Le Countryside de Rem Koolhaas, à la conquête d'un ignored realm (suite et fin)
Antonella Tufano

Architecte, Maître de conférences HDR à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette, chercheur membre de l’équipe MAACC, UMR MAP 3495.

Résumé

Dans la première partie de l’article, ont été analysés les dispositifs spatiaux de l’exposition Countryside, The Future, accueillie au Guggenheim de février 2020 à février 2021, dont les commissaires sont Troy Conrad Therrien, conservateur du Guggenheim, Samir Bantal, directeur d’AMO et Rem Koolhaas fondateur d’OMA et AMO. Dans la suite de l’article, il sera question de son contenu : qu’est-ce countryside (terme que nous avons choisi de laisser sans traduction) ? En effet, le terme est volontairement flou pour permettre de couvrir le 98 % non construit du globe, une étendue significative, aux contours mouvants et dont les facettes sont multiples. S’agirait-il de proposer un vademecum pour imaginer une reconfiguration des espaces habités à l’aune des préoccupations climatiques et –en général – dans une logique de transition écologique ? Après un demi-siècle où il s’est démarqué pour être le penseur de la métropole, Koolhaas voudrait-il devenir le prescripteur de l’avenir des countrysides ?

Abstract

The first part of the article analyses the spatial devices of the exhibition Countryside, The Future, curated by Troy Conrad Therrien, Samir Bantal and Rem Koolhaas, which will be held at the Guggenheim from February 2020 to February 2021. In the following article, we will discuss its content: what is Countryside (a term we have chosen to leave untranslated)? Indeed, the term is deliberately vague in order to cover the 98 % of the globe that is not built, a significant area with shifting contours and multiple expressions. Is it a question of proposing a vademecum for imagining a reconfiguration of inhabited spaces in the light of climate concerns and - in general - in a logic of ecological transition? After half a century in which he stood out as the thinker of the metropolis, would Koolhaas like to become the « enabler » of the future of Countrysides?

Après avoir passé en revue dans la première partie de cette critique les dispositifs scénographiques mis en place pour accompagner l’exposition, dans cette seconde partie, nous allons explorer les visages que les trois commissaires de l’exposition dessinent pour le countryside le long des cinq rampes du Musée Guggenheim. Pensée comme une exposition multimédia, Countryside, the Future se lit, se voit, s’écoute même à distance1 et, par son caractère prophétique, elle est accompagnée d’une grande couverture de presse et de nombreuses conférences qui se sont prolongées jusqu’en 2021.

1. Partie I : Adieu la métropole

1.1 Inside Countryside

Une des vidéo montre Koolhaas dans un champ où sont testées des cultures assistées par les technologies de pointe : en tenue de protection blanche – en marchant d’un pas affirmé- il affirme que « nous ne sommes pas les predictors of the future, mais bien les enablers of the future2 ». Ce rôle de prescripteur du futur, de chantre d’une autoréalisation, Koolhaas l’a assumé depuis longtemps avec - reconnaissons-le - un triste succès. Mais ici, cette mise en scène renvoyant à la conquête spatiale fait penser davantage à un retro-futur qu’à un monde impensé à venir.

C’est dans ce sens rétrospectif qu’on pourra lire toute l’exposition et les prophéties sur l’avènement d’un temps nouveau où : «la dérégulation et globalisation ont redessiné les cartes qui nous sont familières et remis à zéro nos paramètres (reset parameters) : les frontières sont marquées fortement et, en même temps, débordées ; les zones de contrôle imposées et violées ; les juridictions déclarées et ignorées, les marchés gonflés et crevés3 ».  Cette vision binaire et chaotique avait déjà donné lieu, dans un article devenu célèbre, « La ville générique4 », à une vision du devenir des zones non urbanisées : un exode rural aurait conduit les habitants de la ville générique, c’est-à-dire une ville envahissante et tentaculaire, à occuper les campagnes. De cette étreinte entre la fine croûte culturelle qui enveloppe la ville générique et la végétation rurale, désormais édénique, car transformée par la tropicalité immanente du climat, serait né un « hybride entre le politique et le paysage5 ». La question de ces territoires à conquérir, à transformer, travaille le démiurge Koolhaas depuis longtemps, donc nous rentrons dans l’exposition avec la conviction qu’il s’agira bien de voir quelque chose d’inédit.

1.2 Past Future

Après 10 années de recherches, l’exposition est prête et donne une vision on ne peut plus claire de son objectif : « La majorité des besoins de la vie urbaine contemporaine nécessite l'organisation, l'abstraction et l'automatisation de la campagne à une échelle sans précédent. Le stockage de données, les centres de traitement des données, l’ingénierie génétique, l'intelligence artificielle, l'automatisation robotique, l'innovation économique, la migration des travailleurs et l'achat privé de terres pour la préservation de l'environnement sont, dans de nombreux cas, expérimentés plus activement à la campagne qu'en ville. Countryside, The Future explore ces transformations6 ».

L’intuition de départ de cette exposition, cette confrontation avec un monde numérique dont les effets sont déjà présents, semble tomber à pic au moment où l’épidémie oblige à expérimenter « les modes d’interaction et les nouveaux environnements de vie et de travail qui n’ont plus de lien avec l’urbanité7 ». Il semble donc légitime d’imaginer aussi une forme, sinon de critique, mais au moins de réflexion sur les effets induits par cette couverture technologique du countryside.

Quant à sa définition, le countryside est désigné comme le 98 % de la surface du globe non construite, un « sujet vaste et qui n’a pas de forme propre (is not something particulary shaped) 8 » qui se transforme de manière plus rapide que les villes, devenues trop frivoles, que le même Koolhaas a assigné à un rôle de vaste shopping9. Rem Koolhaas prend encore une fois une pose pour asseoir le caractère prophétique de ses révélations, soutenu par Roy Conrad Therrien, le conservateur du Guggenheim, qui insiste sur l’importance de « son projet le plus ambitieux », né d’une intuition surnaturelle10. Pour tenter de donner forme à ce countryside une équipe importante11 a été mobilisée pour conduire des recherches. Disons-le tout de suite : cet appel récurrent à la scientificité de l'exposition, qui s'appuierait sur des « recherches », est un artifice ; en quelque sorte, il rappelle le motif du : « je l'ai vu de mes propres yeux » que les voyageurs imaginaires du Moyen-Age utilisaient pour parler des merveilles auxquelles ils étaient confrontés dans leurs pérégrinations sur papier. D’ailleurs, cela n’a pas échappé aux critiques : « Tout cela est très partiel et, je suppose, personnel ; une sorte de "Rem était ici". […] Même s'il est louable d'aborder une question importante sous un angle nouveau, le changement climatique semble vraiment l'éléphant dans la rotonde : il n'est pas abordé avant la moitié du spectacle, et, je crains, qu'à ce moment-là, les jeunes entre 16 et 30 ans auront déjà craché leurs indignation et rage12 ».

Le vate Koolhaas serait dépassé par la réalité ? Manquerait-il de repères ?

1.3 Welcome to the show

La mise en scène filmée des trois commissaires13 présente une vue aérienne -qui fait beaucoup penser à celles que les architectes des 30 glorieuses utilisaient pour déployer leurs plans- avec une superposition de tesselles en couleur. Therrien insiste beaucoup sur la volonté de ne pas déployer une « collection de faits14 » mais plutôt de procurer une émotion esthétique comme le montre le dévoilement progressif de cette mosaïque où les contrastes chromatiques renvoient à des déséquilibres mortels : du blanchissement des coraux à la Mer morte qui se désertifie, en passant par les inondations, la sècheresse. Cet imaginaire apocalyptique, souvent associé aux vues métropolitaines, investit le countryside d’un sentiment coupable de plaisir visuel derrière lequel se cache une condamnation morale : le spectateur doit plonger dans une agitation permanente15.

La sublime laideur accompagne l’aménagement du countryside qui aborde « la conception de loisirs, la planification à très grande échelle conduite par des forces politiques, le changement climatique, les migrations, les écosystèmes humains et non-humains, la préservation de la nature dictée par les marchés, la coexistence de l’artificiel et de l’organique et les autres formes d’expérimentation radicale qui modifient les paysages à l’échelle mondiale16 ».

Koolhaas le répète : le terme countryside est probablement mal choisi, mais il demeure le meilleur pour identifier ce qui est opposite à la ville. L’écrivain-journaliste Niklas Maak en trace les contours dans un des premiers articles du guide17 : il faut « développer une nouvelle narrativité bien éloignée de l'urbanisme déprimant et moyennement intelligent qu'on nous vend comme l'avenir de la ville18 ».

Pour imprimer dans l’esprit des visiteurs cette nouvelle narrativité, la mission de l’architecte est celle de construire une iconographie inédite avec des images marquantes (compelling visuals) qui soulignent la gravité du moment. Nous sommes à un carrefour, il existe différentes directions, et il revient à chaque individu de choisir entre deux perspectives : d’une part, celle futuristes, de l’autre, le traditionalisme.

2. Partie II : L’ascension vers le countryside

Le « naughty boy19 » qui a pourtant souvent vendu des futurs urbains, se présente aux journalistes en expliquant son revirement intime.

La révélation a eu lieu dans le village suisse d’Andermatt, dans la vallée d’Engadin, où il séjourne depuis longtemps ; soudainement, l’architecte, qui avait pris l’habitude de traverser les paysages sans les regarder, comprend que les vaches ont disparu, que son voisin n’est pas un paysan mais un estimable universitaire qui travaille ici et que les tracteurs sont conduits par des immigrés, le tout plongeant dans un univers houellebequien20.

Pour insister sur ce moment crucial de doute, Koolhaas rédige une cascade de questions, parmi lesquelles : l’art peut-il remplacer la vie ? Quelle avancée capitale (breakthrough) attendons-nous ? Ou est-elle déjà là ? Le countryside serait-il le dernier espoir pour préserver l’intimité ?

Ainsi, en montant au premier niveau, on se retrouve dans une situation room, comme l'appelle Samir Bantal, co-curateur de l’exposition et directeur d’AMO, où on peut saisir une suite d’instantanées de ce moment culturel particulier (snapshot of cultural moment21).

Sur la volonté didactique et la scientificité du propos, les critiques ne sont pas rares : « il (Koolhaas) a enfilé ses bottes en caoutchouc et s'est aventuré dans les bois avec un mélange de nostalgie et de naïveté obstinée. Il écrit que le countryside est en dehors de (nos) radars, en faisant en sorte que ce nous entre parenthèse implique l’accomplissement d’une tâche des plus difficiles22 » auxquelles il s’est livré pour nous tous et qu’il convient de suivre.

Nous quittons donc la dernière question posée au niveau 1 : « what world do you wanna live in ? », et entamons l’ascension vers le sommet.

2.1 Otium negotium/retail wellness

Le deuxième niveau de l’exposition, intitulé Leisure/Escape (loisir/refuge), les commissaires posent les fondations historiques de leur travail. Ils résument ainsi la mutation du countryside : autrefois, il s’agissait d’un lieu de retraite loin de la ville, propice à la réflexion, tant dans la culture occidentale (otium) que dans celle orientale (le concept chinois de xiaoyao). Opposé à la ville, le lieu du negotium, mais inextricablement nécessaire à celle-ci, le countryside et l’urbain ont tressé des relations fertiles jusqu’au Moyen-Age où, selon les commissaires23, cette tradition est rompue et le clivage se creuse de plus en plus.

Les premières tentatives de réinvention dialogique entre ruralité et urbanités ont été expérimentées au XVIIIe siècle, notamment avec le hameau de la reine à Versailles, où Marie Antoinette aurait contribué à lancer le thème du « bien-être » (wellness) qui transforme l’otium culturel en une pratique individualiste centrée sur le corps. À partir de ce moment, la relation avec la campagne se transforme en profondeur, l’approche devient consumériste et le countryside assume un double visage : d’une part, une image de la wellness industry, la tranquillité, les retrouvailles avec la Nature, tout ce dont nous rêvons ; de l’autre, une étendue où les productions intensives acquièrent de plus en plus de légitimité car il s’agit des poumons alimentaires de la ville. Le countryside est donc loin d’être un lieu de retraite et réflexion : « les villes sont désormais coincées dans leur frivolité et sont maintenues en vie par les paysages complexes et organisés du countryside. Par exemple, les citadins sous la tour Orbit ArcelorMittal mangent tranquillement des glaces amenées des usines-fermes des faubourgs24 » dans une sorte d’hébétude généralisée.


Figure 1. La représentation de la frivolité urbaine selon les curateurs. A gauche :
Mishka Henner, Feedlots, 2013. A droite : Queen Elizabeth Olympic Park, London, 2018.

Bien que cela ne soit pas récent, bien qu’on sache depuis longtemps que ce countryside n’est plus la campagne inspirée de l’Antiquité, que ses nouveaux traits commencent à être visibles, ce nouvel objet est « ignored », ou réduit à un « non-lieu » (non place), une réserve de l’urbain25 pour éviter de se pencher sur la question de sa nouvelle définition (ou identification).

Il est impossible de ne pas préciser qu’un spectateur ayant approché quelques lectures sur le sujet (d’Emilio Sereni à Charles Walheim, en passant par Pierre Donadieu) est saisi par les raccourcis de cette lecture et par l’absence totale du terme paysage. Cela explique probablement l’ignorance à l’égard des expressions culturelles qui affectent ces territoires du travail, les countrysides, de manière ininterrompue depuis le Moyen-Age ainsi que la relation, jamais interrompue, depuis l’Antiquité, entre le corps et la Nature (de la relation aux eaux à celle avec les herbes médicinales, pour ne citer que deux exemples).

Mais cela ne semble pas intéresser les commissaires qui s’empressent de définir le passé comme un temps mythique caractérisé par un plus grand « respect pour la nature26 ». Pour retrouver cet état de grâce, il faut inscrire le projet de ce territoire dans une volonté politique. C’est donc le Countryside as an agent of transformation, qui renferme une force réformatrice, que nous allons découvrir.

2.2 Desseins politiques

Au troisième niveau, intitulé Political Redesign, nous sommes confrontés à un double regard : quelques exemples radicaux, assez marginaux et un discours assez provocateur, car, comme l’affirme Koolhaas : « des efforts prométhéens27 » sont indispensables pour construire une vision du futur ; certains projets réalisés dans le passé se sont révélés être des catastrophes, mais le spectateur doit prendre connaissance de ces 8 cas d’études, très hétérogènes, accompagnés de grandes images et portraits des hommes politiques. Se trouvent ainsi présentés parmi ces exemples qui font le grand écart politique : le projet Atlantropa d’Herman Sörgel, qui avait fait miroiter à Hitler la possibilité d’assécher la Méditerranée pour conquérir plus facilement les pays du Sud et importer leurs énergies ; celui des Agences américaines pour réduire l’érosion des sols pendant le Dust Bowl ; la modification de la campagne promue par Staline ou la grille urbaine développée par Jefferson.

Samir Bantal raconte, quant à lui, la rédemption du Qatar28 : État petit, mais riche, dépendant des importations alimentaires, qui est pris en étau par l’Arabie à la suite du blocus provoqué par les positions américaines. Bantal salue leur réaction : « no panic, no care, no food shortage29 », grâce aux technologies de pointe qui permettent de cultiver dans des serres ou d’élever des vaches dans des fermes au milieu du désert. Le positivisme du propos est tellement appuyé qu’aucune autre solution ne semble envisageable. Sur le versant opposé, Maak30 développe le thème du phalanstère, le projet de Fourier qui, au XIXe siècle, s’était inspiré de Versailles pour proposer une vision urbaine progressiste; dans ces micro-villages, le travail étant confié à la machine, les travailleurs (y compris les femmes) pouvaient dégager du temps pour d’autres activités : une vision un peu réductionniste, comme le commentent certains critiques, car les utopie parfaites n’existent que dans les interprétations anachroniques qu’on peut en faire31 . A cet égard, Maak n’en est pas en reste car il interprète les micro-villages du fouriérisme comme les avant coureurs des communautés hippies des années 1960, qui sont la première expression d’une radicalité nécessaire dont les exemples montrés dans l’exposition vont du Whole Earth Catalog à L’insurrection à venir de Tarnac.

Si les commissaires en étaient restés là, le propos aurait été un peu désordonné mais compréhensible ; mais cela serait sans la touche koolhaasienne qui, ne résistant pas à la provocation, explique que « Hitler avait un culte fétichiste pour le countryside32 », tout autant que Quaddafi, qui détestait la ville et qui a même consacré un livre à ce sujet, The Village, the Earth, the Suicide of the Astronaut, en bonne vue au même étage.

Faudrait-il reconsidérer leurs propos ?

Le spectateur peut choisir.

2.3 Les modèles du futur

L’étage suivant, le 4e, est consacré aux Experiments. Ici sont montrés les travaux réalisés en partenariat avec la Chine où, pour endiguer l’hémorragie migratoire de la campagne vers la ville, de nombreuses politiques rurales33 ont été mises en acte, ce qui devrait contribuer à conforter une vision optimiste34 du futur, ou, pour le dire avec le mot le plus utilisé dans les interviews, « inspirant ».

La parole du professeur Koolhaas, s’appuie sur la centaine de voyages effectués en Chine, comme le souligne la presse chinoise qui ne laisse jamais planer le soupçon d’opportunisme de la part de l’architecte envers ce pays pourvoyeur de commandes importantes.

Promus au rang de « recherches », les travaux des workshops conduits avec la Central Academy of Fine Arts, à Beijing, et effectués dans quatre territoires (provinces de Henan, Guizhou, Jiangsu and Shandong), permettent d’affirmer que les transformations des zones rurales chinoises sont impressionnantes et exemplaires. À travers quatre thèmes – l’économie collective, le tourisme culturel, l’e-commerce rural et l’agriculture high-tech –, sont mises en exergue les initiatives qui conjuguent la production locale et la vente par des plateformes numériques, ou une chaîne télé opportunément crée par Alibaba35 qui permet de montrer les collaborations fructueuses entre les artisans et le commerce mondialisé36.

Largement cité dans la presse chinoise, l’architecte dévoile son projet de territoire : « à certains égards, je crois que la Chine est le nouveau modèle de ce qui devrait se passer ailleurs pour le countryside. Ce que nous trouvons saisissant, et moi particulièrement, la raison pour laquelle nous avons une admiration pour la Chine, est qu’ils (les chinois) n’arrêtent jamais de tenter et font des tentatives incessantes d’amélioration… Ainsi, il n’est pas surprenant que certaines affiches chinoises, s’apparentant à des fantaisies dans les années 80, sont actuellement en cours de réalisation car le tout repose sur un travail systématique, un effort systématique et une pensée chinoise systématique qui leur permet de fabriquer leur propre futur37 ».

Au spectateur de savoir s’il est vraiment souhaitable d’être projetés dans ces exemples du futur. Ou d’être retro-projetés dans l’un des autres exemples salués comme une promesse du futur, la ville de Liuzhuang38 restée fidèle aux principes de Mao, où tout le monde a la même paye, consomme les mêmes choses, part en vacances au même endroit (en Thaïlande) en échappant ainsi à une offre qui pourrait corrompre leur éthique.

Car, à bien regarder, derrière le libéralisme sans retenue des visions technologiques et celui qui contraint totalement les libertés individuelles, il existe une continuité, dictée par un discours qui n’a même plus les allures parfois charmeuses de la ville néo-libérale, mais bien celui d’un totalitarisme capitaliste où l’individu est annihilé.

Pour continuer dans l’exposition, sans transition, deux exemples viennent nuancer la perplexité du spectateur. Ainsi, la parole est donnée à deux enseignantes à l’Université de Nairobi39 qui parlent de la nouvelle colonisation chinoise en Afrique et des tentatives pour inventer des modèles alternatifs, indépendant des emprunts à d’autres cultures. Par exemple, la ville de Voi, à deux cents kilomètres de Nairobi, où on peut être à cheval entre l’urbanité et la ruralité, inscrite dans la culture africaine. Et, pour finir, pêle-mêle, des exemples de la culture du off grid américain sont affichés sur les panneaux, du Back-to-the-Land Movement des années 1960 aux milliardaires survivalistes de la Silicon Valley, ou les exemples de (Re) Population grâce à l’accueil des migrants à Mannheim, Riace et Camini qui deviennent l’étendard d’un village global où les cultures coexistent.

Le goût de la contradiction semble donc être au centre de l’exposition.

2.4 Hybridations

Les exemples choisis pour illustrer le 5e niveau, celui de la Preservation, sont, en principe, plus consensuels et soulignent les mutations climatiques et leurs effets néfastes sur le vivant et la biodiversité. Les commissaires se postent devant les images de Humboldt qui, pour Koolhaas, représentent la forme la plus inspirante pour collectionner les éléments naturels, analyser la nature et l’aimer. « C’est emblématique d’une époque où on pouvait encore découvrir des éléments de nature intacte (unmolested) ; même lorsque des peuples indigènes les habitaient, leur vie dépendait de la nature qu’ils n’entreprenaient pas de détruire. …. Seulement deux siècles après, nous devons sauver la nature pour nous sauver40 ». Le propos principal du commissaire Koolhaas est que l’attitude dominante oscille entre la « conservation » et la « destruction », alors que l’on oublie que la Nature est une forme de commodity41. Le terme ayant une double valence qui explique le clivage entre l’urbain et le rural, le sauvage et la civilisation, la bonne solution serait de dépasser cette séparation et créer des buffer zones, des zones de mélange contrôlé comme celles des réserves naturelles.

Pour illustrer l’importance de ces espaces de transition, Maak décrit le cas de la protection des gorilles au Rwanda, en Uganda et au Congo. Les guerres et les trafics clandestins ayant causé la réduction dramatique de ces mammifères, un vaste plan de préservation a été mis en place qui a permis de faire repartir à la hausse la population. Une succes story42 totale car elle a donné lieu à la mise en place de buffer zones expérimentales où les gorilles, ayant vaincu la crainte des hommes, peuvent s’approcher des humains sans pour autant menacer les fermiers des alentours. Nous pouvons ici nous demander si des formes hybridées de Nature (comme l’exemple de ces gorilles ayant perdu leur statut sauvage) sont la seule perspective de cohabitation avec la Nature. En effet, la relation au sauvage est fondatrice de la culture et la disparition de cette entité, qui serait amoindrie, humanisée, ne va pas sans vrais bouleversements à la fois matériels (l’animalité, la sauvagerie) et symboliques, car finalement l’homme serait le seul à pouvoir fixer les règles du jeu de ces zones de transition. Le terme commodity, affublé à la Nature, résonne comme le pendant de ce discours où il y a, certes, un enrichissement de la civilisation par les apports sur la Nature mais, en même temps, la civilisation apporte beaucoup aux espaces de Nature, en leur permettant des transformations enrichissantes.

L’ambigüité du propos est extrême : l’intervention de la préservation a posteriori est nécessaire en raison des déséquilibres engendrés par les activités humaines, qui produisent la disparition de segments entiers de biodiversité. Et, le globe étant déjà une entité sur laquelle l’homme régule l’usage des ressources, les catastrophes climatiques actuelles montrent les effets de cette bufferisation souhaitée.

2.5 Contradictions

La contradiction est saisissante lorsqu’on avance et on montre des exemples qui montrent l’impact humain, rarement « enrichissant » pour la Nature. C’est le cas pour la section qui aborde le dégel du permafrost dans la région de Yakutsk en Sibérie43, qui provoque des déséquilibres systémiques du continent. Les études des chercheurs montrent bien que cela est dû à l’agriculture industrielle introduite dans les années 1960 à laquelle a suivi une urbanisation et un usage touristique sans modération des sites à proximité labellisés comme Patrimoine de l’Unesco. Ainsi, le terme dégel cache probablement celui qu’il faudrait utiliser : Thermokarst, qui renvoie à une réalité où : « le sol est au bord du collapse, il s’enfonce, glisse, s’affaisse, forme des cratères et des reliefs ; ces zones se remplissent d’eau44 » qui concourt à la disparition du yedoma45. Un implacable réquisitoire bien loin de la démonstration du fonctionnement d’une tablette dans l’expo, où Bantal, à côté d’une scientifique, lance aux journalistes : « vous voulez entendre le permafrost craquer ? ». Et, en entendant le son, il commente : « nice ». Glaçant.


Figure 2. Entre protection, destruction et hybridation : visions du countryside.

Pour terminer se trouvent deux cartes qui montrent deux manières opposées d’imaginer la vie sur terre dans le futur.

L’une développe l’idée du Manifeste de E.O. Wilson Half-Earth, de 2016, pour qui il faut préserver intégralement une moitié de la terre, celle naturelle, dans sa forme première, avant de développer l’autre moitié. La carte qui correspond est ainsi couverte d’un patchwork de forêts vertes. L’autre carte-vision représente une « planète partagée » avec beaucoup moins de vert. « La séparation ne réside pas nécessairement entre une nature pure et un reste impure, mais plutôt sur le partage et le mélange des territoires. Pour les habitants, c’est l’apprentissage d’un mode de vie qui s’apparente aux cultures indigènes, capables d’habiter les espaces sans les détruire46 ». Koolhaas reconnaît la valeur des deux propositions, mais insiste sur le fait que la première demanderait à revenir à un état d’origine loin de la modernité et que donc la seconde semble offrir plus d’espoir car les scientifiques peuvent « gérer la limitation du réchauffement de la planète. C’est la preuve que tout n’est pas perdu, et qu’il ne faut pas voir tout de manière apocalyptique47 ».

Nous sommes sur le point de découvrir les traits de ce countryside promis.

2.6 La raison est toujours rationnelle

Disons-le : il n’y a aucune forme d’ironie dans le titre choisi pour terminer l’exposition, Cartesian Euphoria. Le philosophe français est salué comme celui qui a permis de trouver un système de description universel du monde, un modèle rationnel qui sait : « unifier les sciences et fonder les connaissances sur une méthode universelle, permettant de balayer la philosophie scolastique, les explications mythiques, les forces occultes, les qualités cachées, la raison d’être (inspirée par le telos aristotélicien)48 ». C’est à dire que l’inattendu et les aspérités du monde peuvent être lissées et comprises. Les curateurs se placent sur le versant opposé aux formes complexes du monde qui demandent une attention, une sollicitude frugale pour échapper audéveloppement propulsé par la rentabilité. Koolhaas l’assume : certes, parfois cette vision rationnelle peut être réduite au seul profit et à l’efficacité, mais elle joue aussi un rôle positif et, même, salvateur. Il est donc urgent de procéder à un rééquilibrage de la rationalité en faveur du positivisme pour aller vers « un futur ouvert ». Ou mieux, le futur dont Koolhaas nous montre l’image dans un miroir déformante, car, comme il a été noté par les critiques : « Elle (l’exposition) reflète également la fascination de Koolhaas pour la puissance et la folie du rationalisme cartésien, qu'il associe à la maîtrise hollandaise de la nature au XVIIe siècle, et qu'il voit se manifester dans les paysages actuels striés de l’agriculture intensive, des grands systèmes énergétiques et des Big datas49 ».

Pour conforter cette vision, la parole est donnée à un échantillon de chercheurs dont les recherches sont inscrites dans cette veine : à la suite d’un échange avec des fermiers du North Dakota50, face aux transformations et crises provoqués par la concentration des graines, de la production et de la distribution par quelques multinationales, Janna Bystrykh défend la pratique d’une agriculture de précision grâce aux des drones, qui visent les plants et utilisent le moins possible de pesticides ; ou encore, l’installation expérimentale du projet PhenoMate qui permet de repérer les graines et de nourrir les plantes à l’aide de l’intelligence artificielle ; pour finir avec l’expérience quelque peu poétique de Ingo Niermann et sa relation à l’eau, le « paysage du futur51 ».


Figure 3. L’euphorie cartésienne en images : à droite la pixel farming

2.7 Visions du déjà-là

La part belle revient aux projets néerlandais, notamment ceux étudiés avec l’Université de Wageningen. Comme le rappelle le texte du catalogue, l’équipe de l’exposition a voulu mettre en avant le Westland, une mégalopole de serres aux portes de Rotterdam : « un hub de la production globale de fruits et légumes ; des environnements parfaitement contrôlés avec des rangées et des rangées de plants optimisés dans une suite sans fin de boites en verre52 ». L’apothéose étant la pixel farming de la chercheuse Lenora Ditzler53. Il s’agit d’un système d’agriculture pensé en fonction de la biodiversité et non de la production, affirme la scientifique. Il s’inspire de systèmes existants, comme le Three Sisters mexicain et américain, c’est à dire la culture intercalaire de trois graines (mais, courge, haricots) qui cohabitent et s’alternent. Transposée dans le système pixel, cette culture ancienne se transforme en une sorte de tableau de cohabitations possibles aidé par des algorithmes et géré par des petites machines de haute technologie.

Pourquoi tant de séduction pour cette réinvention d’un système culturel ancien ? Probablement le fait qu’il se prête à une forme « d’urbanisme pour la végétation54 » avec des cohabitations et des emprunts, comme entre des voisins, où les insectes et la flore seraient des visiteurs pas toujours attendus. Nous sommes probablement au sommet de la démonstration. L’univers urbanistique et ses langages ont hybridé la nature qui assume des comportements « urbains ». Troublante conclusion à laquelle Christophe Catsaros oppose une alter-ouverture qu’il soumet à l’architecte : « Prenant le contrepied de l’écologie radicale, toute cette recherche tend vers une agriculture intensive et durable, portée par la conviction que la solution ne peut pas résider dans la décroissance. Redimensionner le monde semble une option exclue de l’exposition » ; et à Koolhaas de réaffirmer dans sa réponse que : « redimensionner le monde et inverser la course du progrès implique l’abandon d’une ambition prométhéenne. Sans cette ambition, s’ouvrirait un monde totalement entropique, désordonnée… »

L’exposition se termine sur une piscine vide, qui représente : « une civilisation ”métropolitaine, obsédée par le capital, agonistique et occidentale” qui a déserté de son rôle de modèle pour la civilisation55 ». La fin de la civilisation métropolitaine occidentale est actée et nous savons que son futur est représenté par ce countryside dont la démonstration vient d’être faite et où, la culture a été broyée par l’agri-technie. Comme on peut le lire dans les critiques : « le countryside dont il est question est une campagne subalterne, une centrale de production au service de la vie urbaine au point d’être évidée d’une identité, elle se transforme en fonction de la vie urbaine et subit passivement la gentrification56 » et sa gestion technologique.

3. Conclusion

Tous ces supports, ces recherches, ces questions déployés dans Countryside, The Future pour confirmer, en somme, une apocalypse urbaine bien avancée. « Des milliers d'années d'histoire architecturale et culturelle sont abandonnées. Les débats, les prédictions, l’idéologie sont ignorés, littéralement. C'est le post-humain. Il n'y a pas eu d'architecture d'une telle vigueur dans les 100 dernières années. Elle est basée strictement sur les codes, les algorithmes, les technologies, l'ingénierie et la performance, pas sur l'intention57 » s’exalte Koolhaas. Et nous terminerons en laissant en suspens une des questions posées dans l’introduction à l’exposition : «Le savoir-faire extrême d'aujourd'hui peut-il être combiné avec la bonté ?58 ». Il faut l’espérer, face à un futur qui, en dépit des affirmations des curateurs, laisse peu d’espace à l’optimisme.

Crédits et légendes

Crédits photos : Solomon R. Guggenheim Foundation : © David Heald ; © Luca Locatelli © Laurian Ghinitoiu courtesy AMO

Figure 1. La représentation de la frivolité urbaine selon les curateurs. A gauche :

Mishka Henner, Feedlots, 2013. A droite : Queen Elizabeth Olympic Park, London, 2018 © Luca Locatelli

Figure 2. Entre protection, destruction et hybridation : visions du countryside © David Heald

Figure 3. L’euphorie cartésienne en images : à droite la pixel farming © Laurian Ghinitoiu courtesy AMO


  1. Cf. https://www.guggenheim.org/teaching-materials/countryside-the-future [consulté le 6/05/2021] [sans numérotation de page] 

  2. Cf. https://www.floornature.eu/countryside-future-laexposition-daamo-rem-koolhaas-au-guggen-15255/ [consulté le 10/05/2021] [sans numérotation de page] 

  3. Koolhaas, Rem, « Koolworld », Wired, n°6, 2003, p. 117 sq. 

  4. Koolhaas, Rem, JUNKSPACE, Paris, Payot (manuels), 2011, p. 50. 

  5. Ibidem, p. 56. 

  6. Cf. https://www.guggenheim.org/exhibition/countryside [consulté le 15/05/2021] [sans numérotation de page] 

  7. Hallstein, Olivia Ann Carye, « Countryside the future / Rem Koolhaas at the Guggenheim », Ecoartspace, 11/08/2020 : https://www.ecoartspace.org/Blog/9158305 [consulté le 10/05/2021] [sans numérotation de page] 

  8. Propos tenus par la conservatrice adjointe du Guggenheim Ashley Mendelsohn dans l’audio de la visite, cf. https://www.guggenheim.org/audio/track/welcome-from-the-guggenheim-curators [consulté le 15/05/ 2021]  

  9. Chung, Chuihua Judy ; Inaba, Jeffrey ; Leong, Sze Tsung ; Koolhaas, Rem,

    The Harvard Design School Guide to Shopping / Harvard Design School Project on the City 2, Mannheim, Taschen, 2002, 800 p. ; cf. Scott, Felicity, « Future Markets », ArtForum, juillet-août 2020 : https://www.artforum.com/print/202006/felicity-d-scott-on-countryside-the-future-83297 [consulté le 12/05/2021] [sans numérotation de page] 

  10. En anglais, dans la vidéo, preternatural intuition ; cf. https://www.floornature.eu/countryside-future-laexposition-daamo-rem-koolhaas-au-guggen-15255/ [consulté le 10/05/2021]  

  11. Les collaborateurs cités sont : Rita Varjabedian, Anne Schneider, Aleksandr Zinovev, Sebastian Bernardy, Yotam Ben Hur, Valentin Bansac, Ashley Mendelsohn, Assistant Curator, Architecture and Digital Initiatives, Guggenheim. Avec la participation de :Niklas Maak, Stephan Petermann, Irma Boom, Janna Bystrykh, Clemens Driessen, Lenora Ditzler, Kayoko Ota, Linda Nkatha, Etta Mideva Madete, Keigo Kobayashi, Federico Martelli, Ingo Niermann, James Westcott, Jiang Jun, Alexandra Kharitonova, Sebastien Marot, Fatma al Sahlawi, Vivian Song. 

  12. Wu, Lois, « Countryside, The future : An Art Museum’s Take on Modern Environmental Issue, 15/07/2020 ; https://puamsab.princeton.edu/2020/07/*countryside*-the-future-an-art-museums-take-on-modern-environmental-issues-lois-wu-23/ [consulté le 10/05/2021] [sans numérotation de page] 

  13. Cf. la vidéo intitulée Questioning the future : https://www.youtube.com/watch?v=87_dtBWL2ZA [consulté le 7/07/2021] 

  14. Cf. https://www.guggenheim.org/audio/track/rotunda-level-1-introduction-from-koolhaas-and-bantal [consulté le 10/06/2021] 

  15. « Countryside, the Future – Earth’s rural areas are being transformed by climate change and technology », Desispeaks.com, 20/11/2020 : desispeaks.com/countryside-future/ [site consulté le 13/05/2020] 

  16. Sur la page du site du Musée : https://www.guggenheim.org/exhibition/*countryside* [consulté le 16 juillet 2021]. 

  17. Maak, Niklas, « Eurodrive : Repopulation Utopia », dans AMO/Rem Koolhaas, Countryside, a Report, Köln, Taschen, 2020, p. 20-61. 

  18. Ibidem, p. 61. 

  19. Heathcote, Edwin, « Rem Koolhaas’s Countryside at the Guggenheim remakes rural life », Financial Times, 21/02/2020 : https://www.ft.com/content/fc136dba-530b-11ea-90ad-25e377c0ee1f [consulté le 12/11/2020] [sans numérotation de page]

  20. La référence à Houellebecq revient à maintes reprises, et s’inspire d’une phrase dans Serotonine : « Dieu n’a pas construit les villes, il a créé la campagne » citée par Kissick, Dean, « The Downward Spiral : The Countryside », Spike Art Magazine, 11/03/2020 : https://www.spikeartmagazine.com/articles/downward-spiral-*countryside* [consulté le 10/05/2021] [sans numérotation de page] 

  21. Comme les appelle Sarah Whiting, le dean de la Harvard School of design ; cf. https://www.guggenheim.org/audio/track/high-gallery-why-research-is-important-to-architecture [consulté le 10/06/2021] 

  22. Davidson, Justin, « Farm Livin’ Is the Life for Me, Ja? Rem Koolhaas Tries Out Country Life », Cityscape, 24/02/2020 : https://nymag.com/intelligencer/2020/02/rem-koolhaass-*countryside*-the-future-at-the-guggenheim.html [consulté le 15/05/2021] [sans numérotation de page] 

  23. https://www.guggenheim.org/audio/track/rotunda-level-2-leisure-escape [consulté le 10/06/2021] 

  24. Shaw, Matt, « The Ignored Realm.Rem Koolhaas sets a global non-urbanagenda with Countryside at the Guggenheim », ArchPaper, 18/02/2020 : https://www.archpaper.com/2020/02/rem-koolhaas-*countryside*-at-the-guggenheim-review/ [consulté le 16/05/2021] [sans numérotation de page] 

  25. Ibidem.  

  26. Kormann, Carolyn, « Annals of a Warming Planet. Rem Koolhaas’s Journey to the Countryside », The New Yorker, 9/02/2020 ; https://www.newyorker.com/news/annals-of-a-warming-planet/rem-koolhaass-journey-to-the-*countryside* [consulté le 20 novembre 2020] [sans numérotation de page] 

  27. https://www.guggenheim.org/audio/track/rotunda-level-3-political-redesign [consulté le 10/06/2021] 

  28. https://www.guggenheim.org/audio/track/food-production-in-qatar [consulté le 10/06/2021] ; cf. Bantal, Samir, « Food Insecurity », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 84-87 

  29. https://www.guggenheim.org/audio/track/food-production-in-qatar [consulté le 10/06/2021] 

  30. https://www.guggenheim.org/audio/track/societal-experiments-in-19th-century-france [consulté le 10/06/2021] ; Maak, Niklas, « Eurodrive : Repopulation Utopia », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p.56 sq.  

  31. Oynar, Hande, « Are cities really all that? A provocative exhibition takes a newlook at the countryside », conversionalist.org, 28/05/2020 : https://conversationalist.org/2020/05/28 [consulté le 17/05/2021] [sans numérotation de page] 

  32. Kormann, Carolyn, The New Yorker, 9/02/2020, op.cit. 

  33. Cf. l’interview de Stephan Petermann : https://www.guggenheim.org/audio/track/chinas-countryside [consulté le 10/06/2021] ; Petermann, Stephane, « Villages with Chinese Characteristics », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 124-147  

  34. https://www.guggenheim.org/audio/track/rotunda-level-4-experiments [consulté le 10/06/2021] 

  35. Shaw, Matt, ArchPaper, 18/02/2020, op.cit. 

  36. Kissick, Dean, « The Downward Spiral: The Countryside », Spike Art Magazine, 11/03/2020 : https://www.spikeartmagazine.com/articles/downward-spiral-*countryside* [consulté le 17/05/2021] [sans numérotation de page] 

  37. Xinhua, « Countryside, The Future’ exhibition highlights China’s dramatic growth », Global Times, 27/02/2020 : https://www.globaltimes.cn/content/1180995.shtml [consulté le 17/11/2020] [sans numérotation de page] 

  38. Petermann, Stephan, « Villages with Chinese Characteristics », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 144 sq. 

  39. Nkhata Gichuyia, Linda ; Madete, Linda, « Ocha : African Avant Garde », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 88-103 

  40. Kormann, Carolyn, The New Yorker, 9/02/2020, op.cit. 

  41. Rappelons que le terme signifie, à la fois, un « bien », mais aussi une « marchandise » ; cf. https://www.guggenheim.org/audio/track/rotunda-level-5-preservation-nature [consulté le 10/06/2021] 

  42. https://www.guggenheim.org/audio/track/gorilla-and-human-cohabitation [consulté le 10/06/2021] 

  43. https://www.guggenheim.org/audio/track/permafrost [consulté le 10/06/2021] ; Bystryke, Janna, dans AMO/Rem Koolhaas, op.cit., pp. 148-169. 

  44. Ibidem, p.149. 

  45. Le nom spécifique du permafrost sibérien. 

  46. Kormann, Carolyn, The New Yorker, 9/02/2020, op.cit. 

  47. Ibidem. 

  48. https://www.guggenheim.org/audio/track/rotunda-level-6-cartesian-euphoria [consulté le 10/06/2021] ; Driesse, Clemens, « Descartes was here », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 280. 

  49. Shapiro, Gideon Fink, « Rem Koolhaas's countryside, the next frontier of urbanization », Domus, 26/02/2020 ; https://www.domusweb.it/en/architecture/gallery/2020/02/26/countryside-the-future.html [consulté le 24 novembre 2020] [sans numérotation des pages] 

  50. Bystrykh, Janna, « Industrial farming Blues », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 224-251 

  51. Niermann, Ingo, « Sea Lovers », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 118-123. 

  52. Drissen, Clemens, dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 275. 

  53. Ditzel, Lenora, « Pixel Farming », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 300-321. 

  54. Ibidem, p. 301. 

  55. Kormann, Carolyn, The New Yorker, 9/02/2020, op.cit. 

  56. Cardone, Maurita, « La campagna selon Rem Koolhaas al Guggenheim di New York », ArtTribune, 5/12/2020 : [https://www.artribune.com/dal-mondo/2020/12/mostra-campagna-rem-koolhaas-guggenheim-new-york/]() [consulté le 17/05/2021] [sans numérotation de page] 

  57. Koolhaas, Rem, « TRIC : Post-human Architecture », dans AMO/Rem Koolhaas, op. cit., p. 272. 

  58. Shapiro, Gideon Fink, Domus, 26/02/2020, op.cit.