L’écume : Fabrique paysagère et géopoétique du surfeur en milieu océanique
Ludovic Falaix

Installé sur la côte basque depuis la fin des années 1980, passionné de surf, Ludovic Falaix est maître de conférences à l'université Clermont Auvergne, rattaché à l'UMR 1273 Territoires. Actuellement en délégation CNRS au sein de l'UMR 5319 Passages, il élabore une géographie à fleur de peau dont la finalité consiste à démontrer que les individus établissent leurs territorialités et s’évertuent à renouer avec les saveurs des madeleines confectionnées dans l’alcôve de leurs mélancolies. Et quand, malgré les pérégrinations, les errances, les voyages, les immobilismes, l’ubiquité, les rencontres, les battements du monde, ces parfums ne sont plus que des chimères, des illusions, des fantasmes, des utopies, ses recherches mettent en lumière que les individus n’ont plus d’autre alternative que d'éprouver leurs contemplations du monde à partir d’un exorcisme de leurs propres réalités dans l’espoir de retisser des liens avec le vivant et dont le surf est une éloquente métaphore.

Résumé :

Ce texte présente la manière dont certains surfeurs élaborent leur relation à la vague. Il met en lumière le fait que le surf ne saurait se réduire à sa seule dimension sportive et qu’il renvoie à la volonté de certain-e-s pratiquant-e-s d’éprouver, par l’intermédiaire des sensations que provoque l’acte de glisse, leur présence au monde. En épousant le mouvement de la houle, les surfeurs laissent ainsi la trace de leur passage dans le paysage maritime dont les trainées d’écume sont les principaux marqueurs visuels. Inscrits en syntonisation avec l’océan, c’est-à-dire capables d’en ressentir les vibrations, le rythme, le souffle et l’énergie, les surfeurs se fondent dans le milieu marin dont ils soulignent le temps que durent leurs accomplissements corporels sur la vague, la dimension homéostatique et leurs dispositions géopoétiques à habiter le monde.
Abstract :
This paper is about how some surfers build their relationships to the waves. It highlights how surfing shouldn’t be reduced to its sole athletic dimension but has to do with the surfers’ will – through the sensations conveyed thanks to gliding – to be more mindful to the world they live in. By hugging the swell’s figure, surfers thus leave their trace in this marine environment whose foam trails are the main visual markers. Tuning with the ocean – by being capable of feeling its vibrations, its rhythm, its breeze, and its energy, the surfers melt away in the marine environment, highlighting, while their physical achievement lasts,its homeostatic dimension and their geopoetic dispositions to inhabit the world.

« Les exigences réelles d’une vie dévouée à un lieu, et le fait de vivre des énergies solaires et végétales qui sont concentrées dans ce lieu sont si intenses physiquement et intellectuellement qu’il s’agit aussi d’un choix moral et spirituel. L’humanité a un rendez-vous avec sa destinée dans l’espace1 ».

Avant qu’il ne devienne une pratique sportive adoptée au début du XXème siècle par le monde occidental et le territoire d’expérimentation d’une contre-culture dans le cadre de la rupture introduite par la postmodernité, le surf est originellement une coutume sacrée. En effet, au coeur de son berceau hawaïen2 où il est découvert par James Cook en 1778, le surf joue des fonctions sociales, religieuses et politiques importantes c’est-à-dire que la glisse sur la vague est une allégorie des relations que les membres des différentes tribus qui peuplent l’archipel élaborent avec la nature, l’espace, le temps, le corps, soi, l’autre. Dans ce contexte, le surf est un puissant vecteur de distinction sociale. Il est aussi un rite de cohésion sociale puisqu’il participe à une distribution des rôles sociaux au sein des communautés tribales.

Aujourd’hui, ces dimensions historiques liées à la pratique du surf sont parfois revisitées par certains surfeurs contemporains qui considèrent que les relations qu’ils entretiennent avec la vague expriment la manière dont ils envisagent les trajectoires de leur existence. La vague surfée comporte une dimension existentielle3 et cette perspective prévient ainsi le risque d’assimiler ceux qui l’architecturent, la dessinent, la métamorphosent en paysage anthropisé, à des individus dont la vitalité reposerait sur l’unique terreau de la déviance ou de la contestation sociale. En effet, les prouesses techniques, les accomplissements corporels, les chorégraphies4 que réalisent les surfeurs sur la vague engendrent une transformation paysagère de la houle dans la mesure où ils laissent une marque de leur passage dont l’écume abandonnée dans le sillage des dérives de leurs planches est le plus emblématique des éléments visuels. Développer ce regard sensible sur cette pratique, invite alors à interroger la corpospatialité des surfeurs, c’est-à-dire la dynamique relationnelle qu’ils instaurent avec le milieu marin. Dans le cadre de cette relation singulière à la vague qui nécessite un apprentissage de longue haleine, les surfeurs accordent une place prépondérante à la dimension affective et sensuelle qu’ils expriment à travers la glisse. Au creux de la vague, les surfeurs transcendent la houle, magnifient la courbe de la vague et élaborent leurs espaces de glisse. La fabrique géopoétique et paysagère de ces territoires du surf est éphémère5. La vague surfée acquiert ainsi les caractéristique d’un « lieu pratiqué ». Elle incarne le langage spatial des surfeurs dans la mesure où Michel De Certeau évoque l’idée que « l’espace serait au lieu ce que devient le mot quand il est parlé, c’est-à-dire quand il est saisi dans l’ambiguïté d’une effectuation, mué en terme relevant de multiples conventions, posé comme l’acte d’un présent (ou d’un temps), et modifié par les transformations dues à des voisinages successifs. En somme, l’espace est un lieu pratiqué6 ». Ainsi, l’empreinte paysagère qu’élaborent les surfeurs lorsqu’ils glissent sur les vagues entérine les aptitudes qu’ils développent à se mouvoir au sein d’un milieu océanique dont ils utilisent l’énergie, la force, la puissance. Dans ce contexte, les paysages du surf ne peuvent être qu’éphémères. Ces paysages produits par les surfeurs ne durent que le temps au cours duquel les surfeurs parviennent, à grand renfort de compétences techniques, physiques, sportives et émotionnelles, à exploiter l’énergie de la houle, du milieu océanique, pour se déplacer. À défaut, c’est-à-dire sans que ne soit accompli l’acte de glisse, la vague conserve toutes ses caractéristiques paysagères intrinsèques. L’avènement de cette empreinte paysagère laissée par les surfeurs illustre également le fait que « c’est grâce au mouvement que l’homme acquiert et gagne sa substance, qu’il se maintient présent dans l’existence… Par le mouvement aussi, il s’approprie l’étendue de son oekoumène, la rend sienne7 ». L’écume laissée dans le sillage des dérives des planches est la signature paysagère visuelle des surfeurs. Au risque de paraphraser Novalis8 la glisse caractérise le désir exprimé par les surfeurs de romantiser le monde. En glissant sur la vague les surfeurs fabriquent le paysage puisqu’ils modifient les propriétés naturelles du déferlement des vagues. Mais, au-delà de ces empreintes visuelles, la glisse invite à s’interroger sur la « poly-sensorialité9 » des paysages créés par les surfeurs dans la mesure où l’accomplissement de leurs gestuelles dont l’objectif consiste à épouser le mouvement de la houle pour s’inscrire dans la course de la vague convoque des aptitudes corporelles qui dépassent le champ sportif. Cette dimension poly-sensorielle des territoires du surf souligne la dimension ontologique et phénoménologique contenue dans l’acte de glisse. Elle rappelle combien « nous restons attachés au territoire où nous avons appris à être au monde10 ».

À partir de cette hypothèse qui consiste donc à penser que le surf présente une tonalité ordalique11, que cette pratique sportive comporte une dimension jubilatoire induite par cette confrontation symbolique et kinesthésique avec le milieu marin, sont ainsi circonscrits les enjeux d’une « géographie à fleur de peau12 » qui peut être définie comme l’interprétation des ressorts émotionnels, sensoriels et sensuels que convoquent les individus pour opérer la mutation du lieu en espace et ainsi établir les contours de leur présence au Monde. Cette « géographie à fleur de peau » entend ainsi concourir à l’exploration de la dimension existentielle induite par l’habitabilité de la vague rendue efficiente dès lors que les surfeurs la magnifient en y accomplissant l’acte de glisse dont la finalité consiste, bien souvent et au-delà de la performance sportive, à tutoyer l’esprit « Aloha », terme d’origine hawaïenne qui signifie littéralement : l’expérience – alo - du souffle de vie – ha. La glisse devient alors une modalité privilégiée pour éprouver l’intensité d’une présence au Monde. Cette perspective ouvre ainsi l’opportunité de saisir, qu’au-delà de la maîtrise technique et de l'intensité de l'engagement corporel qui sont les marqueurs normatifs et emblématiques de la mise en scène médiatique des pratiques de glisse, le surf illustre, chez certains pratiquants, le souci d’une revitalisation d'une relation à la nature entendue comme manifestation de la prise de conscience du caractère dystopique, disruptif, de l'anthropocène, et comme vecteur d'une renaissance. En d’autres termes, le surf traduit le désir exprimé par certains pratiquants d’un « réensauvagement solidaire » qui scelle une forme de réconciliation entre les humains et le vivant et dont les mobilisations environnementales en faveur de la préservation du milieu océanique13 consiste à « favoriser la régénération des fonctionnalités du milieu qui fonctionnent toutes seules14 ». Et même si aucun nénuphar ne pousse dans leurs poumons15, certains de ces pratiquants y consacrent leur vie, et sont alors enclins à s’abandonner dans leur passion en ayant l’intime conviction que cette pratique sportive contribue à la sédimentation d’une forme de bien être existentiel vécu sur le registre corporel et philosophique.

1. Dialectique mouvement/repos comme rempart à l'acosmie du monde contemporain

Les sensations que confère l’acte de glisse aux surfeurs engendrent la transformation du chaos en cosmos, du topos en chôra16. En d'autres termes, la dimension phénoménologique de la relation à la vague qui s’instaure dans l’acte de glisse autorise alors le passage de « l’espace spatialisé à l’espace spatialisant17 ». Cette relation charnelle avec la vague qui convoque une dynamique hylétique confère au surfeur l’opportunité d’une appropriation sensible de « l’espace déjà constitué18 », c’est-à-dire de la vague en mouvement. Cette appropriation synesthésique de la vague rend signifiant et signifié l’acte de mesure des surfeurs qui nourrissent ainsi le sentiment d’une présence au monde dans la mesure où la glisse introduit une rupture hiérophanique c’est-à-dire une distinction entre le sacré et le profane. La glisse sanctionne donc une expérience corporelle et spatiale singulière puisqu’elle caractérise la capacité des surfeurs à introduire une distinction majeure « entre un territoire habité et organisé, donc cosmisé » et « l’espace inconnu qui s’étend au-delà des frontières19 » que représente l’immensité de l’océan. En glissant sur la vague, les surfeurs habitent le milieu océanique et se construisent en tant qu’être humain doué de sensibilité et d’émotivité dont ils éprouvent les registres à travers l’acte spatialisant qui consiste à révéler le génie des lieux, à prendre la mesure des lieux, à embrasser la lèvre20 de la vague, à sceller une alliance avec la nature dans l’espoir de conjurer l’incertitude de vivre l’exaltation de la glisse entendue comme métaphore d’une existientialité. La glisse consacre la vague. « Surfer, c’est aimer la vague dans le mouvement de son incertitude21 ». Autrement dit, la glisse est « la trajection22 » des surfeurs. L’accomplissement de l’acte de glisse et l’exploration du registre sensoriel qu’il sous-tend révèlent le potentiel de la houle qui se transforme en vague. La glisse est l’acte fondateur de la pratique du surf. La glisse est le dessein architectural du surfeur qui s’emploie à exploiter la puissance et les vibrations de l’océan pour se déplacer, jouer avec l’écume, se lover dans le creux la vague, mais aussi pour s’envoler dans les airs, fracasser la lèvre ou bien encore accomplir des arabesques. La vague ainsi sculptée, façonnée par l’accomplissement corporel des surfeurs, porte les stigmates d’une action humaine, une empreinte paysagère dont le caractère éphémère correspond au temps d’évaporation des embruns. « La glisse est la danse avec les quatre éléments. En captant les forces marines, éoliennes, telluriques et solaires, nous nous métamorphosons dans un état de transe qui est celui de la communication avec le grand Tout23 ». Les paysages du surf comportent donc un projet existentiel. La glisse entérine chez le surfeur la mutation qu’il opère d’un « en soi » à un « pour soi24 » c’est-à-dire la transformation du milieu marin pensé dans une acception essentialiste à un monde surfique qui comporte une perspective ontologique, une ambiance25 spécifique.

Dans ce contexte, les surfeurs épousent une posture homéostatique fondée sur le fait de parvenir à inscrire leur mouvement en symbiose avec le déferlement de la vague, le rythme de l’océan, l’irrémédiable course de la houle. Comme le souligne l’essayiste Gibus De Soultrait26, parvenir à surfer nécessite de ne plus considérer le libre arbitre, c’est-à-dire cette potentielle emprise de l’homme sur la nature, comme seule modalité d’une présence au monde mais de penser le mouvement, le placement, la rencontre avec la vague, comme une opportunité opportune de vivre intensément cette présence au monde le temps d’un ride. Dans cette perspective, la terre englobante, celle qui, selon Husserl, « ne se meut pas27 », présente les caractéristiques d’un monde noyau à partir duquel l’altérité et le mouvement peuvent être expérimentés, vécus, et, plus encore, pensés. Les surfeurs réaffirment cette nécessité d’ordre ontologique de considérer que la terre est au repos pour qu’advienne le mouvement des hommes. Le take-off, c’est-à-dire le moment où le surfeur se lève sur sa planche pour épouser la vague, sanctionne l’avènement d’un mouvement qui introduit une rupture avec l’immuabilité relative du monde. Les surfeurs apprivoisent ainsi le mouvement de la houle, son déferlement, son énergie. Ils transforment la course de la houle en un territoire stable afin d’enclencher leur propre mouvement dont la finalité comporte une dimension ontologique. Le démarrage dans la vague est une allégorie dont l’objectif consiste à ramener le mouvement de la terre, identifié depuis la révolution copernicienne, dans le giron d’une négation pour nourrir, par le mouvement induit par cette abstraction philosophique, la possibilité d’un mouvement aux vertus existentialistes qui serait l’apanage exclusif des hommes. L’empreinte paysagère du surfeur laissée dans ce contexte repose donc sur sa capacité à apprivoiser cette syntonie28 avec la houle, cette dialectique repos-mouvement, dont il sublime la course. En développant ce type de relation privilégiée à la nature, certains surfeurs renouent ainsi avec une posture animiste fondée sur une écologie des sens29 permettant de saisir le souffle du monde, de prendre soin du vivant30 et, in fine, d’inscrire potentiellement l’anthropocène dans un processus de patrimonialisation des biens communs31 afin de déjouer les prophéties sur son effondrement32. La glisse illustre les stratégies de résistances qu’adoptent certains surfeurs face à ce qu’ils identifient comme le caractère acomisque du monde contemporain précipitant même certains d’entre-eux dans des engagements politiques au nom de la lutte contre la crise environnementale33.

Ainsi s’ouvrent peut-être de nouvelles pistes d’investigations scientifiques où il s’agirait d’appréhender la recomposition du rapport des individus à la nature, du surfeur à la vague, comme une réponse au processus de déterritorialisation ou bien encore comme une stratégie de « l’humanité [qui] entreprend[rait] une manœuvre pour compenser son absence d’enveloppe dans l’espace, due à la cassure des vases célestes34 ». Les sphères, définies comme les structures qui englobent et contiennent le Cosmos, sont des espaces capables de garantir une forme de sécurité existentielle aux hommes. Les formes d’habiter produites par les surfeurs qui supposent l’établissement d’une syntonisation entre l’homme et la nature pourraient être l’expression d’une relation sensible aux lieux au sein desquels l’individu solliciterait la manifestation du sacré, entendue comme poésie, c’est-à-dire comme acte de mesure des lieux35 pour avoir la garantie d’exister. Là se situe peut-être la finalité que certains surfeurs attribuent à la glisse dans la mesure où elle participerait à la dynamique de réappropriation cosmotique de la nature à partir de laquelle les individus se reterritorialiseraient. Ainsi, la reconfiguration des rapports des individus à la nature introduits dans le cadre des pratiques de glisse pourrait être comprise comme une soif de spatialisation, une volonté d’habiter le monde, rendue effective à partir d’expériences corporelles singulières dans la mesure où « c’est le corps qui architecture (au sens verbal du terme), c’est avec le corps que nous modifions l’espace36 ». En mouvement, au creux de la vague, les surfeurs modifient la structure de la vague, exploitent son potentiel, utilisent son énergie et marquent de leur empreinte paysagère la place qu’ils souhaitent occuper dans l’immensité océane. En épousant le mouvement de la houle, en glissant sur la vague, les surfeurs laissent la trace de leur passage. Les traînées d’écume qu’ils laissent dans leurs sillages sont les principaux marqueurs visuels de la transformation paysagère induite par leurs chorégraphies. Ils se fondent dans le paysage marin dont ils soulignent, le temps que durent leurs accomplissements corporels sur la vague, la dimension homéostatique. Et comme le rappelle Corinne Pélluchon dans un chapitre intitulé L’espace, le milieu et les autres existants : « Exister c’est en ce sens avoir les pieds sur terre37 ». Le surf est un enracinement dynamique qui exalte la jubilation éprouvée par la conscience d’être vivant.

2.L'hétérotopie de la vague habitée

Les surfeurs élaborent ainsi une hétérotopie38 fondée sur l’exaltation des relations signifiantes et créatrices qui se tissent entre l’individu et le milieu. Pour saisir ces dynamiques, l’ethnographie énactive et la participation observante peuvent être considérées comme fécondes dans la mesure où elles permettent au chercheur de saisir ce caractère intime, sensible, et charnel des relations qu’entretiennent les individus au milieu ; les surfeurs à la vague. En se nourrissant de « chair et de sang39 », les sciences humaines et sociales peuvent alors mettre un terme au fait que de battre leurs cœurs se soient arrêtés sur l’autel de la rationalité et retrouver une forme d’émerveillement fondé sur la capacité des scientifiques à écouter le rythme des milieux : leurs ritournelles40. Affranchie de toute dérive métaphysique, l’hétérotopie à laquelle renvoie la vague surfée permet d’étudier le caractère ontologique des dynamiques spatiales en considérant qu’elles expriment la manière dont les individus expérimentent l’intensité de leur présence au monde.

Néanmoins, « être habité pour demeurer vivant41 », c’est-à-dire éprouver l’intensité de sa présence au monde dans le cadre d’expériences spatiales vécues sur le registre émotionnel, poétique, sinon romantique, nécessite, sans doute, de dépasser la seule mise en scène de nos existences42 afin de questionner les raisons profondes de nos engagements au/et dans le monde et la place que l’on peut/veut y tenir. La dimension ontologique du surf émerge lorsque les surfeurs éprouvent le sentiment d’une sécurité émotionnelle et affective. En effet, Heidegger souligne que « l’homme habite l’espace en poète43 » et que la poésie est l’acte de mesure réalisé par les individus pour prendre le pouls de leur condition géographique. La poésie est la principale ressource dont les individus disposent pour expérimenter cet ancrage spatial au cœur du vaste monde avec lequel ils composent pour circonscrire les frontières de leurs enveloppes écouméniques. Les surfeurs témoignent ainsi du fait que les individus aspirent à vivre l’exaltation de ce sentiment qu’est l’être au monde dans le cadre d’expériences sensibles singulières, toutes légitimes, en invitant les chercheurs à garder à l’esprit qu’« avant la question sur le lieu social et historique du questionnement sociologique, se trouve celle sur la situation existentielle dans laquelle les analyses sociologiques se trouvent historiquement justifiées44 ». Les surfeurs convoquent cette disposition phénoménologique propre à chacun afin que la sensorialité soit la langue privilégiée pour habiter45. Or, là se situe la singularité de cette lecture du surf dans un paysage scientifique où trop nombreux sont ceux qui ont fait le deuil de leur sensibilité dans le secret espoir de s’inscrire dans une formalisation scientifique dont Georges Gusdorf souligne que « le danger […] est qu’elle […] prétende, en se substituant à la conscience perceptive, fournir la lecture du réel valable à l’exclusion de toute autre46 ».

Dans son acception contre-culturelle, longtemps le surf a été considéré comme un espace autre, c’est-à-dire comme une hétérotopie pour laquelle Michel Foucault emploie la métaphore du bateau afin d’évoquer combien elle convoque les régimes anthropologiques de l’imaginaire. Le surf est une utopie au sens où la relation au milieu naturel, l’engagement corporel et émersif, est une expérience corporelle sensible, émotionnelle, sensorielle, vécue dans les profondeurs de l’intime qui confère ainsi à ce type de pratique sportive son potentiel ontologique. En effet, les expériences corporelles propres au surf permettent de s’affranchir du corps défini, en premier lieu, comme « topie impitoyable », comme « le contraire d’une utopie ». « L’utopie, c’est un lieu hors de tous les lieux, mais c’est un lieu où j’aurai un corps sans corps, un corps qui sera beau, limpide, transparent, lumineux, véloce, colossal dans sa puissance, infini dans sa durée, délié, invisible, protégé, toujours transfiguré ; et il se peut bien que l’utopie première, celle qui est la plus indéracinable dans le cœur des hommes, ce soit précisément l’utopie d’un corps incorporel47 ». Les pratiques récréatives liées au surf transfigurent le corps dans la mesure où le registre expérientiel, émotionnel et sensoriel qu’elles procurent permet un abandon des contraintes imposées par les contingences du corps. Mais là se situe aussi la dimension paradoxale du surf entendu comme mode de restitution d’un corps sublimé dans la performance, mais aussi dans la contemplation, l’extase, l’abandon, la dissolution, la présence… et qui convoque l’expérience sensorielle et motrice, non pas pour abandonner son enveloppe corporelle c’est-à-dire son corps vivant, mais bel et bien pour qu’elle devienne le siège d’une utopie, en conférant un accès au corps vécu et capacitaire48. La glisse incarne donc « le rêve de corps qui dévoreraient l’espace et maîtriseraient le monde » ; elle place le corps « au cœur du monde, ce petit noyau utopique à partir duquel je rêve, je parle, j’avance, j’imagine, je perçois les choses en leur place et je les nie aussi par le pouvoir indéfini des utopies que j’imagine49 ». Ces registres relationnels avec le milieu de pratique témoignent des modalités d’être au monde des individus. Ils les établissent en saisissant le monde social, en comprenant le monde social. Ces perceptions qui jalonnent les types de relations engagées avec le milieu naturel illustrent le fait que les individus sont enclins à différentes postures : défier le monde, quitter le monde, embrasser le monde… Et les styles de pratiques adoptés par les surfeurs s’inscrivent en résonance avec ces différentes modalités d’être présent au monde puisque les surfeurs peuvent, en fonction des différentes formes de glisse plébiscitées, épouser la vague, déchirer la vague, abandonner la vague en ne laissant donc ainsi pas la même trace paysagère.

Dans une perspective mésologique, l’expérience corporelle qui sous-tend la pratique du surf est un ordonnancement du Monde, une manière d’être au monde inhérente à cette faculté de pouvoir transformer le chaos – topos – en cosmos – chôra. Le surf est l’hétérotopie d’une utopie d’un corps incorporel, c’est-à-dire que les contingences du corps sont oubliées, dissoutes, au bénéfice d’une osmose avec la Nature, avec la vague, qui permet, par la transcendance qu’elle engendre, par l’expérience numineuse qu’elle procure, d’accéder au sentiment d’être vivant, intensément vivant, au cœur d’un lieu vécu, approprié, pratiqué tant dans ses dimensions matérielles et immatérielles afin qu’il devienne un espace géographique vécu où s’éprouve une forme de jubilation dont les résonances ont un caractère existentiel. Les images poétiques, les imaginaires, les symboles, les mythes que mobilisent les surfeurs afin de les transférer pour construire leur langage spatial, leur géographie existentielle, illustrent comment s’orchestre l’émergence de leur « espace potentiel50 ». Les dimensions symboliques que véhiculent et mobilisent les pratiquants sur le segment existentiel caractérisent la compréhension et l’interprétation des codes, valeurs et normes qui sous-tendent celles contenues dans le social et la culture. Les empreintes paysagères plurielles que les surfeurs impriment au cours de leurs glisses, les traces de leur présence au monde51, témoignent de l’imbrication des relations entre un milieu intérieur et un milieu extérieur, entre l’intimité et l’intime. Le surf est l’expression d’une utopie caractérisée par le désir de mobiliser l’expérience émotionnelle et sensorielle pour dépasser le cadre topographique imposé par les limites de son enveloppe corporelle et celles introduites par les structures sociales afin d’embrasser le monde, vivre le monde. Dès lors, il est possible d’appréhender le surf comme une pratique propice à un réenchantement du monde. Dans ce contexte, la planche de surf peut être considérée comme un prolongement du corps du surfeur. Et cette perspective reconfigure la manière de concevoir et de fabriquer les planches de surf. En effet, au delà de ses propriétés techniques dont les caractéristiques influent sur les modes de glisse qu’elles autorisent, la planche de surf pourrait faire l’objet d’une réflexion dans une perspective existentialiste en identifiant comment la fabrication des planches de surf s’inscrit dans un « design ontologique52 » dont la finalité serait de permettre l’expérimentation d’une nouvelle modalité d’être au monde.

Enfin, la glisse fait sans doute écho à cette conviction portée par Gaston Bachelard53 : « n’habite avec intensité que celui qui a su se blottir ». C’est du moins ce que le discours des surfeurs peut laisser croire. Puisqu’ils expriment unanimement l’idée que tuber, c’est-à-dire accomplir cette gestuelle sportive qui consiste à se lover dans le creux de la vague, consacre l’expérimentation de la glisse poussée à son paroxysme… De là à considérer que le désir d’architecturer la vague soit le principal segment sur lequel les surfeurs éprouvent cet enveloppement, il n’y a plus qu’un pas, ou plutôt un drop, un run, c’est-à-dire un « événement ecoesthétique54 », auquel les chercheurs, les architectes, les bâtisseurs, les aménageurs, les paysagistes, les designers pourraient être davantage attentifs pour en décrypter, non pas tant leurs portées identitaires, mais davantage leurs significations existentielles. Non sans mettre le doigt sur le fait que « la spatialité se définit par la distinction entre l’espace du corps et l’espace du milieu55 » et que cette distinction n’a de cohérence que dans la dialectique d’une unité entre ces deux polarités dont l’efficience suppose l’accomplissement d’un but ; l’exécution d’un ride !

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— Weisbein, Julien, « Défendre le littoral en croisant les expertises. Le cas des Gardiens de la côte », Norois, Vol. 238-239, n° 1-2, 2016, p. 97 sq.

— Younès, Chris, « L’événement de la ville et l’événement esthétique dans la ville », dans L'Observatoire, n°41, 2012, p. 41 sq.


  1. Snyder, Gary, Le sens des lieux. Éthique, esthétique et bassins-versants, Paris, Wildproject, 2008, p. 198. 

  2. Lemarié, Jérémy, Surf, une histoire de la glisse. De la première vague aux Beach boys, Paris, Arkhé, 2018. 

  3. Falaix, Ludovic, Surf à contre-courant, une odyssée scientifique, Pessac, MSHA, 2017.
    Falaix, Ludovic, Des vagues et des hommes : la glisse au cœur des résistances et contestations face à l’institutionnalisation des territoires du surf en aquitaine, Thèse de doctorat, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2012. 

  4. Clavel, Joanne, « Penser les pratiques chorégraphiques pour habiter autrement la terre », Nouvelles de Danses, n°78, 2020. 

  5. Augustin, Jean-Pierre, Surf atlantique : les territoires de l’éphémère, Pessac, MSHA, 1994. 

  6. De Certeau, Michel, L’invention du quotidien. I Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990, p. 173. 

  7. De Radkowski, George-Hubert, Anthropologie de l’habiter. Vers le nomadisme, Paris, PUF, 2002, p. 41. 

  8. Novalis, Le monde doit être romantisé, Paris, Editions Allia, 2021. 

  9. Besse, Jean-Marc « Le paysage, espace sensible, espace public », dans Meta : Research in hermeneutics phenomenology and pratical philosophy, 2010, Vol. II, n°2, p. 259 sq

  10. De la Sourdière, Martin, Arpenter le paysage : poètes, géographes et montagnards, Paris, Editions Payot & Rivages, 2022, p. 132. 

  11. Le Breton, David, Passions du risque, Paris, Editions Métailié, 1991. 

  12. Falaix, Ludovic, « Géographie de l’intime, habitabilité et cosmogonies immersives », dans Sociétés, n°134, 2016, p. 41 sq.
    Falaix, Ludovic, « Géographie(s) à fleur de peau », dans Géographie et Cultures, n°116, p. 123 sq

  13. Falaix, Ludovic, Lemarié Jérémy, Lafargue, Jérôme, « Activist Surfing-based Groups in the Tourism Transition: Localism and Universalism in the French Basque Country », dans Géocarrefour [En ligne], 95/2 | 2021, mis en ligne le 13 juin 2022, consulté le 04 septembre 2022. DOI : https://doi.org/10.4000/geocarrefour.18491 

  14. Morizot, Baptiste, Raviver les braises du vivant, Paris, Acte sud/Wildproject, 2020, p. 172. 

  15. Vian, Boris, L’écume des jours, Paris, Le livre de poche, [1947], 2002. 

  16. Berque, Augustin, « Logique des lieux de l’écoumène », dans Communications, n°87, 2010, p. 17 sq

  17. Merleau-Ponty, Maurice, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, [1945] 2003. 

  18. Ibid., p. 294. 

  19. Eliade, Mircéa, Le sacré et le profane, Paris, Gallimard, [1957], 2002. 

  20. La lèvre désigne la partie de la vague qui est projetée vers l’avant lors de son déferlement. 

  21. De Soultrait, Gibus, Le passage amoureux. Pour un imaginaire de l’incertitude, Guéthary, Vent de terre, 2021, p. 28. 

  22. Berque, Augustin,« Natura natura semper. Un point de vue mésologique », Nature & Récréation, n°1, 2014, p. 11 sq

  23. Bessas, Yves, La glisse, Paris, Fayard, 1982, p. 8. 

  24. Sartre, Jen-Paul, L’être et le néant, Paris, Gallimard, [1945] 2003. 

  25. Bégout, Bruce, Le concept d’ambiance, Paris, Seuil, 2020. 

  26. De Soultrait, Gibus, Le surf change le monde, Guéthary, Vent de terre, 2019. 

  27. Husserl, Edmund, La terre ne se meut pas, Paris, Les éditions de minuit, [1934] 1989, p. 27. 

  28. Mariani, Guillaume, « L’expertise syntonisatoire des surfeurs. Du façonnage corporel au sein du champ de vague à la formation d’une écologie de l’action » dans Falaix, Ludovic, (dir.) Surf à contre-courant, une odyssée scientifique, Pessac, MSHA, 2017, p. 121 sq

  29. Abram, David, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens, Paris, La Découverte, [2013], 2020. 

  30. Weber, André, Kurt, Hildegard, Réensauvagez-vous : Pour une nouvelle politique du vivant, Paris, Editions Le Pommier, 2021. 

  31. Landivar, Diégo « Animisme, patrimoine, communs », dans In Situ. Au regard des sciences sociales [Online],  2021, DOI: https://doi.org/10.4000/insituarss.1338

  32. Fleury, Cynthia, Habiter le monde de l’anthropocène, Paris, POPSU, 2021. 

  33. Weisbein, Julien, « Défendre le littoral en croisant les expertises. Le cas des Gardiens de la côte », Norois, Vol. 238-239, no. 1-2, 2016, p. 97 sq

  34. Sloterdijk, Peter, Bulles – Sphère I, Paris, Hachette Littérature, [1998], 2002, p. 27. 

  35. Heidegger, Martin, Essais et conférences, Paris, Gallimard, [1954], 2001. 

  36. Goetz, Benoît, Théorie des maisons. L’habitation, la surprise, Paris, Verdier, 2011, p. 13-14. 

  37. Pelluchon, Corine, Les nourritures. Philosophie du corps politique, Paris, Seuil, 2015, p. 79. 

  38. Foucault, Michel, Le corps utopique – les hétérotopies, Paris, Éditions Lignes, [1966], 2009. 

  39. Wacquant, Loïc, « Pour une sociologie de chair et de sang », Terrains & travaux, n°26, 2015, p. 239 sq

  40. Despret, Vinciane, Habiter en oiseau, Paris, Acte Sud, 2019. 

  41. Falaix, Ludovic, « Être habité pour demeurer vivant. A propos de l’ouvrage de Jean-Marc Besse-Habiter, un monde à mon image », dans Nature & Récréation, n°5, 2018, p. 91 sq

  42. Hoyaux, André-Frédéric, « Du en tant que au parce que : révélation et dépassement du narcissisme identitaire de l’anthroposcène », dans Nature & Récréation, n°5, 2018, p. 7 sq

  43. Heidegger, Martin, Op.Cit

  44. Arendt, Hannah, Philosophie de l’existence, Paris, Payot, [1930-1954], 2015, p. 77. 

  45. Paquot, Thierry, « La langue pour habiter », dans Sens-Dessous, n°17, 2016, p. 79 sq

  46. Gusdorf, Georges, Mythe et métaphysique, Paris, Flammarion, [1953], 1984. 

  47. Foucault, Michel, Op. Cit

  48. Andrieu, Bernard, Se fondre dans la nature. Figures de la cosmose, Québec, Éditions Liber, 2017. 

  49. Foucault, Michel, Op. Cit

  50. Winnicott, Donald Woods, Jeu et réalité, l’espace potentiel, Paris, Gallimard, [1971], 2004, p.190) 

  51. Besse, Jean-Marc, Habiter. Un monde à mon image, Paris, Flammarion, 2013. 

  52. Escobar, Arturo, « Chapitre 4. Les fondements du design ontologique » dans Autonomie et design : La réalisation de la communalité, Toulouse : EuroPhilosophie Éditions, 2020 [en ligne], généré le 11 octobre 2022. 

  53. Bachelard, Gaston, La poétique de l’espace, Paris, PUF, [1957], 2001. 

  54. Younès, Chris, « L’événement de la ville et l’événement esthétique dans la ville », dans L'Observatoire, n°41, 2012, p. 41 sq

  55. Foucault, Michel, Binswanger et l’analyse existentielle, Paris, Seuil/Gallimard, [1952-1969], 2021, p. 73.