentés par ces « longs traits », ces « flux », ces « chiffres13».
Si les discours médiatiques sont nécessaires pour un partage et une démocratisation des connaissances sur l'actualité migratoire, la plupart des procédés utilisés ne permettent pas aux personnes exilées de s'exprimer, de raconter leur histoire individuelle : ainsi, ces procédés contribuent-ils à véhiculer une image unique des personnes en situation de migration.
1.2 L'espace-vécu au cours de la demande d'asile
Co-construire et co-créer une carte entre personnes exilées, demandeurs d'asile, habitants et accueillants implique de faire co-habiter sur un même espace cartographique plusieurs espaces-temps qui se rencontrent, se confrontent et se frôlent aussi parfois sans se croiser. Ainsi, le « temps interstitiel14 » de la demande d'asile, subi d'une part et forcé de l'autre, entraine des relations de pouvoir particulières entre celui qui attend et celui qui fait attendre. Ce temps spécifique marqué par l'ennui, l'attente voire le désœuvrement rentre en confrontation avec l'action des travailleurs sociaux mais aussi des citoyens impliqués.
La migration, l'accueil et l'intégration relèvent de temporalités diverses et spécifiques, mais également d'espaces de natures différentes. Le plus souvent lorsqu'on associe les notions d'accueil et d'espace habité on pense en premier lieu aux logiques d'urgences proposées par l'État-providence puis aux typologies de logements décrites et énumérées par Michel de Certeau ou encore Michel Agier, à savoir les « camps de réfugiés, [...] zones de transit, centres de rétention ou de détention administrative, centres d'identification et d'expulsion, centres d'accueil de demandeurs d'asile, centres d'accueil temporaire, villages de réfugiés, villages d'insertion de migrants, "ghettos", "jungles"15». Cependant, il s'agit dans cette recherche de s'intéresser à l'espace vécu en tant que territoire, plus qu'à l'habiter au sens d'habitation, de logement.
L'espace vécu correspond alors à un espace propre à l'individu associé à un espace perçu comme représentation, avec les images et les symboles qui l'accompagnent. Cette notion issue des sciences de l'espace prend appuie sur la conception de l'espace développée par Armand Frémont16 ainsi que par Abraham Moles17. Ainsi, l'homme, l'individu, est un sujet et un acteur à part entière de son environnement : il peut agir dessus à sa guise, l'habiter, le faire sien. En habitant un espace, un « ici », l'homme y produit du sens, des significations. Comme l'énonce Armand Frémont : « Les hommes vivant en société construisent leur propre territoire, les espaces géographiques, chacun pour ce qui le concerne mais aussi collectivement [...]. Ils ont leur espace, qu'ils s'approprient, avec leurs parcours, leurs perceptions, leurs représentations, leurs pulsions et leurs passions18 ». Ainsi, la carte sensible coproduite par les cohabitants d'un espace permet de décrire et de montrer le territoire tel qu'ils l'ont construit, habité.
Sur le territoire ambertois, les membres des services institutionnalisés comme les Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile (CADA) ou les associations comme L'Élégante tentent de créer « deux trois petites oasis, bulles, où ils peuvent se poser, prendre soin un peu plus d'eux, et puis ne serait-ce que voilà, faire un temps de pause pas trop violent19 » dans un espace-temps où la personne en situation d'exil n'est plus active mais simplement en situation d'attente et où le temps et l'espace sont marqués par « l'infantilisation et l'oisiveté20 » mais également l'isolement et la solitude. Cette fabrication cartographique en tant qu'atelier, en tant que rencontre, en tant qu'espace hospitalier et créatif, en plus de rendre compte des écarts spatio-temporels de ces « géographes du dimanche21 » apparait comme une forme de réappropriation, comme une « échappatoire [...] face à la temporalité imposée de la demande d'asile22 » comme le propose Davide Tisato. Si les demandeurs d'asile et les personnes déboutées ne peuvent pas enrayer ces relations de pouvoir entre ceux qui font attendre (les institutions, les administrations, l'État, etc. et par conséquent les travailleurs sociaux, même s'ils n'en sont pas responsables) et ceux qui attendent (eux-mêmes et leurs proches), des stratégies de contre-pouvoir peuvent entrer en jeu. Même si ces outils, ces techniques, ces moments, restent ponctuels et partiels, ils peuvent contrer le sentiment d'impuissance dû à cette temporalité imposée. Ainsi, un atelier de cartographie créatif et collectif, vecteur d'échanges et d'hospitalité, apparaît également comme une forme de réappropriation de ce « temps interstitiel23», dans la lignée des actions menées par les associations militantes mais également par des citoyens non organisés, dès lors qu'ils proposent une balade, un repas, une sortie en ville.
1.3 Vers une subjectivité collective
La demande d'asile constitue également une démarche administrative spécifique et considérée comme violente et assujettissante par certaines institutions et associations et dont les différentes étapes poussent les demandeurs d'asile à raconter et expliciter leur histoire à de nombreuses reprises. Dans cette démarche sont employés des entretiens de type récits de vies utilisés depuis longtemps dans les méthodes anthropologiques et sociologiques. Cependant ces méthodes, et encore plus dans le cas de l'expression d'une histoire et d'un destin souvent difficile, ont montrés leurs limites et défauts. Une des limites propres à ce type d'entretien est lié à la relation enquête-enquêteur : l'enquêté, connaissant l'exercice et les attentes de l'enquêteur, fais tout pour que son histoire et ses propos correspondent. Davantage encore, le processus administratif de demande d'asile, considéré comme une épreuve de « crédibilité narrative24 » cherche à déceler les erreurs, les incohérences voire les potentiels mensonges dans les déclarations des demandeurs d'asile quelles que soient les conditions d'entretiens, les souffrances et les particularités sociales, linguistiques et culturelles de l'enquêté. Cette recherche de vérité et de véracité intervient dans la demande d'asile en elle-même mais également au cadre de la recherche et à l'étude des phénomènes migratoires. C'est pour cela que la cartographie traditionnelle, reposant sur des principes d'objectivité et de vérité, est utilisée dans le cadre de ces études. Cependant, dans le cadre d'une recherche et d'une étude sur les demandeurs d'asile que ne cherche pas à être juge de leur situation, il semble important de s'éloigner des méthodes administratives et institutionnelles qui incombent à la démarche de demande d'asile. Dès lors, inscrire ces ateliers de cartographes sensibles et narratives comme des outils de recherche et de production de savoirs ne va pas de soi. Les cartes produites peuvent être considérées comme des mises en scène, des représentations. Cependant, dans le cadre d'une discipline institutionnelle de recherche, quelle est la valeur scientifique, médiatique, objective, de ces cartes alternatives ?
Si la question de la véracité et de l'authenticité des participants est légitime, à l'instar de Gilles Tiberghien, nous partons ici du principe que la carte, peu importe sa nature est une représentation partielle de la réalité, qu'une carte est toujours la représentation d'un point de vue, qu'elle est toujours issue de choix ou de non-choix25. Ainsi, il s'agit de désacraliser l'objet carte et de considérer la créativité du cartographe, quel qu'il soit, comme une énergie positive et comme une source de savoir. De plus, se poser la question de la véracité des propos des participants, c'est s'inscrire dans le modèle classique et médiatique « d'une rumeur qui veut que la plupart des demandeurs d'asile soient des menteurs et bénéficient de toutes sortes de complicités pour accréditer leurs mensonges26 ». Or, dans le cadre d'une co-production hospitalière, dans le sens de réciprocité entre pairs, un des principes évident repose sur la confiance et la foi en l'autre. Bâtir une inter-carte subjective et narrative de manière collective, c'est donc s'appuyer sur une subjectivité assumée. Ainsi, de notre point de vue, la cartographie sensible peut également permettre de dépasser le simple recueil de récit de vies mais également de s'éloigner de la violence symbolique des procédures administratives inhérentes à la demande d'asile. L'anthropologie et la sociologie mettent en œuvre de nombreuses méthodes utilisant des supports imagés pour provoquer le dialogue et les interactions entre enquêté et enquêteur. Ainsi, selon Hélène Bailleul, Denis Martouzet, Benoit Feildel et Lise Gaignard la carte sensible et narrative pourrait compléter la rationalité du discours type du récit de vie mais aussi rendre l'enquêté plus acteur de son propre récit27.
2. Une démarche créative, hospitalière et non disciplinaire
2.1 Un espace d'expression hospitalier et créatif
L'exil et plus encore l'arrivée dans un pays comme la France est marqué par plusieurs moments : le secours, l'accueil puis, le cas échéant, l'intégration. Au cœur de ces différentes étapes, l'hospitalité prend plusieurs formes et significations.
Le lien entre les habitants d'un territoire et les personnes en situation de demande d'asile se fait de différentes manières. Ainsi, on trouve en premier lieu un lien naturel, émanant d'initiatives humaines et solidaires, en particulier dans tout ce qui touche la vie quotidienne: via la scolarisation des enfants, la vie d'un village ou d'un quartier, les activités associatives sportives et culturelles, etc. Mais ce lien reste souvent ponctuel, et en surface. Ainsi, les associations et les institutions tentent de créer de nouveaux liens, tout en déconstruisant les peurs, les représentations médiatiques, et les préjugés des habitants. C'est le cas par exemple des évènements conviviaux de L'Élégante basés sur un système de prix libre permettant de financer les besoins des personnes déboutées prises en charges par le collectif mais permettant également de provoquer la rencontre entre déboutés, bénévoles, habitants du quartier ou du territoire mais aussi des réfugiés ou d'autres demandeurs d'asile. Loin de forcer l'intégration voire d'artificialiser la rencontre, ces espaces et moments hospitaliers et conviviaux, ces logiques de solidarité, intègrent les personnes exilées à une vie de quartier, une vie du territoire, une vie d'habitant alors même que leur condition ne le leur permet pas forcément. C'est dans cette logique d'« agir-ensemble28 » et cette démarche que s'inscrit les ateliers proposés dans ma recherche. Ainsi, « le vivre-ensemble démocratique est moins un être-ensemble qu'un agir-ensemble. Et le citoyen est moins le membre d'une communauté donnée que le co-acteur d'une communauté en acte29 ».
Une co-production de savoirs et de savoir-faire, avec, assis autour d'une même table, des personnes en situation d'exil, des chercheurs, des habitants, c'est également permettre à chacun d'apprendre de l'autre. Ainsi, créer un espace dit « hospitalier » c'est situer la notion d'hospitalité non pas au sens de charité mais au sens de devoir de réciprocité et d'entre d'aide, et où les savoir-faire de chacun sont pris en compte et reconnus.
2.2 La carte et la cartographie comme systèmes de dialogues
Le chercheur-designer devient un entremetteur, il déclenche le rendez-vous et le dialogue entre des individus peu habitués à se rencontrer. Il permet également, par sa méthode ouverte, de s'affranchir de la page blanche cartographique mais aussi verbale. Si cette forme peut sembler artificialiser la rencontre et provoquer la « visitation30 » évoquée par Jacques Derrida, c'est-à-dire l’hospitalité pure ou inconditionnelle consistant à laisser venir le visiteur sans rien attendre de lui en retour, la proposition de cartographie sensible et narrative permet d’aller encore plus loin : la carte ne permet pas seulement le dialogue, elle devient elle-même une forme de dialogue. La cartographie sensible et narrative forme des « lignes d'erre » créant « le corps commun dont les cartes font le tracé est précisément ce qu'il y a entre les Uns et les Autres31 » selon Fernand Deligny. Ainsi, en fabriquant des cartes collectives, des inter-cartes, il s'agit de créer un « corps commun » : une nouvelle dimension n'impliquant pas le soi, mais l'entre-nous. Cette méthode cartographique permet alors de créer un nouvel espace-temps, ni individuel, ni collectif, mais s'apparentant à l'espace-vécu du collectif comme « une production inédite, parce qu'engendrée par la résonance d'aspects qui précèdent l'individuel - une "normativité collective32" ». Plus qu'un simple support de dialogue, l'inter-carte et sa construction, sa création, permet l'existence d'un tiers dans le dialogue conçu pour recevoir les récits et les diverses narrations. Ainsi, au cours des ateliers menés avec les résidents du Centre d'Accueuil de Demandeurs d'Asile d'Ambert, nous avons travaillé sur des cartes collectives, sur un même support, mais également sur des cartes originellement individuelles mais qui, par les discours, les regards, les dialogues, se sont enrichies jusqu'à devenir des inter-cartes de l'ici et du maintenant.
Figure 2. Carte sensible d'Ali, Atelier n°1, 26 mai 2021
Figure 3. Carte sensible de Maruvy, Atelier n°1, 26 mai 2021
2.3 Un nouveau langage discursif, symbolique et esthétique
Le chercheur-designer, ouvert à l'inattendu et au brassage des connaissances (de la part de l'ensemble des participants, quel que soit son statut) et des disciplines, impose la carte et la cartographie comme un nouveau langage discursif, symbolique et esthétique. Ainsi, la cartographie sensible et narrative dans le cadre d'une co-création donne la possibilité d'aller au-delà du format assujettissant du recueil de vie, mais permet également un décentrement narratif où les récits s'emboîtent et/ou se confrontent pour tendre vers un langage collectif non-verbal. La cartographie permet ainsi de rendre visible, de tisser des liens et d'être porteuse de sens à l'instar d'une forme de langage, pouvant ainsi compléter la parole. Comme le précise Gilles Deleuze33, la carte devient ainsi tout à la fois objet matériel, social et politique c'est-à-dire un moyen de communication. Plus encore, les « lignes d'erre » ainsi tracées constituent un dialogue qui n'est pas seulement la somme des signes utilisés par les cartographes, mais qui représente et symbolise la relation entre ces signes. Ainsi, le processus de collage cartographique constituant ces inter-cartes et ces inter-cartes elles-mêmes, deviennent une nouvelle forme de langage au sens de Merleau-Ponty c'est-à-dire « ce n'est pas que chaque signe véhicule une signification qui lui appartiendrait, c'est qu'ils font tous ensemble allusion à une signification toujours en sursis, quand on les considère un à un, et vers laquelle je les dépasse sans qu'ils la contiennent jamais34».
Cependant, ce nouveau langage n'est pas universel : il appartient à « l'entre-nous35 », à l'entre-deux, à l'inter-. Cette écriture cartographique devient alors insuffisante en tant que telle : elle devient objet de support, d'objet à commenter, à déconstruire, à argumenter. D'abord, parce que quelle que soit sa nature un récit (auto)biographique devient collectif de par sa représentation au public, mais aussi parce que la carte sensible reste un outil mystérieux de par sa forme, sa méthodologie, son esthétique même. Étant un outil artistique, scientifique et académique récent et faisant figure d'exception dans la recherche où l'écriture et le langage sont dominants, elle nécessite un accompagnement, d'en décoder le résultat.
3. La place du designer
3.1 Du design empathique à la co-création et au lâcher-prise
Si la pratique cartographique sensible et narrative permet de représenter les espaces-temps spécifiques de l'accueil, de l'hospitalité voire de l'intégration, elle apparait également comme une forme de réappropriation de l'attente et de l'impuissance des personnes exilées. Cependant, ces ateliers sont initiés par une tierce personne, un chercheur, un designer, qui entre lui aussi dans une forme d'exercice de pouvoir. La position particulière du chercheur, également à l'initiative des ateliers, ne bloque-t-elle pas cette stratégie en renvoyant à une forme d'emprise voire de domination ?
Dans cette expérimentation, le chercheur doit assumer son rôle de déclencheur, d'initiateur d'atelier, mais également de passerelle entre l'outil et les participants. Cependant, c'est dans sa posture et sa méthodologie de travail que le chercheur-designer doit diminuer au maximum la pyramide de pouvoir qui le situerait au-dessus des participants et, ainsi, éviter le regard en surplomb du chercheur, comme on peut souvent le constater dans les sciences sociales. Dès lors, dans sa méthode mais également sur le terrain, le designer ne doit pas s'arrêter au simple design empathique mais il doit tendre vers une véritable cocréation. Dans le cadre de ces ateliers créatifs participatifs et collaboratifs, la voix entendue doit être celle des participants, non pas celle du chercheur-designer, qui est celui qui initie l'atelier et qui fabrique une méthode, un protocole. Le chercheur-designer devient alors un designer de protocole en amont : il pense, il prévoit, il organise, il fabrique des outils ; mais également un designer de protocole ouvert à l'inattendu et à la sérendipité : son protocole et sa méthode se construisent, se re-questionnent et se canalisent sans cesse à partir des dialogues, des interactions et des actions de chaque membre des ateliers. Ce projet implique une nouvelle forme de design, ouvert au lâcher-prise : le designer n'est plus celui qui apporte une réponse aux usagers, mais celui qui leur permet eux-mêmes de « dessiner à dessein ».
Cette recherche s'inscrit dans un cadre précis, politique, social et territorial, et dans un espace créatif particulier (selon le(s) chercheur(s) présent(s), les habitants, les demandeurs d'asile) ce qui rend impossible une finalité globale au projet : il restera un « processus co-évolutif ouvert36» comme le précise Elise Olmedo. Ainsi cette recherche interroge non-seulement la représentation des personnes exilées et de leur bagage humain, mais également le rôle et le positionnement du designer dans un atelier de co-création, la paternité de créations collectives, mais également la part de l'aléatoire, du lâcher-prise et du protocole initial dans la création.
3.2 Le design comme discipline propre à apporter des connaissances sur le phénomène migratoire
La question des représentations s'avère très importante dans la compréhension du phénomène migratoire contemporain. « Tout est question de représentations37 » comme l'énonce le vice-président de l'association Détours : cela concerne ainsi le parcours d'exil, mais également dans la compréhension et l'appréhension des questions d'hospitalité, d'accueil et d'intégration le cas échéant. Ainsi, ces cartographies sensibles et narratives construites comme des collages cartographiques permettent de passer de l'individualité anecdotique à la subjectivité collective et viennent ainsi contredire, compléter ou entériner des savoirs dits objectifs et scientifiques en apportant de l'humain, du sensible. Le collage cartographique est une méthode employée par Catherine Jourdan et Florent Lahache dans leur démarche de Géographie subjective quand il s'agit de construire un « un documentaire cartographique, narratif et collectif38 » à partir « de l'assemblage, du collage de paroles, de formes, de lignes, morceaux hétérogènes cohabitant sur une même feuille39 ». Redonner de la voix à ceux qui n'en ont plus sur un territoire, puis partager ces données, que ce soit à un petit ou grand nombre de personnes, c'est également permettre de passer de la sidération à la considération, comme le propose Marielle Macé dans l'ouvrage qu'elle a consacré à la visibilisation des lieux de marge, à trouver les mots justes pour définir les sentiments qui nous traversent au moment où la réalité des migrants nous traverse mais également comment transposer ces sentiments en action politique de l'hospitalité40.
Ma recherche-exprimentation questionne les outils de narration et de connaissances actuels pour et sur les expériences migratoires, tout autant que la place et le rôle du designer dans le cadre d'une étude sociale et sociologique. Si ces cartes mais également le compte rendu de ces moments cartographiques permettent d'apporter des connaissances dans l'étude du phénomène migratoire, c'est également parce qu'il s'agit de considérer le design et la pratique collective et pluridisciplinaire comme des sources de connaissances et de savoirs41. Il s'agit alors de penser la porosité des domaines scientifiques en y incluant le design comme « une recherche systématique de connaissance et d'acquisition de connaissances en rapport avec l'écologie humaine généralisée envisagée du point de vue du mode de pensée propre au designer, c'est-à-dire dans une perspective orientée-projet42 ».
Figure 4. Atelier n°2, 2 juin 2021, Photographie Frédéric Lebert
Conclusion
Demander à des co-habitants d'un territoire donné, ici le territoire ambertois, de raconter l'exil, l'intégration, l'accueil, c'est leur demander d'exprimer des bribes de souvenirs, de récits, d'affects, d'expériences. Nous avons montré que ce matériau sensible nécessite de sortir de la cartographie conventionnelle : mais en traçant des expériences individuelles et collectives, cela devient un moyen privilégié pour sortir de la toute puissance de la langue orale et écrite et provoquer le dialogue. En récusant le principe d'objectivité, d'exclusivité et de véracité de la carte scientifique, traditionnellement utilisée dans l'étude des phénomènes migratoires, cette nouvelle méthodologie propose de nouveaux savoirs et de nouvelles connaissances. Ces cartes sensibles et ces ateliers collaboratifs, créatifs et hospitaliers ouvrent également un décentrement narratif et amènent à réfléchir à la façon dont les récit personnels s'imbriquent les uns dans les autres. Au-delà, ce sont des questions plus vastes qui sont posées : l'accueil, l'exil, la mobilité, l'impact du milieu rural sur la demande d'asile et l'intégration... Redonner la parole à ceux qui n'en ont plus via une méthode participative, et où les histoires et les savoir-faire de chacun sont pris en compte, c'est également dépasser les aspects assujettissants de la procédure administrative de demande d'asile. Construire ces cartes sensibles et narratives permet de faire exister l'ici et maintenant et l' « agir-ensemble43 », en hissant à la place de co-habitants des individus aux profils, aux statuts, aux langues différentes mais vivants et partageants un même espace-temps.
En désacralisant l'objet carte et en considérant la créativité du cartographe comme une énergie positive, la cartographie sensible sous forme d'ateliers participatifs permet aussi une coproduction des savoirs. La subjectivité collective, l'« entre-nous44 » créé dans ces inter-cartes montrent des chemins de traverse, des narrations et des connaissances alternative dans la construction d'un vivre ensemble et d'un agir ensemble. Le designer, loin de la technocratie originelle de son domaine, devient passerelle et médiateur. Ouvert au lâcher-prise et à l'inattendu, son protocole ouvert évolue sans cesse et se complète.
Cependant, ces cartes sensibles coconstruites dans le cadre d'ateliers initiés par un designer-chercheur posent certaines questions et possèdent certaines limites. Par leur nature et leur esthétique mystérieuses car peu connues et subjectives, ces cartes ne se suffisent pas à elles-mêmes : sans une médiation, ces cartes ne peuvent pas être partagées, expliquées, voire même considérées en tant que sources de connaissances. Alors, comment médier ces productions cartographiques ? D'ailleurs, est-ce au chercheur-designer de partager ces productions et de les expliciter ou est-ce aux cartographes eux-mêmes ? Cela pose également la question de l'appartenance et du droit d'auteur des objets, des œuvres produites dans ces ateliers. Alors, cette recherche-expérimentation place la cartographie sensible et narrative comme un nouveau support de médiation, mais également comme véhicule de revendication politique et d'échanges non disciplinaires.
Bibliographie
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Articles
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BAILLEUL, Hélène, MARTOUZET, Denis, FEILDEL, Benoît, GAIGNARD, Lise, « La carte: fonctionnalité transitionnelle et dépassement du récit de vie », Natures Sciences Société, n°18, 2010, p. 158-170.
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Thèse
OLMEDO, Élise, Cartographie sensible. Tracer une géographie du vécu par la recherche-création, Thèse de doctorat en géographie-cités, Université Paris 1, 2015.
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La « migration forcée » est définie comme « A migratory movement which, although the drivers can be diverse, involves force, compulsion, or coercion » soit par « un mouvement migratoire non volontaire, contraint et subi, causé par divers facteurs, mais qui implique un recours à la force, à la contrainte ou à la coercition » par Glossary on Migration, International Organization for Migration (IOM), 2019. [Consulté le 17 mars 2021] Disponible sur https://publications.iom.int/system/files/pdf/iml_34_glossary.pdf ↩
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Les expressions « crise migratoire » ou encore « crise des migrants », fortement utilisées dans les discours médatiques et politiques font référence à l'augmentation observée depuis les années 2010 du nombre de migrants arrivés en Europe. ↩
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MARTHOZ, Jean-Paul. « Comment la presse couvre les migrations », dans MARTHOZ, Jean-Paul (dir.) Couvrir les migrations, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2011, p.60. ↩
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Ibidem. ↩
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POIDEVIN, Didier, La carte : moyen d'action, Paris, Ellipses, 1999, p6. ↩
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Ce type d'hébergement dissocie le lieu de résidence et les lieux de soutien social : les ateliers, les rencontres avec les travailleurs sociaux, les animations, etc. ont lieu dans des locaux distincts du ou des immeubles dans le(s)quel(s) habitent les demandeurs d'asile. ↩
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FLAMANT, Anouk, FOUROT, Aude-Claire, HEALY, Aisling, « Éditorial : Hors des grandes villes ! L'accueil des exilé·e·s dans les petits milieux d'immigration », Revue européenne des migrations internationales, vol. 36, n°2 et 3, 2020, p.7-27. [Consulté le 26 avril 2021] Disponible sur : URL : http://journals.openedition.org/remi/15795 ; DOI : https://doi.org/10.4000/remi.15795 ↩
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Ministère de l'intérieur, 2015, LOI n° 2015-925 du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d'asile. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030949483/ ↩
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Schéma National d'Accueil des Demandeurs d'Asile et d'Intégration des Réfugiés 2021-2023 édité par le Ministère de l'Intérieur, la Direction générale des étrangers en France et la Direction de l'asile, en décembre 2020. ↩
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À l'instar d'Eurostat, de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), l'Institut National d'Études Démographiques (INED), etc. ↩
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CHOPLIN, Armelle, PLIEZ, Olivier, « De la difficulté de cartographier l'espace saharo-sahélien », M@ppemonde, n°103, 2011. [Consulté le 15 mars 2021] Disponible sur : http://mappemonde-archive.mgm.fr/num31/intro/intro2.html ↩
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Ibidem. ↩
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Ibidem. ↩
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TISATO, Davide, « Le temps interstitiel des demandeurs d'asile. Stratégies de contre-pouvoir et réappropriation partielle d'une temporalité imposée », Migrations Société, vol.168, n°2, 2017, p.121. ↩
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AGIER, Michel, « Habiter la frontière : camps, campements, ghettos », Catalogue de l'exposition « Frontières », Musée national de l'histoire de l'immigration du 10 novembre 2015 au 3 juillet 2016, Magellan & Cie, Paris, 2015. ↩
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FRÉMONT Armand, Aimez-vous la géographie ?, Paris, Flammarion, 2005, p. 75. ↩
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MOLES, Abraham, ROHMER, Elizabeth, Psychologie de l'espace, Paris, Casterman, 1972. ↩
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FRÉMONT Armand, Aimez-vous la géographie ?, op. cit., p. 75. ↩
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Entretien téléphonique avec le Vice-président de l'association Détours et un des initiateurs du projet de CADA sur le territoire, réalisé le 22 avril 2021, disponible en Annexe B. ↩
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Ibidem. ↩
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VIGNE, Margaux, « GÉOGRAPHIE SUBJECTIVE : Conception collaborative de cartes collectives », Strabic [En ligne], 2012. [Consulté le 20 mai 2021] Disponible sur : http://www.strabic.fr/Geographie-subjective-conception\ ↩
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TISATO, Davide, « Le temps interstitiel des demandeurs d'asile. Stratégies de contre-pouvoir et réappropriation partielle d'une temporalité imposée », op. cit., p. 121. ↩
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Ibidem. ↩
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KOBELINSKY, Carolina, « Le jugement quotidien des demandeurs d'asile », Recueil Alexandries, Collections Esquisses, février 2007. [Consulté le 29 octobre 2020] Disponible sur : http://www.reseau-terra.eu/article559.html ↩
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TIBERGHIEN, Gilles, Finis Terrae, imaginaires et imaginations cartographiques, Paris, Bayard, Coll. Le rayon des curiosités, Bayard, Paris, 2007, p. 10. ↩
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BELORGEY, Jean-Michel, « Du récit de persécution », Plein droit, vol. 64, n°1, 2005, p. 39. ↩
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BAILLEUL, Hélène, MARTOUZET, Denis, FEILDEL, Benoît, GAIGNARD, Lise, « La carte : fonctionnalité transitionnelle et dépassement du récit de vie », Natures Sciences Société, n°18, 2010, p. 158-170. ↩
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TASSIN, Édouard, Un monde commun, p. 286 cité par Stavo-Debauge, Joan, Qu'est-ce que l'hospitalité ? Recevoir l'étranger à la communauté, Montréal, éd. Liber, 2017, p. 297. ↩
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Ibidem. ↩
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Pour Jacques Derrida la notion d'hospitalité absolu est valable par le bouleversement et la transformation qu'elle provoque chez l'accueillant à partir de la venue comme un « évènement » de l'accueilli. Voir : SEFFAHI, Mohammed, (dir.), Manifeste pour l'hospitalité. Autour de Jacques Derrida, Grigny, Éditions Paroles d'aube, 1999. ↩
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DELIGNY, Fernand, JOSEPH, Isaac, « Voix et voir », Les Cahiers de l'immuable, recherches nº 18, dans Œuvres, Paris, L'Arachnéen, 2007. ↩
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LINHARES, Nidia, « L'entre-nous par la carte », Strabic, 2012. [Consulté le 29 octobre 2020] Disponible sur : https://strabic.fr/L-entre-nous-par-carte ↩
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DELEUZE, Gilles, GUATTARI, Félix, Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1980, p. 20. ↩
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MERLEAU-PONTY, Maurice, « Sur la phénoménologie du langage », dans Signes, Paris, Gallimard, 2001, p. 157. ↩
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LINHARES, Nidia, « L'entre-nous par la carte », op. cit. ↩
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OLMEDO, Élise, Cartographie sensible. Tracer une géographie du vécu par la recherche-création, Thèse de doctorat en géographie-cités, Université Paris 1, 2015, p. 49. ↩
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Entretien téléphonique avec le Vice-président de l'association Détours et un des initiateurs du projet de CADA sur le territoire, réalisé le 22 avril 2021, disponible en Annexe B. ↩
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JOURDAN, Catherine, LAHACHE, Florent, « Tracer le commun », Notes sur la Géographie subjective. [Consulté le 13 décembre 2020]. Disponible sur : http://www.geographiesubjective.org/Geographie_subjective/Klaxon.html ↩
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Ibidem. ↩
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MACÉ, Marielle, Sidérer, considérer. Migrants en France 2017, Paris, Verdier, 2017. ↩
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VIAL, Stéphane. « Qu'est-ce que la recherche en design ? Introduction aux sciences du design », Sciences du Design, vol. 1, n°. 1, 2015, p. 22-36. ↩
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FINDELI, Alain cité dans Vial, Stéphane. « Qu'est-ce que la recherche en design ? Introduction aux sciences du design », op. cit. p. 34. ↩
-
TASSIN, Édouard, Un monde commun, p.286 cité par Stavo-Debauge, Joan, Qu'est-ce que l'hospitalité ? Recevoir l'étranger à la communauté, op.cit. ↩
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LINHARES, Nidia, « L'entre-nous par la carte », op. cit. ↩